« Les Œuvres poétiques de M. Bertaut » : différence entre les versions

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==__MATCH__:[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/73]]==
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/73]]==
 
<poem>
Ligne 15 ⟶ 16 :
Jettez des cris de joye, et chantez qu’aujourd’huy
La mort de vostre mort daigne naistre sur terre.
Aujourd’
Aujourd’huy le monarque et sauveur des humains
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/74]]==
<poem>
huy le monarque et sauveur des humains
Fait son entree au monde, apportant en ses mains
Les sainctes clefs du ciel pour en ouvrir les portes :
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Car il ne cesse pas d’estre ce qu’il estoit,
Mais ce qu’il n’estoit point il commence de l’estre.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/75]]==
<poem>
Il commence d’estre homme, et reste tousjours Dieu,
Cachant pour nostre bien dedans ce pauvre lieu
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Aussi sont tes conseils un abysme infiny,
Que ne sçauroit sonder nulle humaine prudence.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/76]]==
<poem>
Bien semble-il convenable aux loix de la raison,
Que celuy qui nous vient affranchir de prison,
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Et que tout icy bas s’encline à ses genoux :
Allumant ses desirs d’une flamme si sainte,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/77]]==
<poem>
Qu’espris de ton amour, et guidé par ta crainte,
Il regne sur soy-mesme en regnant dessus nous.
Ligne 134 ⟶ 148 :
Las ! Seigneur, sois sa garde entre tant d’adversaires :
Son royaume à jamais fameux par ses miseres
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/78]]==
<poem>
Aux traicts de ton courroux a trop servy de blanc.
Prens pitié de nos maux : esteins les vives flames
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Rens tous ses ennemis vaincus par son courage,
Faisant voir leurs pourtraits couchez sous son image
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/79]]==
<poem>
Dans les arcs triomphaux à sa gloire construits :
Estens son pied vainqueur sur leurs testes captives :
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Useray-je ma vie en ces tristes allarmes ?
N’esteindras-tu jamais ton courroux en mes larmes ?
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/80]]==
<poem>
Flambera-t’il sans cesse au milieu de ton cœur ?
Veux-tu rendre ma mort aux vivants effroyable ?
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N’arme plus ta rigueur contre sa mauvaistié.
Si ma cause n’est juste, ô seigneur rends la telle :
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/81]]==
<poem>
Ou m’absous par ta grace, ou permets que j’appelle
De toy plein de vengeance à toy plein de pitié.
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Grand soleil de justice, inaccessible flame,
Verse avec tes rayons ta lumiere en mon ame,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/82]]==
<poem>
Meslant de quelques jours ses eternelles nuits :
Et calmant de mon cœur les civiles discordes,
Ligne 285 ⟶ 314 :
Se plaindre de sentir des ennuis et des peines,
C’est se plaindre d’estre homme et non arbre ou rocher.
Un
Un cœur qui magnanime à soy-mesme commande
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/83]]==
<poem>
cœur qui magnanime à soy-mesme commande
Souvent fait que son mal en bien se convertit :
Une douleur n’estant ny petite ny grande,
Ligne 319 ⟶ 352 :
Vueilles tant seulement, toy vers qui je souspire,
Croistre ma patience au tourment qui me poind,
A fin
A fin que de ce mal quelque bien je retire,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/84]]==
<poem>
que de ce mal quelque bien je retire,
Et que ce qui te plaist ne me desplaise point.
Armé de ta fureur je feray resistance
Ligne 346 ⟶ 383 :
D’un volontaire oubly noye en sa souvenance
Les torts qu’il a receus, et les biens qu’il a faits.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/85]]==
<poem>
Qui ne pouvant du corps s’esloigner de la pompe
Des folles vanitez dont le lustre nous trompe,
Ligne 376 ⟶ 416 :
Il voit à tous moments l’espouventable image
De l’eternelle mort errer devant son oeil.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/86]]==
<poem>
Ny pompe, ny grandeur, ny gloire, ny puissance
Ne sçauroient destourner le glaive de vengeance
Ligne 407 ⟶ 450 :
Comme en l’unique autheur de sa saincte allegresse,
Car toy seul en ses maux as esté son support,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/87]]==
<poem>
Et toy seul le sauvant l’as conduit dans le port
Ou nul ne peut surgir s’il ne t’a pour adresse.
Ligne 437 ⟶ 483 :
Sans attendre d’ailleurs son salut ny sa gloire :
Elle seule es perils luy monstre ton secours :
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/88]]==
<poem>
Le remplit d’asseurance, et fait qu’il est tousjours
Moins certain du combat, qu’il n’est de la victoire.
Ligne 470 ⟶ 519 :
Ton amour dans le cœur, et ton los en la bouche.
 
CANTIQUE PSEAUME 143
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/89]]==
<poem>
PSEAUME 143
 
Benist soit le seigneur, le grand dieu des armees,
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Seigneur, baisse ton ciel, et tout ceint de tonnerres
Descends en ta fureur sur ces maudites terres.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/90]]==
<poem>
Où mille impietez provoquent ton courroux :
Frape les plus hauts monts des armes de ton ire,
Ligne 532 ⟶ 588 :
Que la paix de mon sceptre appartient à ta gloire,
Comme un nouveau miracle où reluit ton pouvoir.
Persevere, seigneur, ne baille point ma vie
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/91]]==
<poem>
ne baille point ma vie
En pillage au tyran qui l’a tant poursuivie :
Mais, comme il nous a faict, le faisant souspirer,
Ligne 562 ⟶ 622 :
Les dames en tout temps superbement parees
S’enflent d’un doux orgueil regardant le miroir.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/92]]==
<poem>
L’abondance y demeure et ses douces compagnes :
Mille et mille troupeaux en couvrent les campagnes
Ligne 589 ⟶ 652 :
Que la flame barbare en cendre avoit reduite,
Rendans nos plus saincts lieux deserts et desolez.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/93]]==
<poem>
Nos cantiques de joye où Dieu daignoit se plaire,
Entre tant de douleurs condamnez à se taire
Ligne 625 ⟶ 691 :
De ceux qui sans pitié nous tiennent en servage,
Les faisant de nos maux nous mesmes triompher ?
Ô
Ô Sion, ô sainct temple autrefois nostre gloire,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/94]]==
<poem>
Sion, ô sainct temple autrefois nostre gloire,
Maintenant la douleur dont ma triste memoire
Va, comme d’un cousteau, mon ame outreperçant,
Ligne 657 ⟶ 727 :
Et toy, fiere Badel, superbe vainqueresse,
Bien-heureux soit celuy dont la main vengeresse,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/95]]==
<poem>
Ainsi que tu nous fais, te faisant lamenter,
Baillera tes corps morts aux corbeaux pour pasture
Ligne 680 ⟶ 753 :
Et tout ce qui s’enferme en l’une et l’autre sphere
Est l’œuvre d’un seul mot que sa bouche anima.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/96]]==
<poem>
Il a prescrit des loix à la nature mesme,
Qu’en tremblant elle observe et craint d’outrepasser :
Ligne 714 ⟶ 790 :
Animaux qui paissez la plaine verdoyante,
Et vous que l’air supporte, et vous qui serpentans
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/97]]==
<poem>
Vous trainez apres vous d’une échine ondoyante,
Naissez, vivez, mourez, sa loüange exaltans.
Ligne 746 ⟶ 825 :
Soit à jamais sa gloire en nostre ame adoree,
Soit à jamais son nom par nos chants celebré :
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/98]]==
<poem>
Soit l’honneur de son loz d’eternelle duree,
Mesme apres l’univers en pieces demembré.
Ligne 769 ⟶ 851 :
Voy, seigneur, voy du ciel mon esprit qui se pasme
Sous l’horreur du tourment :
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/99]]==
<poem>
Regarde moy malade et du corps et de l’ame,
Pour me donner santé plustost que chastiment :
Ligne 796 ⟶ 881 :
Une image de mort, un fantosme de cendre
Qui suis au lieu d’esprit de douleur animé :
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/100]]==
<poem>
Ma bouche incessamment ouverte aux tristes plaintes
Ne fait que souspirer :
Ligne 825 ⟶ 913 :
Le pecheur justifie et le prend à mercy.
 
CANTIQUE FORME DE CONFESSION
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/101]]==
<poem>
FORME DE CONFESSION
 
L’ennuy qui rend mes yeux si fertiles en larmes
Ligne 853 ⟶ 945 :
De venimeux serpents j’en ay faict un repaire,
D’un impudique feu j’ay bruslé ses parvis :
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/102]]==
<poem>
Mis l’idole de Baal dedans son sanctuaire,
Et tout ses saincts vaisseaux prophanez et ravis.
Ligne 887 ⟶ 982 :
Et tant d’iniquitez accompagnent ma vie,
Qu’on peut dire, qu’en moy vivre c’est t’offenser.
Et je
Et je vy cependant, moy dont l’ingrate audace
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/103]]==
<poem>
vy cependant, moy dont l’ingrate audace
Devroit pour chastiment mille morts recevoir :
Et j’ose cependant lever encor la face
Ligne 914 ⟶ 1 013 :
Et que le cœur des rois est vrayment en sa main,
Comme le gouvernail en celle du pilote.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/104]]==
<poem>
C’est luy seul qui touchant l’esprit d’un si grand roy,
Quand moins on l’attendoit, l’a fait venir à soy
Ligne 948 ⟶ 1 050 :
Apres l’illusion qu’elle a trente ans suivie,
Par l’ombre de la mort laissant errer ses pas
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/105]]==
<poem>
Sans la guide qui seule aux mortels d’icy bas
Enseigne et la lumiere, et la voye, et la vie !
Ligne 980 ⟶ 1 085 :
Delivrant son esprit de ses charmes passez,
Et du champ de son ame arrachant ceste yvraye.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/106]]==
<poem>
Puissent mille succés parfaitement heureux
Desormais témoigner à ce cœur genereux
Ligne 1 011 ⟶ 1 119 :
Seul merite icy bas l’honneur de l’entreprendre :
N’appartenant à nul d’entre tous les humains,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/107]]==
<poem>
Sinon à quelque Apelle, et non à d’autres mains,
D’oser pourtraire au vif un second Alexandre.
Ligne 1 047 ⟶ 1 158 :
Et ces autres rayons de vertu plus commune :
Je tais mesme ces traits d’invincible bon-heur,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/108]]==
<poem>
Comme fruits ou non moins au succés qu’en l’honneur,
Vostre vertu partage avec vostre fortune.
Ligne 1 079 ⟶ 1 193 :
Gaignant tout, charmant tout, et conjoignant en vous
À l’Hercule des grecs celuy mesme des gaules.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/109]]==
<poem>
Mais premier que mes chants mes ans s’acheveroient,
Si les vers de cet hymne en chantant honoroient
Ligne 1 116 ⟶ 1 233 :
Celuy qui vous fait vaincre au milieu des batailles.
 
AU
AU ROY CONVIER REVENIR A PARIS
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/110]]==
<poem>
ROY CONVIER REVENIR A PARIS
 
Vous qui comme Persee, avec la sage ruse
Ligne 1 146 ⟶ 1 267 :
Tant chacun aime à voir revivre en vostre vie
Les fameuses vertus des grands rois vos ayeux :
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/111]]==
<poem>
Et bien doit-elle aimer l’honneur de voir reluire
L’astre qui luy faisant sa douceur esprouver,
Ligne 1 182 ⟶ 1 306 :
Certain que qui sçait bien se vaincre en sa victoire,
Est vrayment invincible, et doublement vainqueur ?
Je
Je ne sçaurois plus voir la pompe de mes temples,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/112]]==
<poem>
ne sçaurois plus voir la pompe de mes temples,
Ny l’aise de mon peuple en mon sein fourmillant,
Sans voir luire à mes yeux cent glorieux exemples
Ligne 1 218 ⟶ 1 346 :
Non pour ceux qui conduits d’une impie esperance,
Arment d’ingrats desseins leurs desirs insensez.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/113]]==
<poem>
Ayez escrit au cœur d’une encre perdurable,
Que tout vice fleurit sous un prince trop doux :
Ligne 1 254 ⟶ 1 385 :
Ces malheurs fourniront d’ailes à vostre gloire
Pour s’élever de terre et voller dans les cieux.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/114]]==
<poem>
 
SUR LA REDUCTION D’AMIENS
Ligne 1 285 ⟶ 1 419 :
Et que ceste valeur qui contre tout effort
Nous remplissoit d’espoir, nous a remplis de creinte !
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/115]]==
<poem>
Qu’on nous a veus souvent pallir au moindre bruit
Qui d’un sanglant combat nous depeignoit l’image,
Ligne 1 317 ⟶ 1 454 :
Et ce qui nous touchoit comme simples sujects,
Vous touchoit comme sœur aimante et bien aimee.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/116]]==
<poem>
C’est pourquoy maintenant qu’il retourne vainqueur,
La joye et le plaisir qui vos larmes essuye
Ligne 1 349 ⟶ 1 489 :
Et qu’à fin de tromper les sacrileges mains
Nul Namure icy bas n’a rien fait de semblable :
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/117]]==
<poem>
Remply pour luy le ciel d’oraisons et de vœux,
Puis qu’avec le devoir le besoin t’y convie,
Ligne 1 376 ⟶ 1 519 :
Seul entre tous les grands a remporté la gloire
De soubmettre à l’amour cet esprit genereux :
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/118]]==
<poem>
L’arc que revere és bois la plus fiere napee
Ne se pouvant courber sous l’amoureuse loy,
Ligne 1 408 ⟶ 1 554 :
La beauté devant-elle est presque sans soy-mesme,
Et les graces sans grace, et Venus sans appasts,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/119]]==
<poem>
Son estre estant tissu d’une si rare trame,
Qu’on doute qui des deux a des charmes plus forts,
Ligne 1 440 ⟶ 1 589 :
Faites qu’ainsi vos cœurs atteints de mesmes fleches
Unissent à jamais leurs saincts et chastes feux.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/120]]==
<poem>
Soyez, en bien aymant, l’exemple qui l’incite
À faire que le sien croisse de jour en jour :
Ligne 1 474 ⟶ 1 626 :
Mais ce sont des effects que son bon-heur enfante :
Et c’est plus qu’à bon droict, qu’apres tant de hazards,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/121]]==
<poem>
Où l’Amour fut armé, Junon est triomphante :
Ainsi devoit Diane estre conjointe à Mars.
Ligne 1 509 ⟶ 1 664 :
Sinon un successeur du tout semblable à luy.
 
SUR
SUR NAISSANCE DAUPHIN
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/122]]==
<poem>
NAISSANCE DAUPHIN
 
Nos vœux sont exaucez, la France est satisfaite :
Ligne 1 537 ⟶ 1 696 :
Aussi bien ta naissance et la voix des oracles
Obligent ton espee à d’estranges miracles,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/123]]==
<poem>
Imitant ce grand roy ta gloire et nostre appuy :
Car sa rare valeur n’ayant point de pareille,
Ligne 1 573 ⟶ 1 735 :
Ainsi sembles-tu dire en ton muet langage :
Et tout ce grand royaume, à qui tu sers de gage
Du
Du repos que le ciel luy promet desormais,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/124]]==
<poem>
repos que le ciel luy promet desormais,
Secondant de ses vœux la fin de tes paroles,
Monstre en des cris de joye atteignans jusqu’aux poles,
Ligne 1 605 ⟶ 1 771 :
Ce royal enfançon apporte quand et soy ?
Il fait qu’en doux repos ton estat se maintienne :
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/125]]==
<poem>
Dés qu’il reçoit la vie il asseure la tienne,
Et te rend en naissant le bien qu’il a de toy.
Ligne 1 639 ⟶ 1 808 :
Qu’en escoutant les cris des ames les plus viles,
Beny, chery de tous il se rende inutiles
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/126]]==
<poem>
Les gardes dont ses flancs seront ceints nuit et jour :
Lisant és accidents dont la vie est feconde
Ligne 1 675 ⟶ 1 847 :
Et toy repose en paix dessus un lict de palmes,
Roy de qui les labeurs rendans nos troubles calmes
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/127]]==
<poem>
Font maintenant sous toy reposer tant d’esprits :
Et que ce doux sommeil dont apres la victoire
Ligne 1 704 ⟶ 1 879 :
Pour regle et pour exemple aux soings de nostre roy :
Fay que l’heur de ton regne en son regne fleurisse :
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/128]]==
<poem>
Et donne au fils du roy pour guide ta justice,
Afin que tous ses pas cheminent en ta loy.
Ligne 1 740 ⟶ 1 918 :
Des immortelles fleurs dont la paix est le fruit :
Et le feras regner, que la lune argentee
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/129]]==
<poem>
Ne versant plus ça bas sa lumiere empruntee,
Cessera d’estre au ciel le soleil de la nuit.
Ligne 1 772 ⟶ 1 953 :
Tellement que leur bien naissant de leur misere,
Ce sera leur bon-heur que manquer de support.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/130]]==
<poem>
Il bannira de luy le traistre et le perfide :
Vengera sans pitié sur la dextre homicide
Ligne 1 802 ⟶ 1 986 :
Car mesme, quand l’ingrat ou la taist, ou l’oublie,
Sa propre ingratitude éleve ta bonté.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/131]]==
<poem>
 
PARAPHRASE PSEAUME 43
Ligne 1 831 ⟶ 2 018 :
D’autres roys, dont la pompe enrichit les habits,
Flambent de diamants alliez aux rubis,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/132]]==
<poem>
D’or, et de broderie en cent lieux parsemee :
Mais ce qui n’est point d’eux est seul prisable en eux :
Ligne 1 865 ⟶ 2 055 :
Qui t’approche sans craindre, ignore ta grandeur ;
Mais qui t’approche en crainte, ignore ta clemence.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/133]]==
<poem>
Aussi, Dieu t’élizant entre les plus grands rois
Comme l’appuy futur des vertus et des loix,
Ligne 1 901 ⟶ 2 094 :
Elle ayme ta valeur, toy son cœur genereux :
Sa grandeur est en toy, ta richesse est en elle.
Ô
Ô belle et chaste royne, exemple de nos jours,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/134]]==
<poem>
belle et chaste royne, exemple de nos jours,
Preste un peu maintenant l’oreille à mes discours,
Et la sage faveur de ceste ame royale,
Ligne 1 933 ⟶ 2 130 :
Ny les perles ny l’or qui par tant de dangers
Font voller nos vaisseaux aux havres estrangers,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/135]]==
<poem>
Ny les plus riches dons qu’en leurs bords on amasse,
Ne te manqueront point des princes plus fameux,
Ligne 1 967 ⟶ 2 167 :
Tu te donnas à luy, tu le ravis à soy ;
T’en trouvant conquerante, aussi bien que conquise.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/136]]==
<poem>
Mais l’heur qui rendoit lors ton esprit plus content
N’estoit qu’un avant-jeu de celuy qui t’attend,
Ligne 1 992 ⟶ 2 195 :
Estre un jour sous mes chants l’echo de vos loüanges.
 
HYMNE
HYMNE DU ROY A DUC DE MONPENSIER
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/137]]==
<poem>
DU ROY A DUC DE MONPENSIER
 
Entre tant de grands rois que l’univers admire,
Ligne 2 018 ⟶ 2 225 :
Ains de quelque ange sainct d’un corps d’homme vestu,
Pour monstrer aux mortels les pas de la vertu :
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/138]]==
<poem>
M’émerveillant de voir que parmy tant de vices
De qui les grandes courts sont fatales nourrices,
Ligne 2 052 ⟶ 2 262 :
Que la main tout-puissante épandant sur leur face
Une douce terreur qui les vices menace,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/139]]==
<poem>
Et comblant de bon-heur leurs villes et leurs champs,
Les bons craignent pour eux, et sont craints des méchans.
Ligne 2 087 ⟶ 2 300 :
À ceux dont les rameaux ont maint lustre conté :
L’air qui rit à l’entour, et les astres propices
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/140]]==
<poem>
Monstrans que Dieu reçoit et benit leurs premices :
De mesme, sa vertu produisoit des effects
Ligne 2 122 ⟶ 2 338 :
Il le fit bien paroistre à ces princes mutins,
Qui faisans peu de cas de ses ans enfantins,
Et jugeans ses pensers pareils à ses annees,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/141]]==
<poem>
ses pensers pareils à ses annees,
Troubloient tout son estat de rebelles menees,
Munissoient contre luy ses villes et ses forts,
Ligne 2 160 ⟶ 2 380 :
Rechercher et trouver en la bonté royale
Ce que merite mal une ame desloyale.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/142]]==
<poem>
Quel effect de valeur, quel mépris des dangers
Ce prince fit-il voir aux peuples estrangers
Ligne 2 192 ⟶ 2 415 :
Cependant que son camp imitant son courage
Gaigne avecques le fer le reste du passage.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/143]]==
<poem>
L’ennemy s’estonnant d’un trait si valeureux,
Prévoit bien que ce jour luy sera malheureux :
Ligne 2 226 ⟶ 2 452 :
Qui pourroit raconter, qui pourroit taire aussi
Les illustres vertus dont son los éclaircy
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/144]]==
<poem>
Fist par tout l’univers resplendir sa lumiere,
Apres que les broüillas de la saison premiere
Ligne 2 260 ⟶ 2 489 :
Et sur l’idolatrie à jamais estoufee
Dresser un triomphant et glorieux trophee.
Bruslant
Bruslant de ce desir il planta par deux fois
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/145]]==
<poem>
de ce desir il planta par deux fois
Sur les bords africains l’estendart de la croix :
Donna sa vie en proye aux hazards de la guerre :
Ligne 2 294 ⟶ 2 527 :
Il faudroit que la main d’un plus divin esprit
Avec un fil tout d’or cet ouvrage entreprit.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/146]]==
<poem>
Quant à moy, rejettant l’orgueilleuse esperance
Qui nous vient d’ignorer nostre propre ignorance,
Ligne 2 332 ⟶ 2 568 :
Des jugemens divins, le vice et l’ignorance
De ceux qu’il choisiroit dans les parcs de la France,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/147]]==
<poem>
Pour bergers des troupeaux soubmis à son pouvoir :
Quand son devoir royal l’obligeoit d’y pourvoir,
Ligne 2 366 ⟶ 2 605 :
Avec l’heureux succez que doivent desirer
Ceux qui cherchent à voir la gloire en prosperer.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/148]]==
<poem>
Il faut qu’à la vertu le scavoir se marie
Pour dignement regir sa saincte bergerie.
Ligne 2 400 ⟶ 2 642 :
Mais la seule faveur, sous une robbe feinte,
Regner és jugemens sur la raison esteinte :
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/149]]==
<poem>
La justice au palais sa balance employer
A peser, non le droit, mais l’argent du loyer :
Ligne 2 438 ⟶ 2 683 :
Par luy l’integrité vivoit dans les esprits :
Et par luy les arrests cessans lors d’estre à prix,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/150]]==
<poem>
Au lieu que maintenant la faveur les prophane,
C’estoient des voix de Dieu dont l’homme estoit l’organe.
Ligne 2 472 ⟶ 2 720 :
Dont sa vie attaquee avoit esté contrainte
D’opposer à la mort une mortelle attainte :
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/151]]==
<poem>
L’autre estoit chastié par un fer rougissant
Qui du blasphemateur la langue outre-perçant,
Ligne 2 510 ⟶ 2 761 :
Ô cœurs de diamant, ce roy plein de bonté
Eloignoit bien ses pas de vostre cruauté :
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/152]]==
<poem>
Car souvent descendant du plus haut de son thrône
Pour semer et cueillir les saincts fruicts de l’aumône,
Ligne 2 546 ⟶ 2 800 :
Car quant à la despense ornant la dignité
Qui d’un estat royal soustient la majesté,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/153]]==
<poem>
Il ne la puisoit point dans une autre fontaine
Qu’au surgeon eternel de son juste domaine :
Ligne 2 584 ⟶ 2 841 :
Pressans lors de tributs leurs esclaves provinces,
Prononçoit en courroux ce prince des bons princes ?
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/154]]==
<poem>
Reprenons, reprenons le fil de nostre chant :
Laissons à part le vice, et plustost le cachant
Ligne 2 620 ⟶ 2 880 :
Que les rois furent faits pour les peuples du monde,
Non les peuples pour eux : et si la terre et l’onde
Adore
Adore leur grandeur, des loix l’unique appuy :
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/155]]==
<poem>
leur grandeur, des loix l’unique appuy :
Que l’oreille d’un roy n’est point vrayment à luy,
Mais à la voix du peuple, et des ames qui vivent
Ligne 2 657 ⟶ 2 921 :
Des tyrans plus fameux, qui par fieres menaces,
Et par tout ce qu’au monde a jamais inventé
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/156]]==
<poem>
D’effroyable aux humains l’humaine cruauté,
Retenoient leurs sujets de reprendre leur vie,
Ligne 2 692 ⟶ 2 959 :
Où d’un si liberal et si juste partage
Dieu distribue aux siens le celeste heritage !
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/157]]==
<poem>
Ce qu’on dit d’Alexandre honorant les beaux vers
Dont les graces d’Homere ont charmé l’univers,
Ligne 2 730 ⟶ 3 000 :
Or est-ce d’un monarque et si juste et si bon
Qu’est derivé le sang des princes de Bourbon,
Ceste
Ceste illustre famille, aux vertus si bien nee,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/158]]==
<poem>
illustre famille, aux vertus si bien nee,
Qui depuis deux cens ans de lauriers couronnee,
Levant plus haut son chef le ceint à ceste fois
Ligne 2 764 ⟶ 3 038 :
Qui comme deux soleils luisent entre les princes,
Sont cogneus pour leur gloire és estranges provinces.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/159]]==
<poem>
Bon roy, premier autheur d’un si genereux sang,
Qu’une heureuse victoire assied au noble rang
Ligne 2 784 ⟶ 3 061 :
Afin qu’à l’advenir les plus grands de la terre
Les reverent en paix et les craignent en guerre.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/160]]==
<poem>
C’est la faveur d’un bien que tu peux obtenir
De ce bien souverain d’où tout bien doit venir,
Ligne 2 822 ⟶ 3 102 :
Mais quand pour le respect du publique bon-heur
Je ne concevrois point ces vœux en son honneur,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/161]]==
<poem>
L’eternel souvenir des bien-faits que ma vie
Reçoit de sa grandeur, jour et nuict me convie
Ligne 2 856 ⟶ 3 139 :
Par le plus vaillant roy qui vestit onc les armes,
Decorant leur ruine en console les larmes.
J’
J’aurois le cœur de marbre et l’estomach de fer,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/162]]==
<poem>
aurois le cœur de marbre et l’estomach de fer,
Si l’ingrate oubliance y pouvoit estoufer
Le vivant souvenir de la faveur extréme
Ligne 2 890 ⟶ 3 177 :
D’un brutal assassin osa percer le flanc
D’une lame trempee en l’infernal estang :
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/163]]==
<poem>
Lors que je m’abysmois dans la fureur de l’onde :
Que nul astre pour moy n’éclairoit plus au monde,
Ligne 2 924 ⟶ 3 214 :
Par le rare bienfait dont juste et favorable
Tu t’es rendu ma vie à jamais redevable ?
Ô genereux esprits ; je crain que m’en taisant,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/164]]==
<poem>
crain que m’en taisant,
Pour me voir sans espoir d’orner en bien-disant
Ceste extreme bonté d’une loüange égale,
Ligne 2 958 ⟶ 3 252 :
Et n’eternisois point, autant qu’il est en moy,
Les royales vertus qui florissent en toy :
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/165]]==
<poem>
Afin de témoigner qu’un si digne Mecene
N’a point semé du bien dans une ingrate arene,
Ligne 2 994 ⟶ 3 291 :
Qui brusle d’un desir plus fidelle à son roy :
Qui mieux prouve aux esprits se fians en sa foy
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/166]]==
<poem>
Que peut l’integrité de prudence ennoblie :
Qui ses propres bien-faits plus promptement oublie :
Ligne 3 028 ⟶ 3 328 :
Il fait qu’elle est au ciel en lettres d’or escrite,
Et moins il la desire, et plus il la merite.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/167]]==
<poem>
Mais j’allongerois trop le fil de ce discours,
Et pour finir mon chant mes ans seroient trop cours,
Ligne 3 066 ⟶ 3 369 :
Autant qu’un homme peut la vertu reverer,
Et sans idolatrie un autre homme adorer.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/168]]==
<poem>
 
A MONSEIGNEUR CARDINAL BOURBON
Ligne 3 095 ⟶ 3 401 :
Du reste de la France horriblement chassee
Par le sanglant foüet de la guerre insensee.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/169]]==
<poem>
Icy ces bruits menteurs qui des plus advisez
Remplissent tous les jours les esprits abusez
Ligne 3 133 ⟶ 3 442 :
Ains sont allez trouver les scythes et les turcs,
Où ce petit enclos les loge entre ses murs.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/170]]==
<poem>
Car comme la demeure en est douce et tranquille,
La terre en est de mesme heureusement fertile
Ligne 3 163 ⟶ 3 475 :
Du soleil se couchant tombent en la marine,
Maints troupeaux retourner de la plaine voisine :
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/171]]==
<poem>
Bref, ne nous donnant point pour butin aux voleurs,
Et cachant à nos yeux l’image des malheurs
Ligne 3 195 ⟶ 3 510 :
Qu’on les peut comparer aux tristes champs de Troye
Fumans encor du feu dont ils furent la proye :
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/172]]==
<poem>
Et ne peut maintenant d’un miserable pain
Le soldat qui les passe y repaistre sa faim,
Ligne 3 229 ⟶ 3 547 :
Il a contre leur chef son poignard aguisé,
Si du mal d’estre riche il se trouve accusé :
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/173]]==
<poem>
Ses malheureux moyens luy tenans lieu d’offence,
Et sa seule rançon estant son innocence.
Ligne 3 267 ⟶ 3 588 :
Qu’icy le laboureur, exempt de toute injure,
Exerce avec les champs son innocente usure :
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/174]]==
<poem>
Qu’en heureuse franchise, et sans crainte de rien,
Chacun y vit paisible et maistre de son bien :
Ligne 3 302 ⟶ 3 626 :
Font la mesme requeste en leur muette voix.
 
DISCOURS ROY ALLANT PICARDIE
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/175]]==
<poem>
ROY ALLANT PICARDIE
 
Les malheurs que le ciel a versé en son ire,
Ligne 3 330 ⟶ 3 658 :
Vous sauvant d’un orage et d’un peril extrême
Au travers du peril et de l’orage mesme ?
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/176]]==
<poem>
Ce traict-là de vaillance estonna nos esprits.
Et depuis les destins à vos mains ont appris
Ligne 3 364 ⟶ 3 695 :
Et vous en ceste flamme aux coups vous exposant
Ne voir point le peril ou l’aller mesprisant,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/177]]==
<poem>
Comme si le trespas estant lors vostre envie,
Vous eussiez eu querelle à vostre propre vie.
Ligne 3 398 ⟶ 3 732 :
Et bien que nous douloir de ce brave courage
Qui pour nous garantir d’un indigne servage,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/178]]==
<poem>
Aux plus mortels perils s’expose incessamment,
Ce soit ingratitude, ou peu de sentiment :
Ligne 3 432 ⟶ 3 769 :
Entre ces vieux romains qui veirent la rondeur
De l’univers entier adorer leur grandeur,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/179]]==
<poem>
Et de qui la vertu surmontant la fortune,
Ne trouva rien d’égal sous le rond de la lune,
Ligne 3 466 ⟶ 3 806 :
Nous sçaurions que sur luy la cruelle insolence
Des hazards de la guerre auroit tant de licence :
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/180]]==
<poem>
Ains dirions comme Aenee alors qu’il veit en l’air
De son fatal escu le lustre estinceller,
Ligne 3 498 ⟶ 3 841 :
Nous recourons aux vœux, et l’oeil baigné de larmes,
Prions le tout-puissant qu’au plus fort des allarmes
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/181]]==
<poem>
Sa faveur vous defende, et sauve en vous sauvant,
Cet estat dont l’espoir en vous seul est vivant.
Ligne 3 536 ⟶ 3 882 :
Quel honneur si fameux, quels lauriers si prisez
Cherchez-vous ès hazards où vous vous exposez,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/182]]==
<poem>
Dont le gain se peust dire égal à nostre perte,
Si pour rendre la France à tout jamais deserte
Ligne 3 570 ⟶ 3 919 :
Du royaume et des loix dedans son thrône assise,
Il ne faut plus donner au malheur tant de prise
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/183]]==
<poem>
Dessus vostre vertu : c’est assez maintenant
Si par art et conseil vos troupes ordonnant
Ligne 3 608 ⟶ 3 960 :
Conservez vostre vie en qui seule est compris
Tout ce qu’on voit d’espoir consoler nos esprits.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/184]]==
<poem>
Ne la hazardez plus au peril volontaire :
Obligez de ce bien la France vostre mere
Ligne 3 644 ⟶ 3 999 :
J’y pense avec horreur, et le dy souspirant,
Mais quant à moy chetif, je m’y vois preparant :
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/185]]==
<poem>
Et ne puis sans fremir peindre dans ma pensée
Le peril dont la France est en vous menacee
Ligne 3 680 ⟶ 4 038 :
De ses fiers regiments en pieces détranchez
Fourniront aux corbeaux de mets espouventables
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/186]]==
<poem>
Rendus par sa deffaitte à jamais memorables.
J’oy dés ceste heure mesme, ou bien je pense oüir,
Ligne 3 712 ⟶ 4 073 :
Le tragique eschaffaut des sanglans jeux de Mars.
 
DISCOURS CONF. FONTAINE-BLEAU
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/187]]==
<poem>
FONTAINE-BLEAU
 
Si jamais mon esprit conceut quelque esperance
Ligne 3 744 ⟶ 4 109 :
Par l’effort des tourments, par la rage des flames,
Par ce qui fait trembler les plus constantes ames :
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/188]]==
<poem>
Et la preuve a monstré qu’il falloit comme vous
Apporter à ces maux des remedes plus doux,
Ligne 3 778 ⟶ 4 146 :
Plus vive et plus feconde : et par un mauvais sort,
Plus ces nouveaux croyans affamez de la mort
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/189]]==
<poem>
En souffrant ont rendu la poussiere sanglante,
Plus ils ont arrousé ceste fatale plante,
Ligne 3 816 ⟶ 4 187 :
À qui ne parut point l’ardeur de ceste flame
Qu’un zele tout celeste allumoit en vostre ame.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/190]]==
<poem>
Quand ce docte prelat, en qui luit le pouvoir
Qu’a l’extréme eloquence et l’extreme sçavoir,
Ligne 3 850 ⟶ 4 224 :
Au milieu des frayeurs qu’on me donnoit de toy,
Sans autre gage humain que celuy de ta foy,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/191]]==
<poem>
De qui la renommee est par tout florissante,
J’estendy dessus toy ma dextre benissante,
Ligne 3 886 ⟶ 4 263 :
Ne pouvant les beaux faicts par ta main terminez
D’un laurier plus illustre estre icy couronnez.
Persevere grand prince, et du courage mesme
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/192]]==
<poem>
grand prince, et du courage mesme
Qui t’a si vaillamment sauvé ton diadême,
Defens celuy de Christ, secondant des effets
Ligne 3 920 ⟶ 4 301 :
Et Jupiter luy-mesme et les destins amis,
Lors qu’autour du berceau qui receut son enfance
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/193]]==
<poem>
Les trois fatales sœurs chanterent sa naissance,
Et bruslant du laurier prédirent d’un accord
Ligne 3 955 ⟶ 4 339 :
Tant d’animaux divers, ny vivans, ny taillez,
Y semblent ou vivans ou par art émaillez,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/194]]==
<poem>
Ramper sur les parois richement variees,
De coquilles de nacre à l’ambre mariees.
Ligne 3 989 ⟶ 4 376 :
Et ja les demy-dieux alloient lever la table,
Quand portant en son ame un dueil insupportable,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/195]]==
<poem>
Voicy la France entrer qui triste, se jettant
Aux pieds de sa grandeur luy dit en sanglottant :
Ligne 4 026 ⟶ 4 416 :
Il s’acquiere en la terre une immortelle vie :
Et que les seules fins de ce grand univers
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/196]]==
<poem>
Bornent avec son nom la gloire de ses vers :
Et pource appaise toy, consolant par l’attente
Ligne 4 057 ⟶ 4 450 :
Là je me promettois de voir sa docte plume
Vanger de ce vieillard qui tout ronge et consume,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/197]]==
<poem>
Le renom des grands rois qui m’ont fait triompher
De cent peuples divers par la gloire du fer,
Ligne 4 095 ⟶ 4 491 :
Encor que ta faveur m’accordant des autels,
Me daigne faire assoir au rang des immortels :
Faveur
Faveur qui maintenant m’est en peine tournee,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/198]]==
<poem>
qui maintenant m’est en peine tournee,
Puis que de tant d’ennuis à toute heure gesnee,
Mon immortalité ne me sert seulement
Ligne 4 131 ⟶ 4 531 :
Mais encor ce grand tout, ce grand tout que tu vois
Qui ne sçait ou tomber, tombera quelquefois.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/199]]==
<poem>
Va, plains toy maintenant que par le mesme orage
Qui doit tout submerger, quelqu’homme ait fait naufrage,
Ligne 4 161 ⟶ 4 564 :
Il n’est pas mort ainsi, sa vive renommee
Survivante à sa mort rend sa gloire animee,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/200]]==
<poem>
Et s’il ne vit du corps, il vit de ceste part
Qui parmy l’univers l’a fait estre un Ronsard.
Ligne 4 191 ⟶ 4 597 :
Consacre sa memoire, et comme aux immortels
Luy face en mille esprits eriger mille autels.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/201]]==
<poem>
L’assistance ravie et pleine de merveille,
Ressentant bien qu’un dieu charmera son oreille,
Ligne 4 227 ⟶ 4 636 :
Et de qui nous pouvons justement prononcer,
Sans que les plus sçavans s’en puissent offenser,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/202]]==
<poem>
Qu’au jour où ton trespas frauda nostre esperance,
À ce jour-là mourut la mort de l’ignorance :
Ligne 4 263 ⟶ 4 675 :
N’a rien si difficile à se voir exprimer,
Que la facilité qui le fait estimer.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/203]]==
<poem>
Lors à toy revenant, et croyant que la peine
De t’oser imiter ne seroit pas si vaine,
Ligne 4 295 ⟶ 4 710 :
Me disant que Clion m’apperceut d’un bon oeil,
Lors que mon premier jour veit les rais du soleil :
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/204]]==
<poem>
Qu’il me falloit oser : que pour longuement vivre,
Il falloit longuement mourir dessus le livre :
Ligne 4 320 ⟶ 4 738 :
Les ombres de la nuict qui suivit la journee
Où le vaillant Lysis finit sa destinee,
Couvroient
Couvroient encor la terre, et se voyoient en l’air
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/205]]==
<poem>
encor la terre, et se voyoient en l’air
Les celestes flambeaux encor étinceler,
Bien que ja le retour de la prochaine aurore
Ligne 4 354 ⟶ 4 776 :
Encor que la valeur du chef des ennemis
Presque contre son gré ce carnage est permis.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/206]]==
<poem>
Mais il n’a jamais peu d’une si forte bride
Retenir la fureur de l’espee homicide,
Ligne 4 387 ⟶ 4 812 :
S’immolans pour leur roy sont descendus là bas.
Doncques adieu Daphnis ma richesse et ma gloire,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/207]]==
<poem>
Et le plus cher object qui vive en ma memoire.
Je jure la terreur de l’empire des morts,
Ligne 4 424 ⟶ 4 852 :
Lors qu’il fit seulement cognoistre à sa pensee
Que de ceste advanture à son ame annoncee,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/208]]==
<poem>
Les fantosmes d’un songe estoient les messagers,
Qui sont le plus souvent trompeurs et mensongers.
Ligne 4 462 ⟶ 4 893 :
Qui pourroit exprimer d’assez vives couleurs
Les violents effets des extrémes douleurs
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/209]]==
<poem>
Qui vindrent tout d’un coup assaillir son courage,
Foudroyant sa vertu par ce mortel orage ?
Ligne 4 500 ⟶ 4 934 :
Lamenter ce desastre, encor que les attaintes
Qui luy perçoient le cœur luy permissent les plaintes :
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/210]]==
<poem>
Mais vaincu du tourment qui gesnoit ses esprits,
Il ne peut tant forcer ses lamentables cris,
Ligne 4 538 ⟶ 4 975 :
Qui jamais n’as daigné te laisser émouvoir
Aux vœux que ces perils me faisoient concevoir :
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/211]]==
<poem>
Que vous avez destruit une amitié fidelle
Rompant une union digne d’estre eternelle !
Ligne 4 576 ⟶ 5 016 :
Que tu m’allois donner une preuve asseuree
De l’immortelle foy que tu m’avois juree,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/212]]==
<poem>
Et par un certain gage au monde témoigner
Que rien ne la pourroit de ton ame éloigner.
Ligne 4 612 ⟶ 5 055 :
Tu t’exposas toy-mesme à la fiere tempeste
Du coup qui sans pitié t’a foudroyé la teste.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/213]]==
<poem>
Ah Lysis ! Quel penser vivoit lors en ton cœur ?
Cruel, desplaisoit-il à ta jeune rigueur
Ligne 4 644 ⟶ 5 090 :
Et partant, toy qui sçais que d’une mesme trame
Le destin a tissu ton ame avec mon ame,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/214]]==
<poem>
Si ce n’est pour ton bien et pour l’amour de toy,
À tout le moins, Lysis, vy pour l’amour de moy :
Ligne 4 680 ⟶ 5 129 :
On dit qu’il croist des fruits sur la rive d’un fleuve
Qui sous un nouveau ciel baigne une terre neuve,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/215]]==
<poem>
Dont qui gouste une fois ne voit jamais tarir
Les ruisseaux de ses pleurs qu’au seul point de mourir.
Ligne 4 714 ⟶ 5 166 :
À tes derniers souspirs mes souspirs confondant,
Dans ton sang épandu mes larmes épandant :
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/216]]==
<poem>
Et peut estre ce coup de douleur nompareille
Qui ne m’a point tué me blessant par l’oreille,
Ligne 4 752 ⟶ 5 207 :
Nul paisible sommeil n’enchantera mes peines,
Que ton sang malheureux épuisé de tes veines,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/217]]==
<poem>
Et tes membres en proye aux corbeaux exposez
Ne rendent au tombeau ses manes appaisez :
Ligne 4 790 ⟶ 5 248 :
Maintenant qu’il n’est ame entendant son trespas
Qui n’estime un peché de ne le plaindre pas :
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/218]]==
<poem>
Trop sensible est le coup qui ta poitrine entame,
Et trop de sentiment vid dedans ta belle ame :
Ligne 4 828 ⟶ 5 289 :
Ces deux fleuves fameux qui sortans de leurs couches
Vomissent jour et nuit par sept diverses bouches
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/219]]==
<poem>
L’orgueil de leurs grands flots dans le sein escumeux
Où mille se vont perdre et s’abysmer comme eux.
Ligne 4 862 ⟶ 5 326 :
Et pour l’amour de ceux dont ton ame a pitié,
Fay quelque violence aux loix de l’amitié.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/220]]==
<poem>
Les dieux qui de grandeur avec toy symbolisent
Ne pleurent point la mort de ceux qu’ils favorisent :
Ligne 4 892 ⟶ 5 359 :
Et derechef aux mains luy remirent les armes,
Pour respandre à Lysis autre humeur que des larmes.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/221]]==
<poem>
 
SUR LA MORT MERE FEU ROY HENRY 3
Ligne 4 925 ⟶ 5 395 :
Ô peuples, elle est morte, et semble qu’avec elle
Soit morte en mesme lict la paix universelle,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/222]]==
<poem>
Qui calmant ceste Europe enchainoit de ses fers
La rage de la guerre au profond des enfers.
Ligne 4 959 ⟶ 5 432 :
Vous qui depuis le cours de vingt ou de trente ans
Avec nos propres mains nostre gloire abattans,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/223]]==
<poem>
Fournissez d’aliment aux flammes de la guerre,
Par qui tout est destruit en ceste pauvre terre,
Ligne 4 997 ⟶ 5 473 :
Et voila de nouveau, les plus sanglans outrages
Qui puissent des mortels ulcerer les courages,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/224]]==
<poem>
Receus de part et d’autre en des coups mutuels,
Viennent de ranimer aux meurtres plus cruels
Ligne 5 033 ⟶ 5 512 :
Le frere des deux morts, à qui parmy les larmes
La crainte et la douleur ont fait prendre les armes,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/225]]==
<poem>
Tient la campagne ouverte : et comme aux pieds des monts
Où parmy des coustaux détranchez en vallons,
Ligne 5 067 ⟶ 5 549 :
Vous donc qui dépeignez nos malheurs en vos fronts,
Vous qui compatissez aux maux que nous souffrons,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/226]]==
<poem>
Pitoyables esprits, dont l’heur soit perdurable
Puis que vous deplorez nostre estat miserable,
Ligne 5 105 ⟶ 5 590 :
Que sa vie excedant sa borne naturelle,
Fust non seulement longue, ains du tout immortelle.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/227]]==
<poem>
Pleine d’un grand esprit dont jamais le penser
Vers de petits soucis ne daigna s’abaisser,
Ligne 5 143 ⟶ 5 631 :
Sa foy, sa pieté, son zele nonpareil,
Et son renom qui voit l’un et l’autre soleil.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/228]]==
<poem>
Ains le sort l’a ravie à nostre vaine attente,
Comme on voit quelquefois au fort de la tourmente
Ligne 5 179 ⟶ 5 670 :
Est semblable à ces mers craintes des matelots,
Dont tant plus un destroit reserre les grands flots,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/229]]==
<poem>
Plus leur contrainte émeut de tempeste és rivages,
Et rend ces costes-là fameuses de naufrages.
Ligne 5 215 ⟶ 5 709 :
Et voit-on bien aux maux qui nous donnent la loy,
Que c’est trop peu pour nous, si c’est assez pour toy.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/230]]==
<poem>
Car à qui plus pourray-je avec tant d’asseurance
Bailler à soustenir le grand sceptre de France,
Ligne 5 253 ⟶ 5 750 :
Les liens odieux dont leurs ames gesnees
Sont contre leur vouloir à leurs corps enchainees :
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/231]]==
<poem>
Tu n’aurois, ô belle ame, en allant au trespas,
Devancé que d’un peu la suitte de mes pas :
Ligne 5 289 ⟶ 5 789 :
D’espoir de reconfort, qu’est privé de remede
Le mal d’où le ruisseau maintenant en procede :
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/232]]==
<poem>
Et que quand leur humeur à mes yeux defaudra,
Mon cœur, où le surgeon à jamais en sourdra,
Ligne 5 320 ⟶ 5 823 :
Helas ! Si du destin l’impitoyable cours
Eust fait couler ta vie en ces malheureux jours,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/233]]==
<poem>
Nos prodiges d’erreur, nos traistres felonnies,
Nos rebelles discords, et nos fieres manies
Ligne 5 354 ⟶ 5 860 :
L’estonnement conjoint à l’ennuy qui me touche
Interdit la parole aux souspirs de ma bouche.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/234]]==
<poem>
Car quel meurtre de prince à cestui-cy pareil
Veirent onc icy bas les grands yeux du soleil ?
Ligne 5 390 ⟶ 5 899 :
Trouvoit-elle en celuy que ta brute ignorance
Voüoit pour successeur au sceptre de la France,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/235]]==
<poem>
Plus de desir de voir son empire fleurir
Qu’en celuy que ton bras alloit faire mourir,
Ligne 5 428 ⟶ 5 940 :
Mourons (dis-tu cruel) et fuyons au tombeau
L’odieuse clarté du celeste flambeau :
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/236]]==
<poem>
Mais voulons-nous mourir d’une mort incogneuë ?
Non, non, que tout esprit habitant sous la nuë,
Ligne 5 466 ⟶ 5 981 :
Le ciel, le juste ciel, protecteur des couronnes,
Le sçait pour le malheur de ces ames felonnes,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/237]]==
<poem>
Qu’on croit avoir forgé sur la tienne de fer
Ce traistre assassinat des marteaux de l’enfer :
Ligne 5 500 ⟶ 6 018 :
Aux cruelles fureurs qu’il evoque d’enfer,
Puis comme d’un bel œuvre en ose triompher :
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/238]]==
<poem>
Au lieu que le remords de sa cruelle audace
Deust espandre à jamais du pourpre sur sa face.
Ligne 5 536 ⟶ 6 057 :
M’estant tousjours advis qu’au milieu de nos pleurs
Je voy ce pauvre prince estouffé de douleurs,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/239]]==
<poem>
D’une voix que la mort rendoit foible et cassee,
Et d’un piteux regard dont l’ame estoit percee,
Ligne 5 574 ⟶ 6 098 :
Formoit la triste chambre où la fatale marque
Des fourriers de la mort logeoit ce grand monarque.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/240]]==
<poem>
Et lors ramentevant que celuy dont les os
Dormoient entre les vers dedans ce plomb enclos,
Ligne 5 610 ⟶ 6 137 :
Je l’ay servy treize ans, dont mon attente morte,
Apres tant d’esperance, autre fruit ne rapporte
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/241]]==
<poem>
Que ces cuisans souspirs, que cet honneur amer
De pouvoir maintenant au cercueil l’enfermer :
Ligne 5 648 ⟶ 6 178 :
Et n’en vit pas un d’eux si craint ne si puissant,
Qui luy mesme de crainte en son lict palissant
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/242]]==
<poem>
Ne doive apprehender qu’au milieu de sa garde
Le moindre de son peuple un jour ne le poignarde,
Ligne 5 684 ⟶ 6 217 :
Ayant barbarement cet estat desolé,
Par un tel sacrilege en fin a violé
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/243]]==
<poem>
Ce que le protecteur des justes diadêmes
Rend venerable et saint au cœur des bestes mesmes.
Ligne 5 722 ⟶ 6 258 :
Qui pour te voir l’esprit touché de ceste envie,
D’un zele plus ardant te consacrent leur vie.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/244]]==
<poem>
Mais, helas ! J’ay grand’peur que ce juste desir
Dont maintenant tu sens la flamme te saisir,
Ligne 5 755 ⟶ 6 294 :
Et de combien n’avoir point eu
Est plus doux que d’avoir perdu.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/245]]==
<poem>
Mes plaisirs s’en sont envolez,
Cedans au malheur qui m’outrage :
Ligne 5 791 ⟶ 6 333 :
Et m’est maintenant douloureux
D’avoir veu mes jours bien-heureux.
Ô
Ô ma seule gloire et mon bien
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/246]]==
<poem>
ma seule gloire et mon bien
Qui n’es plus qu’un petit de poudre,
Et sans qui je ne suis plus rien
Ligne 5 822 ⟶ 6 368 :
D’avoir vescu trop longuement.
 
SUR
SUR LA MORT DE CALERYME
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/247]]==
<poem>
LA MORT DE CALERYME
 
Six jours s’estoient passez depuis l’heure funeste
Ligne 5 854 ⟶ 6 404 :
Si tost donc qu’Anaxandre apperceut sa figure
Sombrement éclairer parmy la nuict obscure,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/248]]==
<poem>
Et veit ainsi languir les flammes de son oeil :
Ô mon cœur (luy dit-il) reviens-tu du cercueil,
Ligne 5 888 ⟶ 6 441 :
Et cause les souspirs au tombeau me suivans,
Que toy, mon seul espoir, et les gages vivans
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/249]]==
<poem>
Qui te restans de moy sont pour marque asseuree
De la parfaicte amour dont tu m’as honoree.
Ligne 5 926 ⟶ 6 482 :
Par nos feux qui brusloient d’une flame si pure,
Et par ta propre foy, je te prie et conjure
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/250]]==
<poem>
De ne plus engager la saincte liberté
Que ma mort t’a renduë, à nulle autre beauté,
Ligne 5 964 ⟶ 6 523 :
Que jamais elle puisse ailleurs se renchainer,
Puis qu’il faut estre à soy pour se pouvoir donner.
Je
Je suis et seray tien jusqu’aux fins de mon âge,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/251]]==
<poem>
suis et seray tien jusqu’aux fins de mon âge,
Sois-tu cendre et poussiere : et seulement l’image
De ton oeil, bien qu’esteint et vaincu du trespas,
Ligne 5 996 ⟶ 6 559 :
Tu sçavois mes desirs, tu sçavois mes desseins :
Mon cœur ne respiroit qu’entre tes seules mains,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/252]]==
<poem>
Et n’eust sçeu le destin rendre mon ame hostesse
Ny de tant de plaisir, ny de tant de tristesse,
Ligne 6 034 ⟶ 6 600 :
Me poursuit maintenant, et sur ma triste vie
Darde ainsi tous ses traits de courroux et d’envie ?
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/253]]==
<poem>
Faisant d’entre mes bras par la mort arracher
Tout ce que mon esprit eust jamais de plus cher,
Ligne 6 070 ⟶ 6 639 :
Car estant icy bas ses vertus sans pareilles,
Et desja ses beautez ayant de leurs merveilles
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/254]]==
<poem>
Parmy toute la terre espandu leur renom,
L’ornement d’Italie est son juste surnom.
Ligne 6 109 ⟶ 6 681 :
Là, je leu qu’il estoit de long temps arresté,
Que pour n’empescher point un heur tant souhaitté
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/255]]==
<poem>
D’arriver à la France, il falloit que ma vie
Me fust loin de tes yeux avant l’âge ravie :
Ligne 6 146 ⟶ 6 721 :
Dont l’un m’affligeroit plus que ma propre mort,
Et tous deux paroistroient te condamner à tort.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/256]]==
<poem>
Mais en cedant aux loix de ta douleur extréme,
Souvien-toy de la France, et de ton diadéme,
Ligne 6 179 ⟶ 6 757 :
N’a plus d’yeux pour les voir si ce n’est par ton
Œil :
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/257]]==
<poem>
Ne peut plus les baiser si ce n’est par ta bouche :
Seul et dernier regret dont l’attainte me touche,
Ligne 6 208 ⟶ 6 789 :
Las ! Si n’estoit-ce pas un funeste cercueil,
Ny des regrets sans fin, ny des habits de dueil,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/258]]==
<poem>
Mais un heureux berceau, mais des chants d’allegresse,
À quoy nous preparoit l’espoir de la grossesse
Ligne 6 246 ⟶ 6 830 :
Nous nous plaignons du ciel presque avec des blasphemes :
Accusons le destin : nous accusons nous mesmes :
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/259]]==
<poem>
Et sans fin maudissons l’erreur de ce penser
Qui faisoit loin de toy les remedes chasser,
Ligne 6 282 ⟶ 6 869 :
Et tantost ta faveur donnoit vie à leur gloire,
Presque les allaitant comme une autre memoire :
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/260]]==
<poem>
Tantost toy-mesme assise entre les lauriers verds,
Et de ton propre stile y gravant de beaux vers,
Ligne 6 318 ⟶ 6 908 :
Car quelque amer ennuy qu’il cause à la pensee,
La fidelle memoire en sera moins blessee
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/261]]==
<poem>
Des douleurs dont un cœur peut estre tourmenté,
Que l’oubly n’en seroit marqué d’impieté.
Ligne 6 356 ⟶ 6 949 :
Qui forceroient la Parque à te rendre le jour,
Si la mort entendoit le langage d’amour.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/262]]==
<poem>
Et lors le piteux son de ses plaintes ameres
Qui mesle à ses regrets ceux des princes ses freres,
Ligne 6 394 ⟶ 6 990 :
Advienne quelque jour que nos pleurs nous acquittent
De ce que tes bontez et ta grace en meritent :
Advienne
Advienne que le ciel nous empesche de voir,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/263]]==
<poem>
que le ciel nous empesche de voir,
Ces gemissants regrets, ces larmes de devoir,
Enfants d’une douleur mortellement amere,
Ligne 6 406 ⟶ 7 006 :
Fors celuy qui pressé d’un ennuy perdurable
Croit la deplorer moins qu’elle n’est deplorable.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/264]]==
<poem>
 
EPITAPHE CHRISTOPHLE DE THOU
Ligne 6 423 ⟶ 7 026 :
Ou pour mourir heureux une aussi sainte vie,
Ou pour revivre au ciel une aussi belle mort.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/265]]==
<poem>
 
ELEGIE TRESPAS M. DE NOAILLES
Ligne 6 452 ⟶ 7 058 :
Ce qu’il eust bien fait voir és dernieres allarmes
Où la France a versé tant de sang et de larmes,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/266]]==
<poem>
Estant donné pour chef à cent chevaux legers
Resolus de le suivre au plus fort des dangers :
Ligne 6 489 ⟶ 7 098 :
Et l’homme fayneant qui sans l’avoir suivie
Voit par le cours des ans tout son poil argenté,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/267]]==
<poem>
N’a pas long temps vescu, mais longuement esté.
Ainsi vit quelque chesne à qui l’honneur de l’âge
Ligne 6 526 ⟶ 7 138 :
Ses eternels souspirs son dueil vont tesmoignant,
Et servent de parole à son cœur se plaignant :
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/268]]==
<poem>
Mais moy qui de nature, et par un long usage,
Des souspirs amoureux entens bien le langage,
Ligne 6 561 ⟶ 7 176 :
Non à ce bel esprit qui d’un vol plus dispos
Est entré par la mort au celeste repos,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/269]]==
<poem>
Où maintenant il vit, si de son corps delivre
Jamais belle ame et sainte y merita de vivre.
Ligne 6 586 ⟶ 7 204 :
Sa vie en combattant que de la demander,
Ayma mieux rester mort que vivre par priere.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/270]]==
<poem>
 
DE M. DE CLERMONT D’ANTRAGUES
Ligne 6 624 ⟶ 7 245 :
Ayant conjoint les feux, en conjoindra la cendre.
 
DE MME ET MLLE DE BOURBON
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/271]]==
<poem>
ET MLLE DE BOURBON
 
Icy gisent les cœurs de deux grandes princesses
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Mais que sert aux mortels la royale naissance
Contre ce qui destruit et rois et royautez ?
Devotieux passant qui vois combien peu durent
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/272]]==
<poem>
qui vois combien peu durent
Les dons que l’univers tient pour souverain bien :
Qui vois ce qu’elles sont, qui sçais ce qu’elles furent,
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Et non pas le porphyre ou les marbres gravez
Qu’on voit superbement sur leur cendre eslevez :
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/273]]==
<poem>
Le corps que ce tombeau dans son giron enserre,
Tout converty qu’il est en insensible terre,
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A veu la destinee exercer sa vertu,
Sans voir d’aucun malheur son courage abbatu :
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/274]]==
<poem>
Tesmoins les champs de Dreux où sa jeune vaillance
Offrit ses premiers fruits sur l’autel de la France :
Ligne 6 739 ⟶ 7 374 :
Dans la trace d’honneur qu’il a tousjours suivie,
Ne pleure point sa mort, mais imite sa vie.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/275]]==
<poem>
 
POUR ESCRIRE TOMBEAU M. DE GIVRY
Ligne 6 762 ⟶ 7 400 :
Les cœurs ensevelis de trois proches parens,
Tous trois morts en trois ans en trois actes de guerre,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/276]]==
<poem>
Tous trois pareils en sort, et tous trois differens :
Car l’un perdit la vie au fort d’une bataille,
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Qui jamais veit éclorre en l’avril de l’enfance
Tant de fleurs de bonté, de douceur, de constance,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/277]]==
<poem>
D’humilité, d’honneur, d’esprit, de pieté,
De libre modestie, et de sage gayeté,
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Que veirent onc du ciel les grands yeux du soleil,
Unique sœur d’un roy qui n’a point son pareil,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/278]]==
<poem>
Et qui vit elle-mesme icy bas sans égale,
Accusant la rigueur de ton heure fatale,
Ligne 6 851 ⟶ 7 498 :
Ains vivent d’une vie à la mort non sujette,
Et la font elle-mesme encor vivre icy bas.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/279]]==
<poem>
Pour le moins leur memoire incessamment vivante
La maintient immortelle au cœur de son espoux,
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Nos pleurs luy feroient tort en luy faisant honneur.
 
SUR
SUR MORT MME DE PASSERAT
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/280]]==
<poem>
MORT MME DE PASSERAT
 
S’il s’est fait un triste naufrage
Ligne 6 899 ⟶ 7 553 :
TIMANDRE
 
L’
L’effect des changemens que la fuite des jours
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/281]]==
<poem>
effect des changemens que la fuite des jours
Apporte d’heure en heure aux plus fermes amours
Parmy ceux dont la vie est sans cesse agitee,
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Ny ces doux entretiens pleins d’appas et de charmes
N’eussent rien en son cœur engendré que des larmes,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/282]]==
<poem>
Quand tout bruslant encor du desir de ce bien,
Il se fust souvenu qu’il avoit esté sien :
Ligne 6 965 ⟶ 7 626 :
Quel bien peut consoler ce triste éloignement,
Puis que mesme la voir me seroit un tourment ?
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/283]]==
<poem>
Ah rigoureux amour, que ma triste pensee
De contraires douleurs est par toy traversee !
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Pourquoy t’affliges-tu ? Luy dit son cher Aemile
Voyant sa passion en souspirs trop fertile :
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/284]]==
<poem>
Si voir ton ennemie est l’unique dessein
De qui l’ardeur boüillonne au milieu de ton sein,
Ligne 7 041 ⟶ 7 708 :
Et s’ils ne dorment point au silence des morts,
En la mesme action qui les occupe alors.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/285]]==
<poem>
Quand au combat naval où les flots de Lepante
Veirent du sang des turcs leur onde rougissante,
Ligne 7 073 ⟶ 7 743 :
Car il n’est point d’object sous la voûte des cieux
Qui la representant ne contentast mes yeux :
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/286]]==
<poem>
Mais helas ! Qu’il est dur, qu’il est dur à mon ame
De recevoir ce change, et pour la vive flame
Ligne 7 109 ⟶ 7 782 :
Quelle fut la merveille, et quel fut le plaisir
Dont un si doux object vint son ame saisir,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/287]]==
<poem>
Le seul fidele amant le peut dire à soy-mesme,
Car l’un et l’autre d’eux en son cœur fut extréme :
Ligne 7 143 ⟶ 7 819 :
Puis soudain disparut, comme on voit qu’une idole
Venuë avec le songe avec luy s’en revole.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/288]]==
<poem>
Ah ! Qu’avec grand regret il se sentit ravir
Un object dont son oeil ne pouvoit s’assouvir,
Ligne 7 181 ⟶ 7 860 :
Mais s’il te plaist sçavoir le veritable cours
De l’estre où maintenant elle coule ses jours,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/289]]==
<poem>
Ne recognois-tu point l’erreur où tu te plonges
T’en allant enquerir au pere des mensonges ?
Ligne 7 217 ⟶ 7 899 :
Contre ceste beauté s’armoit secretement
Des poignans eguillons d’un fier ressentiment
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/290]]==
<poem>
La jalouse fureur d’une dame gottique
Plus qu’autre de son temps sçavante en l’art magique,
Ligne 7 253 ⟶ 7 938 :
Aux fureurs de son ame, et par elle appaiser
Les cendres de l’amour qui souloit l’embraser.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/291]]==
<poem>
Bien qu’avec un silence en tels maux non vulgaire,
Elle dissimulast ce desir sanguinaire,
Ligne 7 291 ⟶ 7 979 :
Et si, quoy que tous deux égallement aymables
Fussent et de beautez et de graces semblables,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/292]]==
<poem>
L’amour n’allumoit point en leurs libres esprits
Les desirs violents dont ils estoient épris :
Ligne 7 327 ⟶ 8 018 :
Et qui presque joignant sa fin à son exorde
Monstroit bien qu’il touchoit ceste odieuse corde
Avec
Avec la mesme peur dont se voit empescher
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/293]]==
<poem>
la mesme peur dont se voit empescher
L’homme qui sent son mal et qui n’oze y toucher.
Car l’ayant exhortee à conserver la gloire
Ligne 7 361 ⟶ 8 056 :
Mais ne respondant rien, et prouvant sa douleur
Par mille changements de geste et de couleur
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/294]]==
<poem>
Pareils à ceux d’une ame à qui l’amour commande,
Elle en donna racine aux soupçons de Gernande,
Ligne 7 397 ⟶ 8 095 :
Qu’il se ravit aux siens, leur donne un rendé-vous,
Et seul avec un seul luy tenant lieu de tous,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/295]]==
<poem>
S’en va chez son Ogiere à l’heure retiree
Au sein d’une maison du peuple separee,
Ligne 7 435 ⟶ 8 136 :
Bien que la chasteté cogneuë en mon espouse
M’ait long temps deffendu d’avoir l’ame jalouse,
Et que je
Et que je sache assez combien les nœuds estroits
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/296]]==
<poem>
sache assez combien les nœuds estroits
Dont le sang les conjoint leur ont acquis de droits :
Mais qui sçait si leur ame ose point d’avantage
Ligne 7 469 ⟶ 8 174 :
Ainsi par la Gernande, et tandy qu’il parloit
Le jaloux cœur d’Ogiere en soy-mesme voloit
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/297]]==
<poem>
D’aise de voir le ciel presenter à sa rage
Un moyen preparé pour venger son outrage :
Ligne 7 505 ⟶ 8 213 :
Ne s’yroit en sa face exposant à tes yeux :
Mais encor, si par sort la volonté des cieux
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/298]]==
<poem>
Confirmant tes soupçons permettoit le contraire,
Quel tourment se peut voir rendre la vie amere
Ligne 7 541 ⟶ 8 252 :
Qui luy porte la main au poignard impiteux,
Exposant à son oeil l’acte le plus honteux
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/299]]==
<poem>
Dont le cœur d’un mary, mesme une ame jalouse,
Puisse estre son honneur blessé par son épouse.
Ligne 7 575 ⟶ 8 289 :
Tout le sang aussi tost luy fremit dans les veines :
Son poil se herissa : cent griffes inhumaines
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/300]]==
<poem>
De honte, de fureur, de haine, et de depit
Déchirerent ses flancs : et l’outrage rompit
Ligne 7 613 ⟶ 8 330 :
En te donnant la mort t’en suis juste donneur :
J’oste à bon droit la vie à qui m’oste l’honneur.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/301]]==
<poem>
Il vouloit redoubler, mais la trouppe arrivee
Retint sa main sanglante au coup desja levee,
Ligne 7 647 ⟶ 8 367 :
Luy doucement severe apres mainte demande
À quoy seul respondoit l’infortuné Gernande,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/302]]==
<poem>
Ayant en fin appris et la cause et l’autheur
Du meurtre dont luy-mesme il estoit spectateur,
Ligne 7 685 ⟶ 8 408 :
Car du surplus, j’atteste et la terre, et les cieux,
Et le dernier moment qui va clorre mes yeux,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/303]]==
<poem>
Que sans jamais soüiller ta couche nuptiale,
Je t’ay gardé la foy d’une épouse loyale :
Ligne 7 723 ⟶ 8 449 :
Ramentoy quant et quant l’autheur de ta naissance :
Et puis que du destin l’eternelle ordonnance
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/304]]==
<poem>
Rend ta vie et ma fin l’œuvre d’un mesme ouvrier,
En regrettant la mort, honore le meurtrier.
Ligne 7 761 ⟶ 8 490 :
Lors que rentrant chez soy, frappé du coup mortel
D’un tort ou veritable, ou senty comme tel,
Il
Il le vit en sortir superbe encor du gage
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/305]]==
<poem>
le vit en sortir superbe encor du gage
Ravy sur son honneur par un recent outrage.
Quels furent les propos que presqu’avec horreur
Ligne 7 799 ⟶ 8 532 :
Dés qu’elle oüit tonner contre son imposture
L’impitoyable mot de gesne et de torture,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/306]]==
<poem>
Elle advoüa la fraude, et la conta d’alors
Que ses jaloux torments luy donnans mille morts,
Ligne 7 837 ⟶ 8 573 :
Elle se trouva morte au sein de la prison,
Sans marque de cordeau, de fer, ny de poison :
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/307]]==
<poem>
Et croit-on que son ame avoit esté ravie
De ceux qu’elle advoüoit l’avoir long temps servie,
Ligne 7 873 ⟶ 8 612 :
Mon bras encor soüillé des marques de la mort
Que je sens, malheureux, t’avoir donnee à tort,
Repugne à ceste grace, et ne veut que j’espere
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/308]]==
<poem>
et ne veut que j’espere
Rien de toy qu’impiteux et sanglamment severe.
Mais sçaches que si plaindre et hair son peché,
Ligne 7 907 ⟶ 8 650 :
Mais ainsi l’a voulu ce monarque supréme
Contre qui murmurer ce seroit un blaspheme.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/309]]==
<poem>
Aussi ne viens-je pas l’accusant m’excuser :
L’horreur de mon forfaict ne se peut déguiser :
Ligne 7 941 ⟶ 8 687 :
Qu’elle me rend douteux le bien inesperé
De qui desja mon cœur vivoit comme asseuré.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/310]]==
<poem>
Mais soit-il faux ou non : il me plaist de le croire,
Quelque obstacle nouveau qu’y mette ceste histoire.
Ligne 7 977 ⟶ 8 726 :
Avoit fait recourir ses miserables yeux,
Comme un remede impie et condamné des cieux.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/311]]==
<poem>
Mais jugeant qu’un conseil en un jeune courage
Est tant plus amoureux que moins il paroist sage :
Ligne 7 990 ⟶ 8 742 :
Desormais l’un de l’autre ouvertement épris.
 
TRAD. DEUXIESME LIVRE AENEIDE
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/312]]==
<poem>
LIVRE AENEIDE
 
Quand chacun attentif d’oreille et de pensee
Ligne 8 008 ⟶ 8 764 :
Fust-il un myrmidon ou dolope inhumain,
Ou des soldats qu’Ulysse avoit lors sous sa main ?
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/313]]==
<poem>
Desja l’humide nuict du ciel se precipite,
Et maint astre tombant au sommeil nous invite :
Ligne 8 046 ⟶ 8 805 :
Les portes de la ville aussi tost sont ouvertes :
On se plaist d’aller voir et les places desertes
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/314]]==
<poem>
Des champs où l’ennemy souloit estre campé,
Et le rivage ondeux non plus lors occupé.
Ligne 8 084 ⟶ 8 846 :
Ou ce corps de machine ainsi haut se dressant
Regarde nos ramparts et les va menaçant,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/315]]==
<poem>
Construict pour découvrir jusques dedans nos portes,
Et de là commander aux places les plus fortes :
Ligne 8 122 ⟶ 8 887 :
Or escoute des grecs l’artifice funeste,
Et par un crime seul juge de tout le reste.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/316]]==
<poem>
Si tost que ce trompeur devant nous arresté
Monstrant la face triste, et l’oeil espouvanté,
Ligne 8 160 ⟶ 8 928 :
Mon pere m’envoya dés mes plus tendres ans,
En guerre apprendre icy le mestier des vaillants.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/317]]==
<poem>
Aussi, tandis que l’heur qui suivoit sa sagesse
A fait florir son regne en puissance et richesse,
Ligne 8 196 ⟶ 8 967 :
Ces mots ainsi tissus font qu’un ardent desir
D’en apprendre la cause alors nous va saisir,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/318]]==
<poem>
Ne scachants rien encor de ses meschantes trames,
Ny de l’art abuseur qui regne és grecques ames :
Ligne 8 234 ⟶ 9 008 :
Et desja, descouvrants son cruel artifice,
Plusieurs voyoient sur moy tomber ce sacrifice.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/319]]==
<poem>
Calchas se taist dix jours, et caché ne veut pas
Que sa response envoye un pauvre homme au trespas.
Ligne 8 272 ⟶ 9 049 :
Et Priam le premier fait delivrer ses mains
Des liens dont les nerfs sont durement estreints :
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/320]]==
<poem>
L’honore d’une amie et courtoise parole,
Et de ces doux propos luy-mesme le console :
Ligne 8 310 ⟶ 9 090 :
Sa fatale effigie, avec ces mains cruelles
Qui venoient d’en meurtrir les gardes plus fidelles,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/321]]==
<poem>
Et toucher de leurs doigts de sang encor tachez
Les rubans virginaux à son front attachez :
Ligne 8 348 ⟶ 9 131 :
Les oracles secrets leur ayants revelé,
Que si de vostre main vous aviez violé
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/322]]==
<poem>
Ce present de Minerve, une infortune extrême
(que Dieu vueille plustost destourner sur luy-mesme)
Ligne 8 386 ⟶ 9 172 :
Dont leur dos écaillé voûte sa fiere échine,
Et fait en écumant bruire l’onde marine.
Ja
Ja tenoient-ils les champs sous leurs ventres baveux,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/323]]==
<poem>
tenoient-ils les champs sous leurs ventres baveux,
Leurs yeux ensanglantez ardoient de mille feux :
Les langues qu’ils dardoient, de venin distilantes
Ligne 8 424 ⟶ 9 214 :
Tous disent qu’un supplice à bon droit merité
Du fier Laocoon poursuit l’impieté,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/324]]==
<poem>
De qui, sans nul respect, la sacrilege atteinte
Avoit blessé les flancs de la figure sainte :
Ligne 8 458 ⟶ 9 251 :
En fin nous malheureux, nous à qui la lumiere
D’un si funeste jour luisoit pour la derniere,
Avec joye
Avec joye embrassants les causes de nos pleurs,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/325]]==
<poem>
embrassants les causes de nos pleurs,
Nous voilons les autels de rameaux et de fleurs.
Cependant le ciel tourne, et la nuit étoillee
Ligne 8 496 ⟶ 9 293 :
Or estoit-ce sur l’heure où l’on sent le sommeil
Commencer à coller les paupieres de l’oeil,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/326]]==
<poem>
Et comme un don celeste enchanteur de nos peines,
Avec plus de douceur ramper dedans les veines :
Ligne 8 534 ⟶ 9 334 :
Luy ne respondant rien à ces vaines parolles,
Comme les estimant des demandes frivolles,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/327]]==
<poem>
Mais tirant un souspir du centre de son cœur,
Las ! Fuy-t’en, me dit-il, tranche toute longueur,
Ligne 8 564 ⟶ 9 367 :
Je tends l’oreille au bruit, au bruit à qui l’ardeur
De tant de feux mesloit son horrible splendeur.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/328]]==
<poem>
Comme quand il advient que la flamme devore
Les blondissants tresors dont la plaine se dore :
Ligne 8 602 ⟶ 9 408 :
Le dernier jour prefix aux murs de Dardanie
Est en fin arrivé, leur duree est finie :
Il
Il n’est plus d’Ilion, les troyens ont esté,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/329]]==
<poem>
n’est plus d’Ilion, les troyens ont esté,
Le ciel en a l’empire en Argos transporté.
Les grecs regnent vainqueurs en la ville enflammee,
Ligne 8 636 ⟶ 9 446 :
Heureux, s’il eust ouy mieux que nous insensez
Les mots par sa maistresse en fureur prononcez.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/330]]==
<poem>
Enceint de ces guerriers, et voyant leur courage
Les porter au combat, il leur tiens ce langage :
Ligne 8 672 ⟶ 9 485 :
Un estat qui superbe avoit tant dominé,
Tombe à l’heure par terre à jamais ruiné :
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/331]]==
<poem>
Infinis hommes morts, infinis que l’on tuë,
Tous sanglants, tous bruslez, gisent emmy la ruë :
Ligne 8 710 ⟶ 9 526 :
Que de tous les costez l’ayant enveloppee,
Nous la faisons tomber sous les coups de l’épee,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/332]]==
<poem>
Ignorante des lieux, et surprise de peur.
Le sort est favorable à ce premier labeur !
Ligne 8 742 ⟶ 9 561 :
Et pour se recacher, derechef se retirent
Dans le ventre cogneu d’où naguere ils sortirent.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/333]]==
<poem>
Mais helas ! On ne doit en nul bien s’asseurer
Que la faveur des dieux ne fait point prosperer.
Ligne 8 778 ⟶ 9 600 :
Agite jusqu’aux bas des mers les plus profondes
Le tempesteux orgueil de ses mobiles ondes.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/334]]==
<poem>
Ceux aussi que par l’ombre et l’horreur de la nuit,
Es destours où le feu moins clairement reluit,
Ligne 8 816 ⟶ 9 641 :
Au palais de Priam, où la fureur de Mars
Fait plouvoir tant de morts, fait voller tant de dards,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/335]]==
<poem>
Qu’ailleurs, au prix de là, cessent tous traits de guerre,
Et nul par la cité n’ensanglante la terre :
Ligne 8 854 ⟶ 9 682 :
Coulé dedans par là, je monte au plus haut feste,
D’où les pauvres troyens espandoient sur la teste
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/336]]==
<poem>
Des cruels assiegeans force fléches en vain,
Et qui sans nul effect leur voloient de la main.
Ligne 8 890 ⟶ 9 721 :
Et comme un ruineux et tempesteux ravage,
Tout le jeune escadron de Scyre au verd rivage,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/337]]==
<poem>
Abordez quant et luy lancent de toutes parts
Des feux au haut du toict, vollans entre les dards.
Ligne 8 926 ⟶ 9 760 :
Un fleuve dont les flots renversans leurs chaussees,
Furieux du surcroist des ondes amassees,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/338]]==
<poem>
Et noyans tous les prez d’un deluge écumeux,
Cassines et troupeaux entrainent avec eux.
Ligne 8 960 ⟶ 9 797 :
Icy, la triste Hecube en pleurs et hors de soy,
Et ses filles encor s’assemblant en effroy,
Environnoient l’autel, et se serroient entre-elles
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/339]]==
<poem>
l’autel, et se serroient entre-elles
Comme font en fuyant les promptes colombelles,
Quand un nuage épais noircit le front des cieux,
Ligne 8 994 ⟶ 9 835 :
Icy le pauvre pere, encor mesme qu’il voye
Qu’à la mort asseuree il va servir de proye,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/340]]==
<poem>
Ne se peut contenir, ains hastant son malheur
Il lasche ainsi la bride à sa juste douleur :
Ligne 9 028 ⟶ 9 872 :
Tout tremblant de trop d’âge, et sans cesse glissant
Dans le sang de son fils le pavé rougissant,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/341]]==
<poem>
Contre les autels mesme, où cruel il empestre
Dedans ses cheveux blancs les doigts de la senestre,
Ligne 9 062 ⟶ 9 909 :
Elle qui des troyens ayant destruit l’empire
Tremble que leur douleur ne s’en vange en son ire,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/342]]==
<poem>
Qui des grecs apprehende un rude chastiment,
Et qui craint son époux laissé si méchamment,
Ligne 9 100 ⟶ 9 950 :
Et s’advoüant deesse, apparoist à mes yeux
Telle en gloire et grandeur qu’elle se monstre aux dieux,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/343]]==
<poem>
M’arreste par la dextre, et dedans mon oreille
Fait couler ce propos de sa bouche vermeille.
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Icy Junon s’assied sur les portes de Scaee
Toute ceinte d’acier, et de haine insensee :
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/344]]==
<poem>
Encourage les grecs, et leur prestant la main,
Les appelle du havre à ce sac inhumain.
Ligne 9 170 ⟶ 10 026 :
Je descens, et conduit du soin de la deesse,
Sans malheur je traverse et les feux et la presse
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/345]]==
<poem>
Des plus fiers ennemis entre mille trespas,
Les flammes et les dards faisants place à mes pas.
Ligne 9 208 ⟶ 10 067 :
Le prions au contraire, et de ne vouloir point
En se perdant ainsi nous perdre de tout point,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/346]]==
<poem>
Et par une fureur d’ame desesperee,
Ne se point eslancer à la mort asseuree :
Ligne 9 242 ⟶ 10 104 :
Nous aurons pour le moins cette vaine allegeance
De ne mourir point tous aujourd’huy sans vengeance.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/347]]==
<poem>
Cela dit, je receins mon coutelas trenchant :
Et derechef ma dextre au pavois attachant,
Ligne 9 280 ⟶ 10 145 :
Coule du ciel en bas, à sa queuë entrainant
La flamme d’un brandon vivement rayonnant.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/348]]==
<poem>
Nous la voyons passer, comme un trait débandee,
Par dessus nostre toict en la forest Idee,
Ligne 9 318 ⟶ 10 186 :
Là, soit le rendez-vous : là, dessous l’ombre coye,
Que de divers endroits chacun tourne sa voye.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/349]]==
<poem>
Toy, mon pere, avant tout, prens en tes pures mains
Les reliques de Troye, et ses penates saints :
Ligne 9 354 ⟶ 10 225 :
Car tandis qu’en courant je fuy les advenuës
Des chemins plus batus, et des sentes cognuës,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/350]]==
<poem>
Pour gaigner un destour loing des pas s’écartant,
Je ne sçay si Creüse en chemin s’arrestant
Ligne 9 392 ⟶ 10 266 :
Mais un esquadron grec qui l’avoit assiegé,
S’y ruant en fureur, l’a desja saccagé :
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/351]]==
<poem>
Le feu tout devorant monte jusqu’à la cime,
Poussé de sa furie, et du vent qui l’anime :
Ligne 9 428 ⟶ 10 305 :
Ny ne l’accorde point l’arrest de ce grand roy
De qui le clair Olympe escoute et suit la loy.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/352]]==
<poem>
Il faut qu’un long exil tes erreurs accompagne :
Il te faut sillonner une vaste campagne
Ligne 9 466 ⟶ 10 346 :
Piteuse colonie, et peuple miserable,
Recueilly pour souffrir un exil perdurable.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/353]]==
<poem>
Là de tous les costez ils alloient accourant,
Et leur bien et leur vie aux hazards preparant :
Ligne 9 495 ⟶ 10 378 :
Plus religieusement obligé. Mais il y a mille lieux,
Où l’on ne sçauroit se monstrer fort exact
Interprete, qu’on ne soit en danger de se monstrer
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/354]]==
<poem>
en danger de se monstrer
Fort mauvais poëte, en ce qui regarde la grace, la
Douceur, le son, et l’ornement des vers : comme
L’esprouveront les meilleurs ouvriers qui le voudront
Essayer. (…).</ref>
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/355]]==
<poem>
 
A LA PIETE
Ligne 9 517 ⟶ 10 407 :
S’il te plaist d’accepter l’effect de ma promesse,
Je la paye et m’acquitte en t’offrant ce portrait.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/356]]==
<poem>
 
AU MESME SEIGNEUR CARDINAL
Ligne 9 545 ⟶ 10 438 :
À toute heure un effroy pallir nostre couleur,
Et nostre bien servir de rapine eternelle.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/357]]==
<poem>
Aussi voulans monstrer que tout nous vous devons,
Nous offrons pour ce tout, ce rien que nous pouvons,
Ligne 9 575 ⟶ 10 471 :
D’estre exempt de douleur ? N’avoit-il cognoissance
Que le soleil est beau, mais qu’il blesse les yeux ?
Avoit-
Avoit-il oublié ce que peuvent les dieux
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/358]]==
<poem>
il oublié ce que peuvent les dieux
Sur l’orgueil des mortels ? Si de ceste oubliance
Aveuglé il en fait ores la penitence,
Ligne 9 603 ⟶ 10 503 :
Vous face pardonner à l’offence des yeux.
 
A
A M. PHELIPEAUX
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/359]]==
<poem>
M. PHELIPEAUX
 
Aime la pour Phenix.
Ligne 9 627 ⟶ 10 531 :
Ames qui reverez les esprits genereux,
Honorez ce portrait et luy faites hommage.
La bonté mesme est peinte és traits de ce visage
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/360]]==
<poem>
traits de ce visage
Sous le nom emprunté d’un prince valeureux,
Qui constant, magnanime, et de gloire amoureux,
Ligne 9 648 ⟶ 10 556 :
Si mon esprit rencontre un succez plus heureux,
Je n’en sçauray nul gré qu’à vostre bien-vueillance.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/361]]==
<poem>
Non, à d’autres qu’à vous je ne veux point devoir
Le bien que par vos mains j’espere recevoir,
Ligne 9 678 ⟶ 10 589 :
Qu’il nous est de vous voir apres tant de douleur
Assis dedans le vostre au cœur de cet empire.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/362]]==
<poem>
On croyoit (et le ciel nous le sembloit prédire)
Que vous y monteriez, triomphant du malheur,
Ligne 9 705 ⟶ 10 619 :
Et mettant tout en feu, ne lairront plus douter
Si c’est par flamme ou non que doit perir le monde.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/363]]==
<poem>
 
A L’AME DE PLUTARCHE
Ligne 9 729 ⟶ 10 646 :
Surmontant la vertu du cheval empenné,
Font naistre tous les ans mille douces fontaines,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/364]]==
<poem>
Non fecondes en eau coulante emmy les plaines,
Mais en vin qu’on diroit pour les dieux estre né,
Ligne 9 754 ⟶ 10 674 :
Que pour de bas sujets tous les jours t’importune,
Forcé de mon malheur qui la prophane en vain :
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/365]]==
<poem>
Mais l’assidu tourment des humaines tempestes
Fait que sous cet abry si souvent je recours,
Ligne 9 783 ⟶ 10 706 :
Dans le sang espagnol tes chevaux fait nager,
Et des plus grands Cesars obscurcy la memoire :
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/366]]==
<poem>
Il ne restoit plus rien au comble de ta gloire
Grand roy, que de vouloir ton peuple soulager,
Ligne 9 810 ⟶ 10 736 :
Pour ne les loüer pas il faut estre un rocher,
Et pour les bien loüer il faudroit estre un ange.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/367]]==
<poem>
 
A MONSEIGNEUR MARQUIS DE ROSNY
Ligne 9 835 ⟶ 10 764 :
Bien que vostre valeur semble en avoir receu
Ce qui peut à jamais honorer sa memoire.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/368]]==
<poem>
Assez vous ont acquis dequoy vivre en l’histoire.
Les monts de ce duché superbement bossu,
Ligne 9 862 ⟶ 10 794 :
Mais au contraire icy, vous aymer ardamment
Nous fait avec ardeur souhaitter vostre absence.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/369]]==
<poem>
 
SUR TRAD. DIANE DE MONTEMAJOR
Ligne 9 887 ⟶ 10 822 :
Qu’il semble qu’y trouvant de l’aise et des delices,
La gloire d’obliger soit ton propre élement :
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/370]]==
<poem>
Bien monstres-tu de croire, aymant incessamment
À lier tant de cœurs du nœud des bons offices,
Ligne 9 914 ⟶ 10 852 :
Encore que la preuve à la fin ait monstré,
De tous ces deux pensers le mien seul veritable.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/371]]==
<poem>
 
SUR FIGURES JARDIN FONTAINEBLEAU
Ligne 9 942 ⟶ 10 883 :
Y pourroient renflamer ceux de qui cent hyvers
Rendroyent le corps perclus et les veines glacees.
Ô
Ô que ne regne encor dessus mon horizon
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/372]]==
<poem>
que ne regne encor dessus mon horizon
Ceste verte, animee, et boüillante saison
Qui rend le sang plus chaud, et le corps plus robuste !
Ligne 9 972 ⟶ 10 917 :
Et de qui l’on peut dire, en lisant tes escrits,
Qu’égal aux plus âgez tes égaux tu surpasses :
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/373]]==
<poem>
Si ferme en ton dessein jamais tu ne te lasses
De suivre le chemin que tes vertus ont pris,
Ligne 9 991 ⟶ 10 939 :
Quand l’eternel ouvrier de la terre et des cieux
Estendant icy bas les regards de ses yeux,
(yeux par
=== no match ===
qui sa bonté regit ce qu’elle cree)
Et voyant les aprests de la pompe sacree
Qu’en un si saint mistere observent les mortels,