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tiches, aux petits yeux voraces, aux lèvres plus minces qu’un fil et qui haïssait tout le monde, croyait se devoir de sermonner le colonel.

— Tout cela n’arriverait pas si vous étiez plus respectueux, moins égoïste, si vous n’offensiez pas votre mère. Elle n’est pas accoutumée à de pareilles manières. Elle est générale, tandis que vous n’êtes qu’un simple colonel.

— C’est Mademoiselle Pérépélitzina, expliquait le colonel à son auditeur, une bien brave demoiselle qui prend toujours la défense de ma mère... une personne exceptionnelle et la fille d’un lieutenant-colonel. Rien que cela !

Mais, bien entendu, cela n’était qu’un prélude. Cette même générale, si terrible avec le colonel, tremblait à son tour devant Foma Fomitch qui l’avait complètement ensorcelée. Elle en était folle, n’entendait que par ses oreilles, ne voyait que par ses yeux. Un de mes petits cousins, hussard en retraite, jeune encore mais criblé de dettes, ayant passé quelque temps chez mon oncle, me déclara tout net sa profonde conviction que des rapports intimes existaient entre la générale et Foma. Je n’hésitai pas à repousser une pareille hypothèse comme grotesque et par trop naïve. Non, il y avait autre chose que je ne pourrai faire