« Nouvelle Continuation des Amours (1556) » : différence entre les versions

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==XXXIX L' Alouette==
<poem>HE Dieu, que je porte d’envie
Aux felicitez de ta vie,
Alouette, qui de l’amour
Caquettes dés le poinct du jour,
Secouant la douce rosée
En l’air, dont tu es arrosée.
Davant que Phebus soit levé
Tu enleves ton corps lavé
Pour l’essuyer pres de la nue,
Tremoussant d’une aile menue:
Et te sourdant à petits bons,
Tu dis en l’air de si doux sons
Composez de ta tirelire,
Qu’il n’est amant qui ne desire
Comme toy devenir oyseau,
Pour desgoiser un chant si beau:
Puis quand tu es bien eslevée,
Tu tombes comme une fusée
Qu’une jeune pucelle au soir
De sa quenouille laisse choir,
Quand au fouyer elle sommeille,
Frappant son sein de son oreille:
Ou bien quand en filant le jour
Voit celui qui luy fait l’amour
Venir pres d’elle à l’impourveue,
De honte elle abaisse la veue,
Et son tors fuseau delié
Loin de sa main roule à son pié.
Ainsi tu roules, Alouette,
Ma doucelette mignonnette,
Qui plus qu’un rossignol me plais
Chantant par un taillis espais.
Tu vis sans offenser personne,
Ton bec innocent ne moissonne
Le froment, comme ces oyseaux
Qui font aux hommes mille maux,
Soit que le bled rongent en herbe,
Ou soit qu’ils l’egrenent en gerbe:
Mais tu vis par les sillons verds,
De petits fourmis et de vers:
Ou d’une mouche, ou d’une achée
Tu portes aux tiens la bechée,
Ou d’une chenille qui sort
Des fueilles, quand l’Hyver est mort.
A tort les mensongers Poëtes
Ont mal faint que vous, Alouettes
D’avoir vostre pere haï
Jadis jusqu’à l’avoir trahi,
Coupant de sa teste Royale
La blonde perruque fatale,
Dans laquelle un crin d’or portoit
En qui toute sa force estoit.
Mais quoy! vous n’estes pas seulettes
A qui les mensongers Poëtes
Ont fait grand tort: dedans le bois
Le Rossignol à haute vois
Caché dessous quelque verdure
Se plaint d’eux, et leur dit injure.
Si fait bien l’Arondelle aussi
Quand elle chante son cossi.
Ne laissez pas pourtant de dire
Mieux que devant la tirelire,
Et faites crever par despit
Ces menteurs de ce qu’ils ont dit.
Ne laissez pour cela de vivre
Joyeusement, et de poursuivre
A chaque retour du Printemps
Vos accoustumez passetemps
Ainsi jamais la main pillarde
D’une pastourelle mignarde
Parmi les sillons espiant
Vostre nouveau nid pepiant,
Quand vous chantez ne le desrobe
Ou dans son sein ou dans sa robe.
Vivez oiseaux et vous haussez
Tousjours en l’air, et annoncez
De vostre chant et de vostre aile
Que le Printemps se renouvelle. </poem>
 
==XL Le Gay==