« Aurore (Nietzsche)/Livre premier » : différence entre les versions

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''La démonstration du précepte''. — D’une façon générale la valeur ou la non-valeur d’un précepte — par exemple celui pour cuire du pain — se démontre par le fait que le résultat promis se présente ou ne se présente pas, en admettant toutefois qu’on l’exécute minutieusement. Or, il en est autrement des préceptes moraux : car, dans ce cas particulier, il n’est pas possible de se rendre compte des résultats, de les interpréter et de les définir. Ces préceptes reposent sur des hypothèses d’une très faible valeur scientifique, dont la démonstration ou la réfutation par les résultats sont en somme également impossibles : — mais autrefois, du temps où toute science était grossière et primitive et où l’on n’avait que de faibles prétentions à considérer une chose comme démontrée, — autrefois la valeur ou la non-valeur d’un précepte de moralité se déterminaient de la même façon que tout autre précepte : en invoquant les résultats. Chez les indigènes de l’Amérique russe, il y a un précepte qui dit : « Tu ne dois ni jeter au feu les os d’animaux ni les donner aux chiens », — et on démontre ce précepte en ajoutant : « Si tu le fais tu n’auras pas de chance à la chasse. » Or, dans un sens ou dans un autre, il arrive presque toujours que l’on n’a pas de chance à la chasse ; il n’est donc pas facile de réfuter de cette manière la valeur du précepte, surtout lorsque c’est la communauté tout entière, et non pas seulement l’individu, qui porte le poids de la faute ; il y aura, par conséquent, toujours une circonstance qui semblera démontrer la valeur du précepte.
''Autre crainte, autre certitude''. — Le christianisme avait fait planer sur la vie une menace illimitée et toute nouvelle, et créé, de même, des certitudes, des jouissances, des récréations toutes nouvelles et de nouvelles évaluations des choses. Notre siècle nie l’existence de cette menace, et en bonne conscience : et pourtant il traîne encore après lui les vieilles habitudes de la certitude chrétienne, de la jouissance, de la récréation, de l’évaluation chrétiennes ! Et jusque dans ses arts et ses philosophies les plus nobles ! Comme tout cela doit paraître faible et usé, boiteux et gauche, arbitrairement fanatique et, avant tout, combien incertain tout cela doit paraître, maintenant que le terrible vis-à-vis de tout cela s’est perdu : l’omniprésente crainte du chrétien pour son salut éternel !
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