« Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle/Menuiserie » : différence entre les versions

Contenu supprimé Contenu ajouté
Aucun résumé des modifications
Aucun résumé des modifications
Ligne 66 :
empilés à claires-voies sous des abris secs, retournés souvent et quelquefois
soumis à l'action de la fumée<span id="note1"></span>[[#footnote1|<sup>1</sup>]].
</div>
 
[[Image:Decoupage.d.un.tronc.en.planches.png|center]]
[Illustration: Fig. 1?]
<div class=prose>
 
Les menuisiers du moyen âge n'employaient pas les bois trop vieux qui
sont sujets à se gercer et à se piquer. Ils faisaient débiter des chênes de
Ligne 133 :
les fonds, recouverts de peintures sur une impression d'oxyde de plomb
(<i>minium</i>)<span id="note3"></span>[[#footnote3|<sup>3</sup>]].
</div>
 
[[Image:Assemblage.menuiserie.XVe.siecle.png|center]]
[Illustration: Fig. 1.]
<div class=prose>
 
Deux conditions principales semblent avoir été imposées aux œuvres
de menuiserie du moyen âge: économie de la matière, et la plus grande
Ligne 185 :
Il nous faut classer les ouvrages de menuiserie par natures, afin de
mettre de l'ordre dans cet article. Nous commencerons par les plus
simples en principe, par les claires-voies, *[?c'est-à-dire] les assemblages de
bois d'égale force, présentant des clôtures à jour sur un seul plan, des
grillages en un mot.
Ligne 193 :
bois comme on en voit encore dans la cathédrale de Bâle et dans quelques
églises des provinces de l'Est. D'un simple treillis de chevrons assemblés
à *[?mi-bois], le menuisier arrivait à façonner une clôture d'une aspect monumental.
Le principe émis ci-dessus, et qui consiste à laisser au bois
toute sa force au droit des assemblages, est scrupuleusement observé;
Ligne 200 :
si simple l'apparence grossière qu'elle aurait si les bois eussent conservé
leur équarrissage<span id="note4"></span>[[#footnote4|<sup>4</sup>]].
</div>
 
[[Image:Grille.menuiserie.medievale.png|center]]
[Illustration: Fig. 2.]
<div class=prose>
 
Voici encore (3) un exemple d'un grillage formant lambris plein. Les
montants et les traverses sont de même, assemblés à mi-bois, élégis entre
Ligne 208 :
par des petits panneaux simplement engagés dans une feuillure comme
des tablettes dans un cadre (voir la section A)<span id="note5"></span>[[#footnote5|<sup>5</sup>]].
</div>
 
[[Image:Lambris.medieval.2.png|center]]
<div class=prose>
Ces sortes de grilles en bois étaient fort en usage au moyen âge dans
les châteaux et les maisons; souvent les grandes salles étaient divisées
Ligne 221 ⟶ 223 :
parfaite avec la forme. Il existe en Italie, en Espagne, en Orient même,
des ouvrages de menuiserie d'un aspect saisissant, qui séduisent par leur
 
[Illustration: Fig. 3.]
 
excessive richesse et leur combinaison compliquée; mais lorsque l'on
examine attentivement la structure de ces ouvrages, on s'aperçoit bientôt
Ligne 287 ⟶ 286 :
sentiront tout le parti qu'on peut tirer de ces combinaisons sans qu'il
soit nécessaire d'insister.
</div>
 
[[Image:Cloture.menuiserie.2.png|center]]
[Illustration: Fig. 4.]
<div class=prose>
 
Il y a, dans la menuiserie française du XIV<sup>e</sup> siècle, certains ouvrages
qui ont bien quelque ressemblance avec les œuvres des Orientaux
Ligne 303 ⟶ 302 :
était même souvent sculptée en faible relief (puisque la sculpture était
obtenue aux dépens de l'épaisseur de ces planches) entre les
compartiments formés par les treillis.
formés par les treillis.
 
Voici (5) un exemple de ces ouvrages de menuiserie. Les joints des planches,
Ligne 320 ⟶ 318 :
vantaux d'une porte de l'église de Gannat, combinés d'après le même
principe.
</div>
 
[[Image:Cloture.menuiserie.png|center]]
<div class=prose>
On comprendra comment les tringles de bois, rapportées sur ces
planches
Ligne 333 :
embrévés en feuillures est adopté; mais les languettes et feuil1ures
sont généralement alors à <i>grain d'orge</i>.
</div>
 
[[Image:Panneau.menuiserie.XIIIe.siecle.png|center]]
<div class=prose>
Nous donnons (6) un de ces panneaux, présenté de face en A, en coupe en
B, et en section horizontale en B'. Ce système mérite quelque attention. Un
Ligne 342 ⟶ 344 :
que les montants intermédiaires s'assemblent dans les traverses. En C,
on voit un montant d'extrémité; en D, un montant intermédiaire. Dans
 
[Illustration: Fig. 5.]
 
ce cas, la moulure E de la traverse est poussée sans tenir compte des
 
[Illustration: Fig. 6.]
 
assemblages. Puis, lorsqu'il s'agit de faire les assemblages des montants
intermédiaires, la moulure est enlevée, ainsi qu'il est indiqué en F. Dès
Ligne 372 ⟶ 368 :
plinthes. En M''N''O'', les sections horizontales des panneaux avec les
montants.
</div>
 
[[Image:Lambris.medieval.png|center]]
[Illustration: Fig. 7.]
<div class=prose>
 
Lorsque les lambris sont hauts, il est nécessaire de les couper dans
leur hauteur par une ou plusieurs traverses intermédiaires qui évitent les
Ligne 434 ⟶ 430 :
la coupe verticale des lambris, en H le profil de la traverse A, et en I
l'arrêt de la moulure d'encadrement sur les traverses.
</div>
 
[[Image:Lambris.eglise.Semur.en.Auxois.png|center]]
[Illustration: Fig. 8.]
<div class=prose>
 
Nous donnons (9) plusieurs exemples de ces renforcements de pan-*panneaux, figurant des parchemins pliés. L'exemple A montre des petites
neaux, figurant des parchemins pliés. L'exemple A montre des petites
baguettes ornées, passant derrière ces parchemins.
 
Ligne 451 ⟶ 446 :
à parchemins plissés si fort en vogue pendant le XV<sup>e</sup> siècle et le commencement
du XVI<sup>e</sup>.
</div>
 
[[Image:Renforcements.de.panneaux.medievaux.png|center]]
[Illustration: Fig. 9.]
<div class=prose>
 
Nos ouvriers du moyen âge n'étaient pas seulement d'habiles praticiens,
ils étaient observateurs, attentifs à profiter de tout ce que le hasard leur
Ligne 489 ⟶ 484 :
 
==== HUIS ====
 
Les portes les plus anciennes que nous retrouvons éparses
encore dans quelques provinces françaises ne sont pas antérieures au
Ligne 520 ⟶ 516 :
à tête carrée en pointe de diamant est fiché au milieu de chaque
assemblage et dans les traverses et montants entre chacun de ces assemblages.
</div>
[[Image:Porte.eglise.Voulte.Chilhac.png|center]]
<div class=prose>
Ces clous, au droit des joints des planches, ont leurs pointes
doubles, rabattues à droite et à gauche, ainsi qu'on le voit en D. Cet
Ligne 528 ⟶ 527 :
que l'indique le figuré A. Les planches et le treillis sont en chêne, et le
tout est d'ailleurs bien dressé.
</div>
 
[[Image:Porte.eglise.Gannat.png|center]]
[Illustration: Fig. 10.]
<div class=prose>
 
La figure 12 nous montre les anciens vantaux de porte de la
Sainte-Chapelle
Ligne 542 ⟶ 541 :
décharges, outre des tenons, possèdent des embrévements qui roidissent
l'ouvrage. Devant ce bâti sont clouées des frises assemblées à grain
[Illustration: Fig. 11.]
 
d'orge; puis une décoration en bois mince est clouée sur ces frises à
 
[Illustration: Fig. 12.]
 
l'extérieur. En C, nous avons indiqué la section des vantaux. Les
pentures
Ligne 567 ⟶ 560 :
huis et presque entièrement pourris dans leur partie inférieure, ont dû
être remplacés lors des restaurations.
</div>
 
[[Image:Vantaux.Sainte.Chapelle.haute.Paris.png|center]]
<div class=prose>
L'emploi de ce système de portes est très-fréquent pendant les XIII<sup>e</sup>
et XIV<sup>e</sup> siècles. Il est léger, solide et se prête bien à la pose des ferrures
Ligne 605 ⟶ 600 :
<i>r</i>, S la base <i>s</i>. Ces détails sont à l'échelle de 0<sup>m</sup>,10
pour mètre.
</div>
[[Image:Vantaux.cathedrale.Poitiers.png|center]]
[Illustration: Fig. 12^bis.]
<div class=prose>
 
Ce ne fut guère qu'à la fin du XIV<sup>e</sup> siècle que les menuisiers se mirent à
faire des portes à panneaux, c'est-à-dire ayant les faces extérieure et intérieure
Ligne 615 ⟶ 610 :
du chœur, côté nord, un huis de ce genre qui date de la fin du XIV<sup>e</sup>
siècle (13).
</div>
 
[[Image:Porte.Notre.Dame.Beaune.png|center]]
[Illustration: Fig. 13.]
<div class=prose>
 
En A est donnée l'une des faces de cet huis, composé de deux montants
de rive, de deux traverses hautes et basses, de trois autres traverses intermédiaires
Ligne 671 ⟶ 666 :
donnons en D la coupe faite sur <i>a b</i>, montrant le chapiteau des montants
intermédiaires; en E la section faite sur <i>c d</i> du gâble; en F la section faite sur
 
[Illustration: Fig. 14.]
 
<i>g h</i>; en G la section faite sur la traverse intermédiaire avec le battement <i>i</i>
du guichet; en II la section faite sur la traverse intermédiaire du guichet;
Ligne 681 ⟶ 673 :
l'échelle de
l'ensemble; en <i>s</i>, celle des détails.
</div>
 
[[Image:Porte.XIVe.siecle.png|center]]
<div class=prose>
Il existe encore un assez bon nombre de vantaux du XV<sup>e</sup> siècle; nous
citerons ceux du portail sud de la cathédrale de Bourges, ceux du
Ligne 716 ⟶ 710 :
ni clous, ni vis; les ferrures seules sont retenues au moyen de crampons
très-adroitement combinés pour ne point fatiguer ni ces ferrures ni le bois.
</div>
 
[[Image:Volet.eglise.Semur.en.Auxois.2.png|center]]
<div class=prose>
À l'intérieur des châssis de croisées, on posait dans les appartements
des volets pleins ou ajourés qui étaient de véritables vantaux. Les ajours
Ligne 727 ⟶ 723 :
un second châssis C, qui maintient les panneaux D. En E, nous avons
tracé le profil pris sur <i>e</i>; en F le profil des deux membrures AC et en G,
 
[Illustration: Fig. 15.]
 
le détail perspectif de l'assemblage <i>g</i> de la traverse intermédiaire dans le
montant. Les panneaux inférieurs sont délicatement ajourés suivant le profil
 
E, les membres secondaires de cet ajour ne prenant que l'épaisseur
<i>h i</i>.
</div>
 
[[Image:Volet.eglise.Semur.en.Auxois.png|center]]
[Illustration: Fig. 16.]
<div class=prose>
 
L'art de la menuiserie, au XV<sup>e</sup> siècle, arrivait à une perfection d'exécu-*exécution qui ne fut jamais atteinte depuis. Le goût dominant dans l'architecture
 
 
 
 
 
*tion qui ne fut jamais atteinte depuis. Le goût dominant dans l'architecture
alors se prêtait d'ailleurs aux formes qui conviennent à de la
menuiserie, puisque les ouvrages de pierre avaient le défaut de rappeler
Ligne 768 ⟶ 753 :
entretoises de profils saillants. Ces contre-forts et les panneaux sont
délicatement moulurés et sculptés dans du beau bois de chêne.
</div>
 
[[Image:Vantaux.eglise.Notre.Dame.Beaune.2.png|center]]
<div class=prose>
Nous donnons (18) quelques détails de cet ouvrage de menuiserie,
c'est-à-dire le panneau <i>b</i> et partie de celui inférieur <i>c</i>, avec les contre-forts
Ligne 787 ⟶ 774 :
maintenu horizontalement sur l'établi au moyen d'un <i>valet</i> ou d'une vis,
ainsi que cela se pratique encore aujourd'hui<span id="note13"></span>[[#footnote13|<sup>13</sup>]].
</div>
 
[[Image:Vantaux.eglise.Notre.Dame.Beaune.png|center]]
<div class=prose>
Tous les panneaux de ces vantaux des portes de l'église de Beaune sont
variés de dessins; quelquefois, à la place de ces compartiments de
Ligne 801 ⟶ 790 :
un des meilleurs exemples de menuiserie
de la Renaissance.
 
[Illustration: Fig. 17.]
 
==== CROISÉES ====
Ligne 840 ⟶ 827 :
la construction de cette tour (1160 environ). Pris dans un bouchement en
platras déjà ancien, ils avaient pu échapper à la destruction et, quoique
 
[Illustration: Fig. 18.]
 
entièrement pourris, ils conservaient encore des lambeaux de vitraux
blancs posés en feuillure. La figure 19 donne la face intérieure de l'un
Ligne 851 ⟶ 835 :
intérieurs. Ces châssis étaient dépourvus de dormants et battaient dans
les feuillures de la baie de pierre.
</div>
 
[[Image:Chassis.fenetre.tour.Bichat.Paris.png|center]]
[Illustration: Fig. 19.]
<div class=prose>
 
Au XIII<sup>e</sup> siècle on ne se contentait plus déjà d'ajours aussi étroits, les
fenêtres devenaient hautes et larges, leurs meneaux étaient diminués
Ligne 913 ⟶ 897 :
leur profil en H'; en M, la section du montant intermédiaire; en
N, la section des entre-toises E; en O, la section verticale des traverses
[Illustration: Fig. 20.]
 
des volets, et en O' celle horizontale de leurs battants. P est le détail des
ajours inférieurs. Les volets étaient ferrés après le montant de la croisée
Ligne 924 ⟶ 905 :
fermés au moyen de targettes entrant dans des gâches ménagées sur les
renforts intérieurs du meneau de pierre et, au besoin, par des barres.
</div>
 
[[Image:Chassis.fenetre.abbaye.Chateau.Landon.png|center]]
<div class=prose>
Pour poser ces châssis, il n'y avait donc aucune entaille ni scellement
à faire après coup dans les tableaux et feuillures ou ébrasements; l'objet
Ligne 977 ⟶ 960 :
deux grands oblongs inférieurs et deux carrés. En A, nous
donnons l'un des châssis inférieurs et en B l'un des châssis posés
au-dessus de la traverse.
</div>
de la traverse.
[[Image:Chassis.fenetre.hotel.Tremoille.Paris.2.png|center]]
 
<div class=prose>
Ces châssis possédaient des dormants fixés dans la feuillure de pierre
par des pattes, ainsi que cela se pratique encore aujourd'hui. Les châssis
Ligne 1 010 ⟶ 994 :
ce temps nous n'avons pas fait de progrès sensibles dans l'art de la menuiserie
de bâtiment.
</div>
 
[[Image:Chassis.fenetre.hotel.Tremoille.Paris.png|center]]
<div class=prose>
Les châssis de croisée n'étaient point ferrés alors comme ils le sont
aujourd'hui au moyen d'équerres entaillées; les ferrures des paumelles,
Ligne 1 020 ⟶ 1 006 :
contribuent singulièrement à l'extérieur à hâter la pourriture des bois
précisément au droit de ces assemblages.
[Illustration: Fig. 21.]
 
==== VOUSSURES, PLAFONDS, TAMBOURS ====
Ligne 1 043 ⟶ 1 027 :
intervalles étaient remplis par des panneaux libres E, ou assemblés à
grain d'orge (voy. STALLE).
</div>
 
[[Image:Plafond.medieval.supporte.par.madrier.png|center]]
[Illustration: Fig. 22.]
<div class=prose>
[Illustration: Fig. 23.]
Villars de Honnecourt<span id="note14"></span>[[#footnote14|<sup>14</sup>]] nous a conservé un curieux dessin d'une
grande caisse d'horloge du XIII<sup>e</sup> siècle en menuiserie. C'est un véritable