« L’Avare (Goldoni) » : différence entre les versions
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Nouvelle page : Catégorie:Théâtre Catégorie:XVIIIe siècle Catégorie:1756 <div style="width:10em;display:block;float:right;align:right;">__TOC__</div> {{Titre|[[Auteur:Carlo Goldoni... |
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{{Titre|[[Auteur:Carlo Goldoni|Carlo Goldoni]]|L’Avare|1862|Avare}}
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===<center><span style="color:#006699;text-decoration:underline;">SCÈNE III.</span></center>===
<br/>
<div style="text-align:center">{{personnage|DON FERNAND}} (''seul'').</div>
Voilà donc où l’avarice conduit les hommes !
Avec de la noblesse et de la fortune, don Ambroise
se regarde comme le dernier, comme le plus malheureux
des hommes. On est forcé d’être de son avis :
ce sont les actions, en effet, qui donnent de l’éclat
à la noblesse ; et c’est au bon usage que l’on en
fait, que les richesses sont redevables de leur valeur.
Je devais quitter cette maison dès l’instant que
don Fabrice, mon ami, a cessé de vivre, et c’est
précisément sa mort qui m’y arrête. Oui, le respect
que j’eus pour donna Eugenie tant que son époux
a vécu, s’est changé en amour depuis qu’elle est
veuve, et mon espérance toujours alimentée…
Mais quelle espérance de voir mes vœux jamais
contens, si, de quelque côté que se tournent mes
regards, ils ne voient que des obstacles à mon amour !
Elle ignore mes sentimens pour elle, et elle peut les
dédaigner en les apprenant. J’ai, auprès d’elle,
deux terribles rivaux ! mon père ne consentira jamais
à mon mariage pour le moment : je n’ai point de
meilleur parti à prendre que de m’en aller. Oui,
je partirai : mais je veux m’épargner le reproche de
m’être trahi moi-même par un excès de délicatesse
mal entendue. Qu’elle sache que je l’aime ; et si mon
amour est rebuté… La voici fort à propos. Je
voudrais lui dire… Et je n’ai pas le courage de
le faire. Je prendrai mon temps, je préparerai mes
paroles… Quelle lâcheté ! je rougis de moi-même.
<div style="text-align:right;padding-right:10%">(''Il sort.'')</div>
===<center><span style="color:#006699;text-decoration:underline;">SCÈNE IV.</span></center>===
<center>DONNA EUGÉNIE, ensuite JASMIN.</center>
<div style="text-align:center">{{personnage|DONNA EUGÉNIE}}.</div>
Trainerai-je encore long-temps une pareille
existence ? La conduite de don Ambroise est elle
supportable ? Ses procédés ont déjà fait périr de chagrin
mon pauvre époux, et aujourd’hui ce maudit vieillard
voudrait me voir mourir à petit feu, par la fureur
qu’il excite en moi, par le désespoir où il me réduit.
Oui, je veux me remarier. Mais le seul désir ne suffit
pas, il faut que l’occasion se présente ; et si je n’ai
pas la certitude d’améliorer ma position, je ne veux
pas courir le danger d’aggraver mes maux.
<div style="text-align:center">{{personnage|JASMIN}}.</div>
Madame, monsieur le comte de l’Isle désirerait
avoir l’honneur de vous voir.
<div style="text-align:center">{{personnage|DONNA EUGÉNIE}}.</div>
Il en est bien le maître. (''Jasmin sort'') Ce ne
serait point un parti à dédaigner ; c’est un homme de
mérite ; mais son sérieux finit souvent par m’ennuyer.
Il forme un contraste parfait avec le Chevalier, qui
a dans l’esprit un peu trop de vivacité. Je voudrais
cependant fixer mon choix sur l’un des deux : ils
m’aiment l’un et l’autre, je le sais ; et je sais de
plus qu’une rivalité déclarée… Mais j’aperçois le
Comte.
===<center><span style="color:#006699;text-decoration:underline;">SCÈNE V.</span></center>===
<center>{{personnage|La même, le Comte DE L’ISLE}}.</center>
<div style="text-align:center">{{personnage|LE COMTE}}.</div>
Très-humble salut à madame Eugénie.
<div style="text-align:center">{{personnage|DONNA EUGÉNIE}}.</div>
Votre servante, Monsieur. Donnez-vous la peine
de vous asseoir.
<div style="text-align:center">{{personnage|LE COMTE}}.</div>
Pour vous obéir.
<div style="text-align:center">{{personnage|DONNA EUGÉNIE}}.</div>
Vous venez bien à propos ; j’avais besoin de
compagnie.
<div style="text-align:center">{{personnage|LE COMTE}}.</div>
Je m’estimerais trop heureux de vous pouvoir procurer
un moment de satisfaction.
<div style="text-align:center">{{personnage|DONNA EUGÉNIE}}.</div>
C’est l’excès de votre complaisance qui vous dicte
ce langage obligeant.
<div style="text-align:center">{{personnage|LE COMTE}}.</div>
Il sera toujours bien inférieur à votre mérite.
<div style="text-align:center">{{personnage|DONNA EUGÉNIE}}.</div>
Toujours aimable, le comte de l’Isle !
<div style="text-align:center">{{personnage|LE COMTE}}.</div>
Je voudrais l’être en effet, pour avoir le bonheur
devons plaire.
<div style="text-align:center">{{personnage|DONNA EUGÉNIE}}.</div>
Votre société m’est toujours infiniment précieuse.
<div style="text-align:center">{{personnage|LE COMTE}}.</div>
Je le crois, puisque vous le dites, Madame ; mais
qu’est-ce que ma société pour un esprit comme le
vôtre ?
<div style="text-align:center">{{personnage|DONNA EUGÉNIE}}.</div>
Vous ne vous rendez pas justice. Heureusement
pour vous, que vous parlez à quelqu’un qui sait à quoi
s’en tenir.
<div style="text-align:center">{{personnage|LE COMTE}}.</div>
Non, Madame, je parle franchement, et tout mon
mérite se borne à me connaître moi-même. Je sais
tout ce que je perds au parallèle avec le Chevalier :
mais qu’importe ? Votre cœur me rassure autant
que votre esprit, et je me flatte qu’au milieu de
tous mes défauts, vous distinguerez pourtant un
fond de franchise inaltérable.
<div style="text-align:center">{{personnage|DONNA EUGÉNIE}}.</div>
Ce n’est pas un petit mérite que la sincérité.
<div style="text-align:center">{{personnage|LE COMTE}}.</div>
Il est souvent stérile auprès des autres.
<div style="text-align:center">{{personnage|DONNA EUGÉNIE}}.</div>
Avez-vous à vous plaindre de moi ?
<div style="text-align:center">{{personnage|LE COMTE}}.</div>
Je n’aurais pas l’audace de le dire.
<div style="text-align:center">{{personnage|DONNA EUGÉNIE}}.</div>
Malgré votre silence, on voit bien que vous n’êtes
pas content.
<div style="text-align:center">{{personnage|LE COMTE}}.</div>
C’est un effet, sans doute, de la franchise dont
vous venez de faire l’éloge.
<div style="text-align:center">{{personnage|DONNA EUGÉNIE}}.</div>
En conséquence, cette même franchise ne me doit
pas faire un mystère des motifs de ce mécontentement.
<div style="text-align:center">{{personnage|LE COMTE}}.</div>
Le plus grand plaisir que vous me puissiez faire,
c’est de m’engager à parler.
<div style="text-align:center">{{personnage|DONNA EUGÉNIE}}.</div>
C’est mon cœur qui vous y invite.
<div style="text-align:center">{{personnage|LE COMTE}}.</div>
Eh bien !je réponds à votre cœur, que, sans
le tourment que me cause un rival, je serais le plus
heureux des hommes.
<div style="text-align:center">{{personnage|DONNA EUGÉNIE}}.</div>
Voilà la première fois que vous avez parlé aussi
clairement.
<div style="text-align:center">{{personnage|LE COMTE}}.</div>
Ai-je parlé à temps, Madame ?
<div style="text-align:center">{{personnage|DONNA EUGÉNIE}}.</div>
Cela serait possible.
<div style="text-align:center">{{personnage|LE COMTE}}.</div>
Mais le possible est un abyme, Madame, où
s’égarent, confondues, mes espérances et mes craintes.
Ce que je vous demande à présent, c’est quelque
chose de positif.
<div style="text-align:center">{{personnage|DONNA EUGÉNIE}}.</div>
Réfléchissez-y bien, et convenez que ce que vous
me demandez n’est pas peu de chose.
<div style="text-align:center">{{personnage|LE COMTE}}.</div>
Mais il me semble, si je ne me trompe, que ma
demaade est très-modeste. Il y aurait de la témérité
à réclamer votre faveur toute entière ; je me borne
à vous demander si vous êtes maîtresse encore d’en
disposer.
<div style="text-align:center">{{personnage|DONNA EUGÉNIE}}.</div>
Mais si c’est un secret que je sois jalouse de garder,
votre demande n’excède-t-elle pas les bornes de la
discrétion ?
<div style="text-align:center">{{personnage|LE COMTE}}.</div>
Vous avez le don, Madame, de vous faire entendre
sans parler. Je comprends très-bien que votre cœur
est occupé.
<div style="text-align:center">{{personnage|DONNA EUGÉNIE}}.</div>
Et, dans le cas où cela serait, devineriez-vous
avec la même facilité l’objet qui l’occupe.
<div style="text-align:center">{{personnage|LE COMTE}}.</div>
Non, Madame ; voilà le secret.
<div style="text-align:center">{{personnage|DONNA EUGÉNIE}}.</div>
Vous n’en pouvez donc pas conclure que vous soyez
exclus.
<div style="text-align:center">{{personnage|LE COMTE}}.</div>
Ni m’assurer non plus d’être le mortel favorisé.
<div style="text-align:center">{{personnage|DONNA EUGÉNIE}}.</div>
Les cœurs discrets se contentent d’un motif quelconque
d’espérance.
<div style="text-align:center">{{personnage|LE COMTE}}.</div>
Oui, quand un motif plus puissant ne les fait pas
trembler.
<div style="text-align:center">{{personnage|DONNA EUGÉNIE}}.</div>
Et cette crainte, quel est donc son fondement ?
<div style="text-align:center">{{personnage|LE COMTE}}.</div>
Mon peu de mérite, Madame.
<div style="text-align:center">{{personnage|DONNA EUGÉNIE}}.</div>
Non, Comte : vous vous jugez mal.
<div style="text-align:center">{{personnage|LE COMTE}}.</div>
Ajoutez à cela le caractère entreprenant de mon
rival.
<div style="text-align:center">{{personnage|DONNA EUGÉNIE}}.</div>
C’est une raison de plus qui m’offense.
<div style="text-align:center">{{personnage|LE COMTE}}.</div>
Je vous en supplie, Madame, excusez-moi.
<div style="text-align:center">{{personnage|DONNA EUGÉNIE}}.</div>
Je vous excuse.
<div style="text-align:center">{{personnage|LE COMTE}}.</div>
C’est mon cœur enflammé qui égare ma langue…
<div style="text-align:center">{{personnage|DONNA EUGÉNIE}}.</div>
Comte c’en est assez.
<div style="text-align:center">{{personnage|LE COMTE}} (''à part''.)</div>
Qu’il m’en coûte de modérer mes transports !
<div style="text-align:center">{{personnage|DONNA EUGÉNIE}}.</div>
Ne précipitons point ma résolution.
{{ThéâtreFin}}
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