« Discours lors du premier congrès universel d’espéranto » : différence entre les versions

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Après de nombreux millénaires, où les hommes ont été entre eux comme des sourds-muets et des ennemis, aujourd’hui, à Boulogne-sur-Mer, commence en fait, dans une plus grande mesure, l’entente réciproque et la fraternité des divers peuples et membres de l’humanité ; or une fois commencé ce mouvement ne s’arrêtera plus, mais prendra de plus en plus d’importance, jusqu’à ce que les dernières ombres de l’obscurité éternelle disparaissent à jamais. Les jours que nous voyons actuellement à Boulogne-sur-Mer ont une importance extrême ; puissent-ils être bénis !
 
En ce premier congrès des Espérantistes nous regardons comme nécessaire de dire quelques mots des premiers champions qu’a trouvés jusqu’ici notre cause. Mais avant de parler des combattants spécialement espérantistes, je dois parler brièvement d’un homme qui a de très grands mérites à son égard et que les Espérantistes traitent souvent avec injustice pour cette unique raison, qu’ayant fait beaucoup pour l’idée d’une langue internationale en général, il ne figure cependant pas au nombre des amis de la forme spéciale de langue pour laquelle nous luttons. Je veux parler du très honorable [[w:fr:Johann_Martin_Schleyer|Johann MatinMartin Schleyer]] , l’auteur du [[w:fr:Volapük|Volapük]] . La forme de la langue pour laquelle a travaillé ce vieillard très respecté, ne s’est pas montrée pratique ; la voie qu’il a prise ne s’est pas montrée bonne, et l’entreprise pour laquelle il a lutté, a rapidement échoué et, par son échec, elle a causé un grand détriment à notre idée en général et à la forme spéciale de l’idée pour laquelle nous combattons. Mais il faut être juste ; il faut apprécier tout homme non pas d’après sa victoire ou sa défaite, mais d’après ses travaux. Or les travaux et les mérites de M. Schleyer ont été très grands. Il a travaillé avec ardeur pendant de longues années pour l’idée d’une langue internationale ; pendant que beaucoup d’autres ne donnaient que de purs projets, il a été le premier qui ait eu assez de patience pour élaborer une langue complète, du commencement à la fin, (l’Espéranto quoique déjà prêt alors, n’avait pas encore été publié), et ce n’est pas de sa faute si la langue ne s’est pas montrée pratique. Il a été le premier qui, par un inlassable travail ait éveillé l’intérêt du monde pour l’idée d’une langue neutre, et ce n’est pas de sa faute si la chute de son entreprise a pour longtemps, refroidi le monde à l’égard de toute langue artificielle. Il a voulu faire un grand bien et il a travaillé énormément avec ardeur pour l’obtention de ce bien ; nous devons l’apprécier non pas d’après son succès mais d’après son intention et ses travaux. Si l’idée d’une langue internationale doit un jour triompher dans le monde – que ce soit sous la forme de l’Espéranto ou de quelque autre langue – le nom de Schleyer occupera toujours la place d’honneur dans l’histoire de notre idée, et le monde ne l’oubliera jamais. J’espère que je traduirai l’opinion de tous les membres de notre congrès en disant : « nous exprimons notre cordial remerciement à M. Schleyer, le premier et le plus énergique champion de l’idée de la langue neutre internationale ».
 
Passons maintenant aux combattants spécialement espérantistes. L’heure d’écrire une histoire officielle de notre entreprise n’est pas encore venue et je craindrais de commettre quelque injustice publique pour celui-ci ou celui-là, dans une appréciation comparative des mérites des divers combattants. Aussi n’en nommerai-je aucun en particulier, mais leur exprimerai-je à tous ensemble un cordial merci pour leur travail au nom de tous les amis de l’Espéranto. Dix-huit ans ont passé depuis le jour où l’Espéranto est apparu dans le monde. Il ont été pénibles, ces dix-huit ans. A présent je vois devant moi un nombre considérable d’amis ardents de l’Espéranto, qui représentent presque tous les pays du globe terrestre, presque toutes les nations du monde, tous les rangs, conditions de classes de l’humanité. Très grande et étendue est déjà notre littérature, très nombreux nos journaux ; nous avons maintenant des groupes et clubs d’espérantistes dans le monde entier, et le nom de notre affaire n’est maintenant inconnu à aucun homme éclairé. Quand je contemple la brillante situation actuelle de notre entreprise, je me rappelle avec émotion les premiers champions qui ont lutté pour elle à cette triste époque où nous ne rencontrions encore partout que moqueries et persécutions. Beaucoup d’entre eux vivent encore et voient maintenant avec joie le fruit de leurs travaux. Mais hélas, beaucoup de nos champions ne vivent plus. Dix huit ans sont un long espace de temps et, dans ce long espace, la mort nous a ravi un grand nombre de nos ardents compagnons d’armes. Citer tous les noms serait à présent une affaire impossible ; je n’en nommerai donc que quelques-uns. Léopold Einstein , le premier propagateur énergique de notre affaire, nous a quittés le plus tôt ; sa mort fut un grand coup pour elle d’une façon générale et spécialement pour son extension en Allemagne. Puis la mort nous enleva Joseph Wasniewski , l’apôtre sympathique et aimé de tous, de notre cause en Pologne. Et, il y a quelques années, la mort frappa un homme à qui l’Espéranto doit beaucoup, énormément, et sans lequel peut-être notre affaire n’existerait plus du tout aujourd’hui : je parle de l’inoubliable W. H. Trompeter . Sans jamais parler de lui, sans réclamer aucun remerciement, il prit toute notre entreprise sur ses épaules, à l’heure où elle se trouva dans la situation la plus difficile ; il la soutint seul aussi longtemps qu’il fallut pour que le nombre des Espérantistes devenu assez grand pût la soutenir à l’aide des forces communes. Comme il se réjouirait aujourd’hui, s’il voyait l’état actuel de notre affaire !
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[[Prelego de Zamenhof en la Unua Kongreso en Bulonjo ĉe Maro 1905|Version espéranto]]
[[CatégoryCategory:Fr:Discours]]