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la Rochefoucauld, Alexandre de Lameth et quelques autres, – se concertaient déjà en secret sur l'attitude à prendre vis-à-vis de la jacquerie. Ils avaient compris que l'unique moyen de sauver les droits féodaux était de sacrifier les droits honorifiques et les prérogatives de peu de valeur, et de demander le rachat par les paysans des redevances féodales attachées à la terre et ayant une valeur réelle. Ils chargèrent le duc d'Aiguillon de développer ces idées. Et c'est ce qui fut fait par le vicomte de Noailles et le duc d'Aiguillon.

Depuis le commencement de la Révolution, les campagnes avaient demandé l'abolition des droits féodaux
[1]. Maintenant, disaient les deux porte-paroles de la noblesse libérale, les campagnes, mécontentes de ce que rien n'avait été fait pour elles depuis trois mois, s'étaient révoltées ; elles ne connaissaient plus de frein, et il fallait choisir en ce moment « entre la destruction de la société et certaines concessions. » Ces concessions, le vicomte de Noailles les formulaient ainsi : l'égalité des individus devant l'impôt, payé dans la proportion des revenus ; toutes les charges publiques supportées par tous ; «tous les droits féodaux rachetés par les communautés» (villageoises) d'après la moyenne du revenu annuel, et enfin «l'abolition sans rachat des corvées sei-

  1. « Les signes de transport et d'effusion des sentiments généreux dont l'Assemblée présentait le tableau, plus vif et plus animé d'heure en heure, n'ont pu qu'à peine laisser le temps de stipuler les mesures de prudence avec lesquelles il convenait de réaliser ces projets salutaires, votés par tant de mémoires, d'opinions touchantes et de vives réclamations dans les assemblées provinciales, dans les assemblées de bailliage et dans les autres lieux où les citoyens avaient pu se réunir depuis dix-huit mois. »