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donnèrent leur consentement au mariage, que la famille Chevalier pressait très vivement ; il se conclut enfin, et je me trouvai marié à dix-huit ans. Je me croyais même presque père de famille, mais quelques jours s’étaient à peine écoulés, que ma femme m’avoua que sa grossesse simulée n’avait eu pour but que de m’amener au conjungo. On conçoit toute la satisfaction que dut me causer une pareille confidence ; les mêmes motifs qui m’avaient décidé à contracter me forçaient cependant à me taire, et je pris mon parti tout en enrageant. Notre union commençait d’ailleurs sous d’assez fâcheux auspices. Une boutique de mercerie, que ma femme avait levée, tournait fort mal ; j’en crus voir la cause dans les fréquentes absences de ma femme, qui était toute la journée chez son frère ; je fis des observations, et pour y répondre, on me fit donner l’ordre de rejoindre à Tournai. J’aurais pu me plaindre de ce mode expéditif de se débarrasser d’un mari incommode, mais j’étais de mon côté tellement fatigué du joug de Chevalier, que je repris avec une espèce de joie l’uniforme que j’avais eu tant de plaisir à quitter.

À Tournai, un ancien officier du régiment de Bourbon, alors adjudant-général, m’attacha