« Ce que je suis » : différence entre les versions

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<div class="text">{{Titre|Ce que je suis|[[Auteur:Erik Satie|Erik Satie]]|[[Mémoires d'und’un amnésique]] - 1912}}
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Tout le monde vous dira que je ne suis pas un musicien. C'est juste.
 
Dès le début de ma carrière, je me suis, de suite, classé parmi les phonométrographes. Mes travaux sont de la pure phonométrique. Que l'on prenne le «&nbsp;Fils des Étoiles&nbsp;» ou les «&nbsp;Morceaux en forme de poire&nbsp;», «&nbsp;En habit de cheval&nbsp;» ou les «&nbsp;Sarabandes&nbsp;», on perçoit qu'aucune idée musicale n'a présidé à la création de ces œuvres. C'est la pensée scientifique qui domine.
 
Du reste, j'ai plus de plaisir à mesurer un son que je n'en ai à l'entendre. Le phonomètre à main, je travaille joyeusement & sûrement.
 
Tout le monde vous dira que je ne suis pas un musicien. C'estC’est juste.
Que n'ai-je pesé ou mesuré&nbsp;? Tout de Beethoven, tout de Verdi, etc. C'est très curieux.
 
Dès le début de ma carrière, je me suis, de suite, classé parmi les phonométrographes. Mes travaux sont de la pure phonométrique. Que l'onl’on prenne le «&nbsp;Fils des Étoiles&nbsp;» ou les «&nbsp;Morceaux en forme de poire&nbsp;», «&nbsp;En habit de cheval&nbsp;» ou les «&nbsp;Sarabandes&nbsp;», on perçoit qu'aucunequ’aucune idée musicale n'an’a présidé à la création de ces œuvres. C'estC’est la pensée scientifique qui domine.
La première fois que je me servis d'un phonoscope, j'examinai un si bémol de moyenne grosseur. Je n'ai, je vous assure, jamais vu chose plus répugnante. J'appelai mon domestique pour le lui faire voir.
 
Du reste, j'aij’ai plus de plaisir à mesurer un son que je n'enn’en ai à l'entendrel’entendre. Le phonomètre à main, je travaille joyeusement & sûrement.
Au phono-peseur un fa dièse ordinaire, très commun, atteignit 93 kilogrammes. Il émanait d'un fort gros ténor dont je pris le poids.
 
Que n'ain’ai-je pesé ou mesuré&nbsp;? Tout de Beethoven, tout de Verdi, etc. C'estC’est très curieux.
Connaissez-vous le nettoyage des sons&nbsp;? C'est assez sale. Le filage est plus propre&nbsp;; savoir classer est très minutieux et demande une bonne vue. Ici, nous sommes dans la phonotechnique.
 
La première fois que je me servis d'und’un phonoscope, j'examinaij’examinai un si bémol de moyenne grosseur. Je n'ain’ai, je vous assure, jamais vu chose plus répugnante. J'appelaiJ’appelai mon domestique pour le lui faire voir.
 
Au phono-peseur un fa dièse ordinaire, très commun, atteignit 93 kilogrammes. Il émanait d'und’un fort gros ténor dont je pris le poids.
 
Connaissez-vous le nettoyage des sons&nbsp;? C'estC’est assez sale. Le filage est plus propre&nbsp;; savoir classer est très minutieux et demande une bonne vue. Ici, nous sommes dans la phonotechnique.
 
Quant aux explosions sonores, souvent si désagréables, le coton, fixé dans les oreilles, les atténue, pour soi, convenablement. Ici, nous sommes dans la pyrophonie.
 
Pour écrire mes «&nbsp;Pièces froides&nbsp;», je me suis servi d'und’un caléidophone-enregistreur. Cela prit sept minutes. J'appelaiJ’appelai mon domestique pour les lui faire entendre.
 
Je crois pouvoir dire que la phonologie est supérieure à la musique. C'estC’est plus varié. Le rendement pécuniaire est plus grand. Je lui dois ma fortune.
 
En tout cas, au monodynamophone, un phonométreur médiocrement exercé peut, facilement, noter plus de sons que ne le fera le plus habile musicien, dans le même temps, avec le même effort. C'estC’est grâce à cela que j'aij’ai tant écrit.
 
L'avenirL’avenir est donc à la philophonie.
 
<p align="right">''Revue’’Revue de la S. I. M.''’’, 15 avril 1912.</p>
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