« Oraisons funèbres (Bossuet)/Henriette Anne d’Angleterre, Duchesse d’Orléans » : différence entre les versions

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{{titrePoeme|[[Oraisons funèbres]]|Jacques Bénigne Bossuet|Oraison funèbre de Henriette-Anne d'Angleterred’Angleterre}}
 
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Considérez, Messieurs, ces grandes puissances que nous regardons de si bas. Pendant que nous tremblons sous leur main, Dieu les frappe pour nous avertir. Leur élévation en est la cause ; et il les épargne si peu, qu'ilqu’il ne craint pas de les sacrifier à l'instructionl’instruction du reste des hommes. Chrétiens, ne murmurez pas si Madame a été choisie pour nous donner une telle instruction. Il n'yn’y a rien ici de rude pour elle, puisque, comme vous le verrez dans la suite, Dieu la sauve par le même coup qui nous instruit. Nous devrions être assez convaincus de notre néant : mais s'ils’il faut des coups de surprise à nos cœurs enchantés de l'amourl’amour du monde, celui-ci est assez grand et assez terrible. Ô nuit désastreuse ! ô nuit effroyable, où retentit tout à coup, comme un éclat de tonnerre, cette étonnante nouvelle : Madame se meurt, Madame est morte ! Qui de nous ne se sentit frappé à ce coup comme si quelque tragique accident avait désolé sa famille ? Au premier bruit d'und’un mal si étrange, on accourut à Saint-Cloud de toutes parts ; on trouve tout consterné, excepté le cœur de cette princesse. Partout on entend des cris ; partout on voit la douleur et le désespoir, et l'imagel’image de la mort. Le Roi, la Reine, Monsieur, toute la Cour tout le peuple, tout est abattu, tout est désespéré ; et il me semble que je vois l'accomplissementl’accomplissement de cette parole du prophète : Le roi pleurera, le prince sera désolé, et les mains tomberont au peuple de douleur et d'étonnementd’étonnement.
Mais et les princes, et les peuples gémissaient en vain. en vain Monsieur, en vain le Roi même tenait Madame serrée par de si étroits embrassements. Alors ils pouvaient dire l'un et l'autre, avec saint Ambroise :« Stringebam bracchia, sed jam amiseram quam tenebam : Je serrais les bras, mais déjà j'avais perdu ce que je tenais ». La princesse leur échappait parmi des embrassements si tendres, et la mort plus puissante nous l'enlevait entre ces royales mains. Quoi donc! elle devait périr si tôt! Dans la plupart des hommes les changements se font peu à peu, et la mort les prépare ordinairement à son dernier coup. Madame cependant a passé du matin au soir, ainsi que l'herbe des champs. Le matin, elle fleurissait; avec quelles grâces, vous le savez : le soir, nous la vîmes séchée; et ces fortes expressions par lesquelles l'Ecriture sainte exagère l'inconstance des choses humaines, devaient être pour cette princesse si précises et si littérales!.
 
Mais et les princes, et les peuples gémissaient en vain. en vain Monsieur, en vain le Roi même tenait Madame serrée par de si étroits embrassements. Alors ils pouvaient dire l'unl’un et l'autrel’autre, avec saint Ambroise :« « Stringebam bracchia, sed jam amiseram quam tenebam : Je serrais les bras, mais déjà j'avaisj’avais perdu ce que je tenais » . La princesse leur échappait parmi des embrassements si tendres, et la mort plus puissante nous l'enlevaitl’enlevait entre ces royales mains. Quoi donc ! elle devait périr si tôt ! Dans la plupart des hommes les changements se font peu à peu, et la mort les prépare ordinairement à son dernier coup. Madame cependant a passé du matin au soir, ainsi que l'herbel’herbe des champs. Le matin, elle fleurissait ; avec quelles grâces, vous le savez : le soir, nous la vîmes séchée ; et ces fortes expressions par lesquelles l'Ecriturel’Ecriture sainte exagère l'inconstancel’inconstance des choses humaines, devaient être pour cette princesse si précises et si littérales !.