« La Débâcle/Partie 3/Chapitre VI » : différence entre les versions

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crut devoir expliquer le but de sa visite.
— Oh ! Madame, que vous seriez bonne
d’intervenir ! monMon oncle est dans une position
terrible, on parle de l’envoyer en Allemagne.
La vieille dame, qui l’aimait pourtant, eut un
geste de colère.
— Mais, ma chère enfant, je n’ai aucun pouvoir… ilIl
ne faut pas s’adresser à moi…
puis, malgré l’émotion où elle la voyait :
— Vous arrivez très mal, mon fils part ce soir pour
Bruxelles… d’ailleursD’ailleurs, il est comme moi, sans
puissance aucune… adressezAdressez-vous donc à ma
belle-fille, qui peut tout.
Et elle laissa Henriette interdite, convaincue
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— Ah ! Que je suis heureuse de te voir ! ilIl
me semble qu’il y a si longtemps, et l’on
vieillit si vite, au milieu de ces vilaines
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fit asseoir sur la chaise longue, se serra contre
elle.
— Voyons, tu vas déjeuner avec nous… maisMais,
auparavant, causons. Tu dois avoir tant de choses à
me dire ! jeJe sais que tu es sans nouvelles de ton
frère. Hein ? Ce pauvre Maurice, comme je le
plains, dans ce Paris sans gaz, sans bois, sans
pain peut-être ! etEt ce garçon que tu
soignes, l’ami de ton frère ? Tu vois qu’on m’a
déjà fait des bavardages… estEst-ce que c’est pour
lui que tu viens ?
Henriette tardait à répondre, prise d’un grand
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l’arrestation du père Fouchard :
— Mais, c’est vrai ! Suis-je assez sotte ! Moi qui
en causais encore ce matin ! ohOh ! Ma chère, tu as
bien fait de venir, il faut s’occuper de ton oncle
tout de suite, parce que les derniers renseignements
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la jeune femme eut un bel éclat de rire.
— Es-tu bête, je vais faire relâcher ton oncle
avant trois jours ! onOn ne t’a donc pas dit que
j’ai ici, dans la
 
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maison, un capitaine prussien qui fait tout ce que
je veux ? tuTu entends, ma chère, il n’a rien à me
refuser !
Et elle riait plus fort, simplement écervelée dans
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Fouchard que vous êtes venue ? Reprit le fabricant.
çà m’ennuie beaucoup d’être forcé de partir ce
soir… maisMais ma femme va vous arranger ça, elle est
irrésistible, elle obtient tout ce qu’elle veut.
Il riait, il disait ces choses avec une bonhomie
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tirait lui-même quelque orgueil. Puis,
brusquement :
àÀ propos, ma chère, Edmond ne t’a pas dit sa
trouvaille ?
— Non, quelle trouvaille ? Demanda gaiement
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— Mon dieu ! Madame, il ne s’agit simplement que de
la vieille dentelle, que vous regrettiez de ne pas
avoir, pour garnir votre peignoir mauve… j’aiJ’ai eu
hier la chance de découvrir cinq mètres d’ancien
point de Bruges, vraiment très beau, et à bon
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du père Fouchard.
— Capitaine, je vous présente une de mes plus chères
amies… elleElle désire se mettre sous votre
protection, elle est la nièce du fermier qu’on a
arrêté à Remilly, vous savez bien, à la suite
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— Ah ! Oui, l’affaire de l’espion, le malheureux
qu’on a trouvé dans un sac… ohOh ! C’est grave,
très grave ! Je crains bien de ne rien pouvoir.
— Capitaine, vous me feriez tant de plaisir !
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de votre esprit. Eh bien ! Je vous assure que votre
préfet a tort de vouloir saigner encore la ville de
ces quarante-deux mille francs… songezSongez donc au
total de nos sacrifices, depuis le commencement.
D’abord, à la veille de la bataille, toute une
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destructions, les incendies : ça fait trois millions.
Enfin, j’évalue bien à deux millions la perte
éprouvée par l’industrie et le commerce… heinHein ?
Qu’est-ce que vous en dites ? Nous voilà au chiffre
de cinq millions, pour une
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Et il sauta à un autre sujet.
— Ce n’est pas la France qui a fait la guerre,
c’est l’empire… ahAh ! L’empereur m’a bien
trompé. Tout est fini avec lui, nous nous
laisserions démembrer plutôt… tenezTenez !
Un seul homme a vu clair en juillet, oui !
Monsieur Thiers, dont le voyage actuel, au travers
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Gambetta :
— Non, non ! Nous ne pouvons pas être avec les fous
furieux. ça devient du massacre… moiMoi, je suis avec
Monsieur Thiers, qui veut les élections ; et,
quant à leur république, mon dieu ! Ce n’est pas elle
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au visage. Et, enfin, balbutiante, se cachant dans
les bras grands ouverts, tendus vers elle :
— Oh ! Ma chérie, si tu savais… jamaisJamais je
n’oserais te dire… etEt pourtant je n’ai que toi,
tu peux seule me donner peut-être un bon conseil…
elle eut un frémissement, elle bégaya davantage.
— J’étais avec Edmond… alorsAlors, à l’instant,
Madame Delaherche vient de me surprendre…
— Comment, de te surprendre ?
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ferait tant de peine ! jeJe sais bien, je t’avais
juré que ça ne recommencerait jamais. Mais tu as vu
Edmond, il est si brave, et il est si joli ! Puis,
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malade, loin de sa mère ! Avec ça, il n’a
jamais été riche, on a tout mangé chez lui, pour le
faire instruire… jeJe t’assure, je n’ai pas pu
refuser.
Henriette l’écoutait, effarée, ne revenant pas de sa
surprise.
— Comment ! C’était avec le petit sergent ! maisMais,
ma chère, tout le monde te croit la maîtresse du
prussien !
Du coup, Gilberte se releva, s’essuya les yeux,
protestant.
— La maîtresse du prussien… ahAh ! Non, par
exemple ! Il est affreux, il me répugne… pourPour qui
me prend-on ? Comment peut-on me croire capable
d’une pareille infamie ? Non, non, jamais !
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Et, brusquement, sa gaieté coquette, son insoucieuse
légèreté revinrent, au milieu d’un invincible rire.
çaÇa, c’est vrai, je m’amuse de lui. Il m’adore, et
je n’ai qu’à le regarder, pour qu’il obéisse… siSi
tu savais comme c’est drôle, de se moquer ainsi de
ce gros homme, qui a toujours l’air de croire
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— Crois-tu ? Qu’est-ce que je risque ? Lorsqu’il
s’apercevra qu’il ne doit compter sur rien, il ne
pourra que se fâcher et s’en aller… etEt puis,
non ! Jamais il ne s’en apercevra ! Tu ne
connais pas l’homme, il est de ceux avec
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sens qui m’a toujours avertie. Il a bien trop de
vanité, jamais il n’admettra que je me sois
moquée de lui… etEt tout ce que je lui
permettrai,
 
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à l’effroi d’avoir été surprise. Des larmes
reparurent au bord de ses paupières.
— Mon dieu ! Et Madame Delaherche ? queQue va-t-il
se passer ? Elle ne m’aime guère, elle est capable de
tout dire à mon mari.
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les yeux de son amie, elle la força de réparer le
désordre de ses vêtements.
écouteÉcoute, ma chère, je n’ai pas la force de te
gronder, et pourtant tu sais si je te blâme !
Mais on m’avait fait une telle peur avec ton
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avec le docteur, avec Henriette, avec Jean, il
s’écria :
àÀ la santé de tous ! Que chacun fasse son affaire
et ne se porte pas plus mal que moi !
Henriette avait absolument voulu accompagner Jean
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Gartlauben, tout à l’heure, en descendant l’escalier,
a ôté son chapeau devant la porte de la pièce où
repose le corps de mon oncle… c’estC’est Edmond qui
l’a vu, et, n’est-ce pas ? C’est un homme
décidément très bien.