« Les Premières Armes du symbolisme » : différence entre les versions

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'''AVANT-PROPOS DE L’ÉDITEUR'''
 
 
Le Symbolisme a désormais sa place marquée dans l’histoire littéraire de notre pays. Il est, avec le Romantisme, la plus sérieuse manifestation d’art au dix-neuvième siècle. Dans les journaux, une multitude d’articles, les uns hostiles, les autres sympathiques, témoignent de sa vitalité. Le « Dictionnaire Larousse », la « Nouvelle Revue », la « Revue des Deux-Mondes », s’en enquèrent.
 
Il nous a semblé intéressant de reconstituer les aspects des primes batailles symbolistes. En ce dessein, nous nous adressâmes à M. Jean Moréas, pour qu’il nous autorisât à {{tiret|auto|risât}}
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{{tiret2|auto|risât}} à réimprimer certains de ses manifestes, lesquels, on s’en souvient, eurent un grand retentissement, il y a quelques années. L’auteur des « Cantilènes » a bien voulu faire accueil à notre placet, dans une lettre pleine de verve, que le lecteur lira ci-après.
 
Des extraits de chroniques dues à MM. Paul Bourde et Anatole France, complètent cette brochure qui sera, nous osons l’espérer, un régal pour les curieux de lettres.
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L. V.
 
{{—}}
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''Lettre de Jean Moréas à Léon Vanier.''
 
Lettre
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de Jean Moréas à Léon Vanier.
 
 
Paris, le 16 avril 1889.
 
{{sc|Mon cher Éditeur}},
MON CHER ÉDITEUR,
 
Pour compléter vos publications documentaires sur le Symbolisme, vous voulez réimprimer les articles que je fis paraître au moment même des premières controverses.
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Il y a là-dedans des choses que je ne pense plus qu’à demi ; des affirmations qui ne laissent que de m’inquiéter. J’aurais pu additionner de notules certains paragraphes ; mais passons, car je dirai prochainement toute ma pensée sur la matière, en tête de l’œuvre qui occupe mes heures présentes. Néanmoins, je voudrais rectifier un passage de ma lettre à M. Anatole France ; (c’est là, question de sentiment). J’y disais : J’admire Baudelaire tout en estimant Lamartine. Il est probable qu’un artifice de bien dire m’induisit à cette assertion, car, à la vérité, il me semble avoir toujours admiré Lamartine autant que Baudelaire, je n’ose pas ajouter davantage. Voilà un aveu sincère, et M. France pourrait à son tour me faire grâce de torcol et bardocucule, deux bons vieux mots que j’ai employés quelque part et qui l’irritent. Pourtant torcol est net et bien formé, quant à bardocucule, il signifie la mante à capuchon des anciens Gaulois : une vestiture nationale, que diable !
 
C’est votre Petite Glossaire, qui me vaut ces disputes, et vous allez encore, mon cher Vanier, me faire traiter, par la réimpression de ces articles, de sectaire. Tant pis ! Depuis la Pléiade jusques aux Romantiques, jusques aux Naturalistes, jusques aux Symbolistes, si les poëtes, les dramaturges et les romanciers, sont condamnés au stérile et périlleux labeur des préfaces et autres argumentations, {{tiret|argumen|tations}}
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{{tiret2|argumen|tations}}, c’est bien la faute à la courte-vue, à la mauvaise foi, aux dédains gourmés de la critique officielle.
 
Des gens malins m’ont fait observer que le Symbolisme n’est pas une découverte, qu’il a toujours existé. Ils sont bien bons ! Ai-je jamais prétendu le contraire ? Mais, n’avons-nous pas depuis tantôt vingt ans, un art qui renie systématiquement l’Idéal, qui fait de la description matérielle son but immédiat, remplace l’étude de l’âme par la sensation, se racornit dans le détail et l’anecdote, s’inébrie de platitude et de vulgarité ? Cet art exista de tout temps, il peut produire et il a produit des œuvres intéressantes. C’est un art que j’appellerai moyen, une manifestation subalterne de l’esprit créateur. Et voilà que le faquin prétend usurper la place du maître. C’est contre cet art moyen, contre ce parvenu que le Symbolisme proteste.
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Je vous serre la main, mon cher Vanier.
 
{{sc|Jean}} MORÉAS.
JEAN MORÉAS.
 
{{—}}
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LES
 
Premières Armes du Symbolisme
LES PREMIÈRES ARMES DU SYMBOLISME
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I
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………………………………………… Tandis que le Naturalisme essaye vainement de casser les ailes à la fantaisie et de mettre l’imagination sous clef, la fantaisie s’enfonce dans le pays des rêves d’un vol fou et l’imagination vagabonde dans les plus étranges sentiers. Jamais on n’aura mieux vu combien l’esprit humain est incompressible, et combien il est chimérique de prétendre l’enfermer dans les règles étroites d’un système qu’à notre époque,
=== no match ===
où à côté d’une brillante école de romanciers uniquement épris de réalités, s’est formée une école de poètes réfugiés, comme le savant de Hawthorne en sa serre, dans un monde absolument artificiel. Point d’antithèse plus tranchée.