« Comment on pourra discerner le flatteur d’avec l’ami » : différence entre les versions

Contenu supprimé Contenu ajouté
mAucun résumé des modifications
Aucun résumé des modifications
Ligne 12 :
 
 
{{T2|COMMENT ON POURRA DISCERNER LE FLATTEUR D’AVEC L’AMI.}}
[0] Comment on pourra discerner le flatteur d'avec l'ami.
 
 
 
1. L’amour que nous avons pour nous-mêmes est le principe et le
fondement de la flatterie que les autres nous prodiguent. La
flatterie indique un ennemi des dieux. 2. Elle s’attaque aux
grands, et suit la fortune. On peut aimer, on peut louer sans
être un flatteur. 3. Difficulté de distinguer le flatteur d’avec
l’ami.— 4. Les flatteurs couverts sont les plus dangereux de tous.
5. Ruses du flatteur. 6. Caractères qui font reconnaitre le
flatteur et le distinguent d’avec l’ami. 7 et 8. Ces caractères
sont d’abord l’inconstance. —9. Ensuite l’imitation maladroite.
10. Enfin l’adulation servile. — 11. A bien examiner les fins
du flatteur, il veut toujours plaire et ne jamais blâmer. 12.
Effet de ses louanges perpétuelles : il dénature et corrompt
tout. 13. Manéges du flatteur pratiquant l’art de la louange.
-14. Il se blâme lui-même afin de mieux flatter. 15 et 16.
Il sait flatter jusque par son silence. 17. Il contrefait la fran
chise. 18. Il abuse de cette franchise simulée pour complaire
encore davantage. 19. Il déprave les meurs. 20. Il auto
rise tous les vices. 21. Différence de l’ami et du flatteur.
Empressements de ce dernier. 22. Combien il est téméraire
et futile. 23. Ses services honteux. 24. Son odieuse jalou
sie. – 25. Savoir bien se connaître, renoncer à l’amour vicieux
de soi-même, voilà les remèdes contre la flatterie. Excellence
de la franchise ; ses principales qualités. 26. La franchise se
distingue par le désintéressement et la modération. · 27. Où
et quand la franchise peut être déplacée. 28. Jamais elle
ne se produit plus à propos que dans la prospérité. Ménagements
nécessaires qu’elle doit prendre auprès de ceux qui viennent de
commettre une faute à l’instant même. Courage qu’il faut avoir
pour parler avant la faute commise. 29. La franchise doit
savoir profiter des occasions. 30. Elle doit être adroite à
saisir le moment. — 31. Utilité des avis indirectement donnés.
32. Que les remontrances se fassent tonjours en particu
lier ; que l’on soit irréprochable soi-même quand on reprend
les autres, 33. Que l’on sache faire rejaillir sur soi une
-partie des reproches que l’on adresse, Que l’on y mêle tou
jours des louanges. 34. Il ne faut jamais s’irriter des remon
trances d’un ami. — 35. Sages tempéraments qui sont néces
saires dans les remontrances. 36. Adoucir les blâmes pár
des éloges. S’appliquer à prévenir les fautes bien plutôt qu’à
les constater. 37, S’abstenir de toute précipitation, de toute
aigreur dans les remontrances.
 
[1] Quand un homme, ô Antiochus Philopappus, répète souvent qu'il s'aime fort lui-même, Platon dit que tous le lui pardonnent ; mais pourtant, ajoute-t-il, ce vice a plus d'une conséquence funeste, et surtout il empêche qu'on ne puisse être pour soi un juge équitable et incorruptible. En effet celui qui aime s'aveugle sur l'objet aimé, si par une étude spéciale il n'a pas pris l'habitude d'honorer et d'estimer ce qui est honnête, plutôt que ce qui lui est personnel et qui est inné en lui. C'est par là que s'ouvre au flatteur un champ si vaste en pleine amitié. Notre amour-propre lui donne merveilleusement prise sur nous. Chacun étant pour soi-même un premier adulateur et le plus grand de tous, on n'hésite pas à faire accueil au flatteur étranger, en qui l'on veut, en qui l'on croit, trouver un témoin et comme un garant de plus à ses propres yeux; car celui qui aime la flatterie et à qui on le reproche, est surtout rempli d'amour-propre; et par suite de l'affection qu'il se porte il veut avoir toutes les qualités, et il croit les posséder toutes. Or ce n'est pas une ambition déplacée que de les vouloir, mais se figurer qu'on les possède est une persuasion dangereuse et qui a besoin de beaucoup de retenue. Mais si la vertu est chose divine, si, comme l'avance Platon, elle est la source de tous biens pour les dieux, de tous biens pour les hommes, le flatteur risque fort d'être ennemi des dieux et surtout d'Apollon Pythien, puisqu'il est toujours en contradiction avec le "connais-toi toi-même". Il s'attache à tromper sur leur propre compte les gens qu'il circonvient, à leur faire ignorer ce qu'ils sont eux-mêmes, de telle sorte que les vertus ou les mauvaises qualités qui sont en eux, restent les unes incomplètes et défectueuses, les autres entièrement incurables.