« La Débâcle/Partie 3/Chapitre II » : différence entre les versions
Contenu supprimé Contenu ajouté
m Correction des redirects après renommage |
m Typographie |
||
Ligne 28 :
bavarois, qui fumait, tranquillement assis à
califourchon sur une chaise.
passer ?
L’officier, par exception, ne comprenait-il pas le
Ligne 234 :
troupeaux, au seuil des bergeries, contre la porte.
Jean eut un cri de joie.
rivière !
Il était là, avec ce qui restait de l’escouade,
Ligne 277 :
par petits groupes, chantant d’une voix lente
et haute, pour célébrer le dimanche.
exaspéré. Elles m’entrent dans la peau !
Moins nerveux, Jean haussa les épaules.
puis, peut-être qu’ils croient nous
journée n’a pas été mauvaise, ne nous plaignons pas.
Mais, à la tombée du jour, la pluie recommença.
Ligne 337 :
le hangar, Jean, malgré son calme habituel,
s’emportait.
quand il n’y a rien ? Du tonnerre de dieu si je me
dérange encore !
Ligne 356 :
de folie, galopaient, se perdaient au travers
des champs vides de la presqu’île.
douloureusement Maurice, qui se rappelait la
quantité inquiétante de chevaux, rencontrée par lui.
Si nous restons quelques jours, nous allons tous nous
La nuit du mardi au mercredi fut surtout terrible.
Et Jean qui commençait à s’inquiéter sérieusement
Ligne 405 :
Aussi, après cette nuit affreuse, Jean mit-il à
exécution une idée qui le hantait.
manger et qu’on nous oublie dans ce sacré trou,
faut pourtant se remuer un peu, si l’on ne veut pas
crever comme des
jambes ?
Heureusement, le soleil avait reparu, et Maurice en
était tout réchauffé.
avons de l’argent, c’est bien le diable si nous ne
trouvons pas quelque chose à acheter. Et ne nous
Ligne 469 :
Trois zouaves appelèrent Maurice et Jean. à cinq,
on ferait de la besogne.
on avait seulement du bois
puis, ils se ruèrent sur une maison de paysan,
cassèrent les portes des armoires, arrachèrent le
Ligne 479 :
Iges aussi misérables et affamés que les soldats,
regretta d’avoir dédaigné la farine, au moulin.
Mais Maurice commençait à être si las, si épuisé
d’inanition, que Jean le laissa dans un trou des
Ligne 494 :
Puis, comme Jean proposait de rester là
l’après-midi, Maurice eut un geste violent.
d’avoir ça longtemps sous les
de sa main tremblante, il indiquait l’horizon
immense,
Ligne 501 :
bois de la Garenne, ces champs exécrables du
massacre et de la défaite.
dû me décider à tourner le dos, car j’aurais fini
par hurler de rage, oui ! Hurler comme un chien
qu’on
me fait, ça me rend fou !
Jean le regardait, étonné de cet orgueil saignant,
Ligne 510 :
égarement de folie qu’il avait remarqué déjà. Il
affecta de plaisanter.
Alors, ils errèrent jusqu’à la fin du jour, au
hasard des sentiers. Ils visitèrent la partie
Ligne 563 :
comploter là quelque mauvais coup. Loubet, tout de
suite, les appela, et Chouteau leur dit :
allons crever, voici trente-six heures que nous ne
nous sommes rien mis dans le
il y a là des chevaux, et que ce n’est pas
mauvais, la viande des
Loubet, parce que plus nous serons, mieux ça
vaudra, avec une si grosse
a un, là-bas, que nous guettons depuis une heure,
ce grand rouge qui a l’air malade. Ce sera plus
Ligne 579 :
moments la tête, promenait ses yeux mornes,
avec un grand souffle triste.
gros appétit torturait. Je vas l’assommer,
voulez-vous ?
Ligne 590 :
les quatre, ils étaient dans le fossé, à guetter,
les yeux luisants, ne quittant pas la bête.
tremblante, vous qui avez de l’idée, si vous pouviez
le tuer sans lui faire du mal ?
Ligne 605 :
ragaillardir un peu à l’espoir qu’on dînerait, il
dit lui-même de son air de bonne humeur :
le tuer, sans lui faire du
Vous allez voir !
Quand les deux nouveaux venus se furent assis dans le
Ligne 620 :
regardant de toutes parts, avec une inquiétude
effarée, si personne ne les voyait.
La campagne restait claire, d’une clarté louche
d’entre chien et loup. Et Lapoulle courut le
Ligne 637 :
trop, les coups ne portaient plus, Lapoulle
ne pouvait le finir.
donc, que je le crève !
Jean et Maurice, glacés, n’entendaient pas les
Ligne 646 :
genoux, joignit les mains, se mit à bégayer des
prières, comme on en dit au chevet des agonisants.
une fois encore, Lapoulle frappa à faux,
n’enleva qu’une oreille au misérable cheval,
qui se renversa, avec un grand cri.
finir, il nous ferait
Loubet !
Dans sa poche, il venait de prendre son couteau,
Ligne 668 :
les hommes hagards qui attendaient qu’il fût mort.
Ils se troublèrent et s’éteignirent.
secourez-le, ayez-le en votre sainte
ensuite, quand il ne remua plus, ce fut un gros
embarras, pour en tirer un bon morceau. Loubet,
Ligne 683 :
des loups qui fouillaient à pleins crocs la
carcasse d’une proie.
dit enfin Loubet en se relevant, les bras chargés
d’un lambeau énorme de viande. Mais voilà tout de
Ligne 700 :
haleine, comme poursuivis.
Tout d’un coup, Loubet arrêta les autres.
cuire ça.
Jean, qui se calmait, proposa les carrières. Elles
Ligne 723 :
l’eau de la Meuse, dont la berge se trouvait
de l’autre côté de la route.
Tous se récrièrent.
c’est plein de morts !
La Meuse, en effet, roulait des cadavres d’hommes
Ligne 739 :
que l’eau, après avoir bouilli, ne serait plus
dangereuse.
Lapoulle. Lorsque la marmite fut enfin au feu,
pleine d’eau,
Ligne 860 :
de drap eût pu lui-même se rendre compte de cet
arrachement.
bouleversé, lui qui arrivait le sourire aux lèvres,
l’air bonhomme et pas fier, dans son désir de
Ligne 873 :
accablement, bien que sa mère continuât à lui
tenir compagnie du matin au soir.
c’était elle qui portait les deux pains.
Seulement, elle a dû rester là-bas, de l’autre
côté du canal. Jamais le poste n’a consenti
à la laisser
ont rigoureusement interdit aux femmes l’entrée
de la presqu’île.
Ligne 906 :
morgue de l’ennemi héréditaire, grandi dans
la haine de la race qu’il châtiait.
mangé, ce soir ; et ce qui me désespère, c’est que
je crains bien de ne pouvoir obtenir une autre
Ligne 918 :
Puis, comme Maurice et Jean l’accompagnaient
jusqu’au pont, Delaherche s’écria :
la voyez bien qui agite son mouchoir.
Au delà de la ligne des sentinelles, en effet,
Ligne 947 :
surtout. Hein ? Quel sale individu, s’il avait à
manger, de ne pas partager avec les camarades !
quand de pauvres bougres crèvent à côté de lui.
violemment Lapoulle. Nous verrons bien !
Il serrait les poings, le seul espoir de manger
Ligne 966 :
arbres de la tour à Glaire, et les trois autres,
prudemment, filèrent derrière lui.
Méfiez-vous, s’il se retourne.
Mais, cent pas plus loin, Pache, évidemment, se
Ligne 977 :
ses provisions, il avait encore de quoi faire
un repas.
donc pourquoi tu te caches !
ça, c’est ma part !
Donner son pain, pourquoi donc ? Si chétif qu’il
Ligne 984 :
le morceau de toutes ses forces sur son cœur. Lui
aussi avait faim.
Puis, devant le poing levé de Lapoulle, il prit
sa course, galopant, dévalant des carrières dans
Ligne 1 005 :
jurant, hurlant, fouettés par la course, pareils
à des loups lâchés sur une proie.
fais ton affaire !
Et il levait de nouveau le poing, lorsque Chouteau
lui passa, grand ouvert, le couteau mince, qui lui
avait servi à saigner le cheval.
Mais Jean s’était précipité, pour empêcher un
malheur, perdant la tête lui aussi, parlant de les
Ligne 1 017 :
puisqu’il n’y avait plus de chefs et que les
prussiens seuls commandaient.
me donner ça !
Malgré la terreur dont il était blême, Pache
Ligne 1 023 :
son obstination de paysan affamé qui ne lâche rien
de ce qui est à lui.
Alors, ce fut fini, la brute lui planta le couteau
dans la gorge, si violemment, que le misérable ne
Ligne 1 070 :
Dans sa révolte, Maurice, lui aussi, disait à
Jean :
vais devenir
résisté, je ne me porte pas trop mal. Mais la
tête déménage, oui ! Elle déménage, c’est
certain. Si tu me laisses encore un jour dans
cet enfer, je suis
partons tout de suite !
Et il se mit à lui expliquer des plans
Ligne 1 085 :
à prix d’argent, revêtiraient leurs uniformes,
pour franchir les lignes prussiennes.
ça me fait peur de t’entendre dire des bêtises.
Est-ce que c’est raisonnable, est-ce que c’est
possible, tout ça ?
Tais-toi !
Lui, bien qu’il eût également le cœur abreuvé de
Ligne 1 099 :
larmes, suppliant et grondant. Puis, tout d’un
coup :
Un clapotement d’eau venait de se faire entendre.
Ils virent Lapoulle, qui s’était décidé à se
Ligne 1 201 :
Lorsque l’aube parut, l’un des soldats était mort,
l’autre râlait toujours.
douceur. Nous allons prendre l’air, ça vaudra mieux.
Mais, dehors, par la belle matinée déjà chaude,
Ligne 1 211 :
Saint-Menges à gauche, le bois de la Garenne à
droite.
ça ! C’est d’avoir ça devant moi qui me troue
le cœur et me fend le
emmène-moi tout de suite !
Ce jour-là était encore un dimanche, des volées de
|