« Ainsi parlait Zarathoustra/Troisième partie/Du grand désir » : différence entre les versions

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O mon âme, il n'y a maintenant plus nulle part d'âme qui soit plus aimante, plus enveloppante et plus large ! Où donc l'avenir et le passé seraient-ils plus près l'un de l'autre que chez toi ?
 
O mon âme, je t'ai tout donné et toutes mes mains se sont dépouillées pour toi : — et maintenant ! Maintenant tu me dis en souriant, pleine de mélancolie : "Qui de nous deux doit dire merci ? — n'est-ce pas au donateur de remercier celui qui a accepté d'avoir bien voulu prendre ? N'est-ce pas un besoin de donner ? N'est-ce pas — pitié de prendre ?" -
 
O mon âme, je comprends le sourire de ta mélancolie : ton abondance tend maintenant elle-même las mains, pleines de désirs !
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"Toute larme n'est-elle pas une plainte ? Et toute plainte une accusation ?" C'est ainsi que tu te parles à toi-même et c'est pourquoi tu préfères sourire, ô mon âme, sourire que de répandre ta peine — répandre en des flots de larmes toute la peine que te cause ta plénitude et toute l'anxiété de la vigne qui la fait soupirer après le vigneron et la serpe du vigneron !
 
Mais si tu ne veux pas pleurer, pleurer jusqu'à l'épuisement ta mélancolie de pourpre, il faudra que tu ''chantes'', ô mon âme ! — Vois-tu, je souris moi-même, moi qui t'ai prédit cela : — chanter d'une voix mugissante, jusqu'à ce que toutes les mers deviennent silencieuses, pour ton grand désir, — jusqu'à ce que, sur les mers silencieuses et ardentes, plane la barque, la merveille dorée, dont l'or s'entoure du sautillement de toutes les choses bonnes, malignes et singulières : — et de beaucoup d'animaux, grands et petits, et de tout ce qui a des jambes légères et singulières, pour pouvoir courir sur des sentiers de violettes, — vers la merveille dorée, vers la barque volontaire et vers son maître : mais c'est lui qui est le vigneron qui attend avec sa serpe de diamant, — ton grand libérateur, ô mon âme, l'ineffable — pour qui seuls les chants de l'avenir sauront trouver des noms ! Et, en vérité, déjà ton haleine a le parfum des chants de l'avenir, — déjà tu brûles et tu rêves, déjà ta soif boit à tous les puits consolateurs aux échos graves, déjà ta mélancolie se repose dans la béatitude des chants de l'avenir ! -
 
O mon âme, je t'ai tout donné, et même ce qui était mon dernier bien, et toutes mes mains se sont dépouillées pour toi : — ''que je t'aie dit de chanter'', voici, ce fut mon dernier don !
 
Que je t'aie dit de chanter, parle donc, parle : ''qui'' de nous deux maintenant doit dire — merci ? — Mieux encore : chante pour moi, chante mon âme ! Et laisse-moi te remercier ! -