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qu’à l’épaule, et tenant à la main un long bâton de coudrier, l’accompagnait ordinairement dans ses promenades, et il n’était pas rare de le rencontrer bras dessus bras dessous avec elle. Cette femme, surnommée la Mère Duchesne, par allusion au fameux Père Duchesne, figura la déesse de la liberté, dans plus d’une solennité démocratique. Elle assistait régulièrement aux séances de la commission, dont elle préparait les arrêts par ses apostrophes et ses dénonciations. Elle fit guillotiner tous les habitants d’une rue, qui demeura déserte.

Je me suis souvent demandé comment il se peut qu’au milieu de circonstances aussi déplorables, le goût des amusements et des plaisirs ne perde rien de son intensité. Le fait est qu’Arras continuait de m’offrir les mêmes distractions qu’auparavant ; les demoiselles y étaient tout aussi faciles, et il fut aisé de m’en convaincre, puisqu’en peu de jours, je m’élevai graduellement dans mes amours de la jeune et jolie Constance, unique progéniture du caporal Latulipe, cantinier de la citadelle, aux quatre filles d’un notaire qui avait son étude au coin de la rue des Capucins. Heureux si je m’en fusse tenu là, mais je m’avisai d’adresser mes hommages à une beauté de la rue de Justice, et il m’arriva de rencontrer un rival sur mon chemin. Celui-ci,