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{{tiret2|sabba|tistes}}, et des chlistes, et des popovistes, et des non-popovistes, et des skoptzy ! j’en ai vu, et de toutes les sortes. Et pas une religion qui ne prétende être la seule bonne ! Des religions, il y en a beaucoup, mais l’Esprit est un. Il est le même en moi, et en toi, et en eux ! Et cela veut dire que chacun doit croire dans l’Esprit qui est en lui, et qu’ainsi tout le monde pourra se trouver réuni ! |
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{{tiret2|sabba|tistes}}, et des chlistes, et des popovistes, et des non-popovistes, |
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et des skoptzy ! j’en ai vu, et de toutes les |
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sortes. Et pas une religion qui ne prétende être la seule |
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bonne ! Des religions, il y en a beaucoup, mais l’Esprit |
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est un. Il est le même en moi, et en toi, et en eux ! Et |
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cela veut dire que chacun doit croire dans l’Esprit qui |
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est en lui, et qu’ainsi tout le monde pourra se trouver |
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réuni ! |
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Le vieillard parlait d’une voix sans cesse plus haute, |
Le vieillard parlait d’une voix sans cesse plus haute, en promenant son regard autour de lui, comme s’il voulait se faire entendre du plus grand nombre possible de personnes. |
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en promenant son regard autour de lui, comme s’il voulait |
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se faire entendre du plus grand nombre possible |
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de personnes. |
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— Y a-t-il longtemps que vous prêchez ainsi ? — lui |
— Y a-t-il longtemps que vous prêchez ainsi ? — lui demanda Nekhludov. |
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demanda Nekhludov. |
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— Moi ? Oh ! très longtemps ! voila vingt-trois ans |
— Moi ? Oh ! très longtemps ! voila vingt-trois ans qu’on me persécute ! |
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qu’on me persécute ! |
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— Et comment cela ? |
— Et comment cela ? |
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— Oui, comme on a persécuté le Christ, on me persécute ! On m’arrête, on me traîne devant les juges, les prêtres, les scribes et les pharisiens ; on me met dans des maisons de fous. Mais on ne peut rien me faire, parce que je suis libre. — Comment t’appelles-tu ? — qu’on me demande. On se figure que je porte un nom ; mais je n’en porte aucun, j’ai renoncé a tout ; je n’ai ni nom, ni pays, ni patrie, je n’ai rien, je n’ai que moi ! — Comment on m’appelle ? Un Homme ! — Et quel âge as-tu ? — Moi, que je réponds, je ne compte pas mon âge, et d’ailleurs je n’ai pas d’âge, parce que l’Esprit qui est en moi a toujours existé et existera toujours. — Et ton père ? qu’on me dit, et ta mère ? — Non, non, je leur dis : chez moi, il n’y a ni père ni mère, excepté Dieu et la terre. Dieu, c’est mon père ; la terre, c’est ma mère. — Et le tsar, qu’on me dit, tu ne le reconnais pas ? — Pourquoi ne le reconnaîtrais-je pas ? Il règne de son côté et moi du mien ! — Tiens, qu’on me dit, impossible de parler avec toi ! — Mais, que je leur réponds, je ne te demande pas de parler avec moi. Et alors ils se mettent à me martyriser. |
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— Oui, comme on a persécuté le Christ, on me persécute ! |
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On m’arrête, on me traîne devant les juges, les |
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prêtres, les scribes et les pharisiens ; on me met dans |
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des maisons de fous. Mais on ne peut rien me faire, |
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parce que je suis libre. — Comment t’appelles-tu ? — |
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qu’on me demande. On se figure que je porte un nom ; |
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mais je n’en porte aucun, j’ai renoncé a tout ; je n’ai ni |
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nom, ni pays, ni patrie, je n’ai rien, je n’ai que moi ! |
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as-tu ? — Moi, que je réponds, je ne compte pas mon |
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âge, et d’ailleurs je n’ai pas d’âge, parce que l’Esprit qui |
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est en moi a toujours existé et existera toujours. — Et |
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ton père ? qu’on me dit, et ta mère ? — Non, non,je leur |
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dis : chez moi, il n’y a ni père ni mère, excepté Dieu et |
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la terre. Dieu, c’est mon père ; la terre, c’est ma mère. |
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— Et le tsar, qu’on me dit, tu ne le reconnais pas ? — |
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Pourquoi ne le reconnaîtrais-je pas ? Il règne de son |
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côté et moi du mien ! — Tiens, qu’on me dit, impossible |
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de parler avec toi ! — Mais, que je leur réponds, je ne |
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te demande pas de parler avec moi. Et alors ils se |
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mettent à me martyriser. |
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— Mais maintenant, où vas-tu ? — demanda Nekhludov. |
— Mais maintenant, où vas-tu ? — demanda Nekhludov. |