« Le Râmâyana (trad. Fauche)/Tome 1 » : différence entre les versions

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==__MATCH__:[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/133]]==
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/133]]==
 
je ne puis donc t’emmener, de cette ville dans les forêts. Ton époux vit ; par conséquent, tu ne peux me
suivre avec décence. En effet, qu’il ait une grande âme, ou qu’il
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toutefois mon père, séparé de moi, peut supporter la vie. »
 
À
À ce discours de Râma, où le respect senti pour sa mère se mêlait
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/134]]==
ce discours de Râma, où le respect senti pour sa mère se mêlait
aux enseignements sur le devoir, Kâauçalyâ dit, les yeux baignés
de larmes :
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visage abattu la tristesse de son âme. Quand il eut passé le seuil
d’un air qui n’était pas des plus riants, il aperçut, au milieu du
palais, sa
palais, sa bien-aimée Sîtâ debout, mais s’inclinant à sa vue avec
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/135]]==
bien-aimée Sîtâ debout, mais s’inclinant à sa vue avec
respect, Sîtâ, cette épouse dévouée, plus chère à lui-même que
sa vie et douée éminemment de toutes les vertus qui tiennent à la
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les tempes ? Pourquoi enfin, devant toi, ne vois-je marcher, ''nous''
apportant la fortune et la victoire, un coursier ''d’une beauté''
non pareille, au blanc pelage, au corps doué richement de signes
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/136]]==
au blanc pelage, au corps doué richement de signes
prospères ? »
 
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de mon père, j’irai, suivant son ordre, aujourd’hui même dans les
forêts : ainsi, fais-toi un cœur inébranlable ! Quand je serai parti,
noble dame, pour les bois chéris des anachorètes, sache te plaire,
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/137]]==
bois chéris des anachorètes, sache te plaire,
ô ma bien-aimée, dans les abstinences et la dévotion.
 
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reste au ''fond du vase'' après que l’on a bu : ''emmène-moi'', héros,
emmène-moi sans défiance : il n’est rien en moi qui sente la
méchanceté. L’asile inaccessible de tes pieds, mon seigneur, est, à
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/138]]==
inaccessible de tes pieds, mon seigneur, est, à
mes yeux, préférable aux palais, aux châteaux, à la cour des rois,
aux chars de nos Dieux, ''que dis-je'' ? au ciel même. Accorde-moi
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la force de t’y mener, par compassion même pour toi.
 
«
« Dans le bois repairent les tigres, qui déchirent les hommes,
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/139]]==
Dans le bois repairent les tigres, qui déchirent les hommes,
conduits ''par le sort'' dans leur voisinage : on est à cause d’eux en
des transes continuelles, ce qui fait du bois, mon amie, une chose
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jujubes sauvages, les fruits de l’ingüa ou du myrobolan emblic,
ceux du cyâmâka[13], le riz né sans culture ou le fruit amer du
tiktaka[14] à la saveur astringente. Et puis, quand on n’a pas fait
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/140]]==
la saveur astringente. Et puis, quand on n’a pas fait
provision de racines et de fruits sauvages dans les forêts, il arrive
que les anachorètes de leurs solitudes s’y trouvent réduits à
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« Les inconvénients attachés au séjour des bois, répondit à ces
paroles de son mari la triste Sîtâ, de qui les pleurs inondaient le
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/141]]==
pleurs inondaient le
visage ; ces inconvénients, que tu viens d’énumérer, mon dévouement
pour toi, ''cher'' et noble époux, les montre à mes yeux comme autant
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À ces mots, prononcés d’un accent mélodieux, la belle Mithilienne
au doux parler, triste, navrée de sa douleur, tout enveloppée à
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/142]]==
tout enveloppée à
la fois de colère et de chagrin, éclata en pleurs, arrosant le
désespoir avec les gouttes brûlantes de ses larmes.
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les respects !
 
« Donne en présents nos vêtements et nos parures aux brahmes
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/143]]==
brahmes
vertueux et à tous ceux qui ont trouvé un refuge dans notre
assistance. Ensuite, quand tu auras dit adieu aux personnes à
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femme ? Ce monarque des hommes, qui versait ''à pleines mains'' ses
grâces sur nos deux mères, ne les verra sans doute plus avec les
mêmes
mêmes yeux que dans les jours passés, maintenant qu’il est tombé
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/144]]==
yeux que dans les jours passés, maintenant qu’il est tombé
sous le pouvoir d'''un autre'' amour. Un jour, enivrée par les fumées
de la toute-puissance, Kêkéyî, incapable de modérer son âme, fera
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Après que Râma, assisté par son illustre Vidéhaine, eut donné
aux brahmes ses richesses, il prit ses armes et les instruments,
''c’est-à-dire la bêche et le panier'' ; puis, sortant de son palais
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/145]]==
sortant de son palais
avec Lakshmana, il s’en alla voir son auguste père. Il était
accompagné de son épouse et de son frère.
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roi, embrassons une infortune égale à son malheur.
 
« Que la forêt où va ce noble enfant de Raghou soit désormais notre
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/146]]==
va ce noble enfant de Raghou soit désormais notre
cité ! Que cette ville, abandonnée par nous, soit réduite à l’état
d’une forêt ! ''oui'', notre ville sera maintenant où doit habiter ce
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brûlants soupirs, et, dans sa vive douleur, il répondit ainsi :
 
« Soumantra, conduis promptement ici toutes mes épouses, je veuxé
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/147]]==
pouses, je veux
recevoir, entouré d’elles, ce digne sang de Raghou ! »
 
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tristesse :
 
«
« Grand roi, je viens te dire adieu ; car tu es, prince auguste, notre
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/148]]==
Grand roi, je viens te dire adieu ; car tu es, prince auguste, notre
seigneur. Jette un regard favorable sur moi, qui pars à l’instant
pour habiter les forêts. Daigne aussi, maître de la terre, donner
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ville et de t’en aller au milieu des bois pour l’amour de moi, vas-y
du moins avec moi, car abandonné par toi, Râma, il m’est impossible
de vivre !
de vivre ! Règne, Bharata, dans cette ville, abandonnée par toi et
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/149]]==
Règne, Bharata, dans cette ville, abandonnée par toi et
par moi ! »
 
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« Qu’elle soit donnée à Bharata, cette terre que j’abandonne, avec
ses royaumes et ses villes ! moi, sauvant l’honneur de ta majesté,
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/150]]==
l’honneur de ta majesté,
j’irai dans les forêts cultiver la pénitence. Que cette terre,
à laquelle je renonce, Bharata la gouverne heureusement, dans ses
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Le roi désolé, que la cruelle Kêkéyî frappait ainsi de nouveau
avec les flèches de sa voix, lui répliqua en ces termes :« Femme
inhumaine et justement blâmée par tous les hommes de bien, pourquoi
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/151]]==
tous les hommes de bien, pourquoi
donc me piquer sans cesse avec l’aiguillon de tes paroles, moi qui
porte un fardeau si lourd et même insoutenable ! »
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voulait complaire aux habitants de la ville, dégrada son fils et
le bannit de sa présence. C’est ainsi que le magnanime Sagara dut
renoncer à un fils sans conduite ; mais ce monarque-ci, quelle raison
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/152]]==
mais ce monarque-ci, quelle raison
a-t-il de chasser Râma, un fils plein de vertus ? »
 
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À ces mots, elle jeta sur ses épaules une partie de l’habillement.
La princesse de Mithila prit ensuite la seconde et se mit à songer,
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/153]]==
et se mit à songer,
car la jolie reine était encore inhabile à revêtir, comme il
fallait, un habit d’anachorète. Quand elles virent habillée de cette
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L’infortunée, elle mérite que tu étendes sur elle, pour la
consoler, ''ta plus haute'' considération. Daigne, par amitié pour
moi, daigne toujours la couvrir tellement de tes yeux, roi puissant,
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/154]]==
yeux, roi puissant,
que, défendue par toi, son protecteur ''légal'', elle n’ait point à
subir de persécutions. »
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main, d’où peut venir un danger pour moi ? ''D’aucun être'', pas même
de Çatakratou, le seigneur des trois mondes ! Bonne mère, ne sois
pas affligée ! obéis à mon père ! La fin de cet exil au milieu des
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/155]]==
milieu des
forêts doit arriver pour moi sous une étoile heureuse ! »
 
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Ensuite, s’approchant d’un air modeste et les mains jointes, comme on
voit Mâtali s’avancer vers Indra, ''son maître'' :« Honneur à toi,
fils du roi ! dit Soumantra au digne rejeton de Kakoutstha : c’est toi
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/156]]==
digne rejeton de Kakoutstha : c’est toi
qu’attend ce grand char attelé.
 
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la taille menue, qui s’attache aux pas de son époux comme l’ombre
suit le corps. Et toi aussi, Lakshmana, tu es heureux, ''car'' tu
satisfais à la vertu, toi, qui suis par dévouement ce frère aîné,
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/157]]==
suis par dévouement ce frère aîné,
que tu aimes, sur la route, où l’entraîne l’amour de son devoir. »
 
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marchait vers son exil.
 
 
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/158]]==
Aussi longtemps que le roi vit de ses yeux ce fils bien-aimé, il
supprima en quelque sorte dans son esprit la distance lointaine jetée
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sur la couche, où la douleur agita son âme. Là encore il se lamenta
pitoyablement à haute voix, désolé, torturé de chagrin et levant
ses bras au
ses bras au ciel :« Hélas ! disait-il ; hélas ! enfant de Raghou, tu
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/159]]==
ciel :« Hélas ! disait-il ; hélas ! enfant de Raghou, tu
m’abandonnes !… Heureux vivront alors ces hommes favorisés, qui te
verront, mon fils, revenu des bois, à la fin du temps fixé par ton
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cependant sa bouche n’a pour tous que des mots agréables. »
 
 
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/160]]==
Ces peuples des villes et des campagnes, malheureux et baignés de
larmes, Râma, avec le fils de Soumitrâ, les entraînait derrière
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Ce fut donc ainsi que, parvenu sur les rives de la Tamasâ, qui voit
les troupeaux et les génisses troubler ses limpides tîrthas, Râma
fit halte là cette nuit avec les sujets de son père. Mais, s’étant
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/161]]==
de son père. Mais, s’étant
levé au milieu de la nuit et les ayant vus tous endormis, il dit à
son frère, distingué par des signes heureux :« Vois, mon frère, ces
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tourbillons agitent la surface, il suivit le cours de l’eau dans
une route belle, heureuse, sans obstacle, sans péril et d’un aspect
délicieux. Ensuite, quand ces habitants de la grande cité, s’étant
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/162]]==
quand ces habitants de la grande cité, s’étant
réveillés à la fin de la nuit, virent les traces qui annonçaient
le retour du char à la ville :« Le fils du roi, pensèrent-ils, a
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Raghouide, arrivé déjà au pied de l’arbre.
 
« Ici habite un ami bien-aimé de Râma, ''lui dit-il'', un prince
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/163]]==
prince
équitable, de qui la bouche est l’organe de la vérité, ce roi des
Nishâdas, qui a nom Gouha aux longs bras. À la nouvelle que Râma,
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hâte d’apporter aux chevaux de l’herbe et de l’eau ! »
 
Râma, vêtu
Râma, vêtu de ses habits tissus d’écorce, récita la prière
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/164]]==
de ses habits tissus d’écorce, récita la prière
usitée au coucher du soleil et prit seulement un peu d’eau, que
Lakshmana lui apporta de soi-même. Puis, quand celui-ci eut lavé les
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« Vois, Gouha, vois, couché dans l’herbe avec son épouse, celui
devant lequel ne pourraient tenir dans une bataille tous les Dieux,
ligués même avec les Asouras ; lui, que sa mère obtint à force de
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/165]]==
lui, que sa mère obtint à force de
pénitences, au prix même de plusieurs grands vœux, le seul fils du
roi Daçaratha, qui porte des signes de bonheur égaux aux signes de
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le héros illustre à la vaste poitrine, dit au brillant Lakshmana,
son frère, le fils de Soumitrâ :« Voici le moment où l’astre du
jour se lève ; la nuit sainte est écoulée ; entends, mon ami, ceté
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/166]]==
coulée ; entends, mon ami, cet
oiseau heureux, le kokila chanter sa joie. Déjà même le bruit des
éléphants résonne dans la forêt : hâtons-nous, frère chéri, de
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Alors, quand il eut salué d’un adieu Soumantra, Gouha et ses
ministres :« Entre dans ta barque, heureux nautonnier, dit le
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/167]]==
dit le
Kakoutsthide au pilote ; délie ce bateau et conduis-nous à l’autre
bord ! »
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l’Yamounâ rencontre les saintes eaux de la Bhâgîrathî. Quand il
eut suivi longtemps un chemin sans péril et contemplé des arbres de
 
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/168]]==
plusieurs essences, Râma dit à Lakshmana vers le temps où le soleil
commence à baisser un peu :« Vois, fils de Soumitrâ, vois, près du
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l’arrivée du jeune prince et le félicita.
 
 
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/169]]==
L’aîné des Raghouides se fit connaître au solitaire en ces termes :
« Nous sommes frères, et fils du roi Daçaratha ; on nous appelle
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commun aux habitants du bois consacré à la pénitence. »
 
Râma, joignant les mains, répondit à ces paroles de l’anachorète :l’anachorè
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/170]]==
te :
« Ce serait une faveur insigne pour moi, brahme vénéré, d’habiter
ici avec toi. Mais notre pays, ô le plus saint des pénitents, est
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lieux en toute assurance.
 
« Dirige-toi vers cette montagne heureuse et bien charmante, dont les
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/171]]==
charmante, dont les
échos répètent les chants des kokilas, des gallinules et des
paons, le bruit des gazelles et les cris de nombreux éléphants ivres
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Peu de temps après, les voici qui entrent dans le bois du
Tchitrakoûta aux arbres variés, et Râma tient ce langage à Sîtâ :
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/172]]==
Sîtâ :
« Sîtâ, ma ''belle'' aux grands yeux, vois-tu, à la fin de la saison
froide, ces kinçoukas déjà fleuris et comme en feu, près du
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édifié, Râma dit à Lakshmana :
 
« Apporte une gazelle, fils de Soumitrâ, et fais-la cuire, sans
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/173]]==
cuire, sans
tarder : je veux honorer les Dieux de l’ermitage avec ce banquet
sacré. »
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ville. »
 
À
À ces mots :« traversé le fleuve, » ils s’écrièrent, les yeux
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/174]]==
ces mots :« traversé le fleuve, » ils s’écrièrent, les yeux
baignés de larmes :« Oh ! douleur ! » et, continuant à gémir :« Nous
sommes frappés à mort ! » disaient-ils. Alors Soumantra entendit
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dis-moi, Soumantra ! où va-t-il habiter ? En quel lieu était ce digne
enfant de Raghou, quand il t’a quitté ? Comment, élevé avec une
extrême délicatesse, mon fils pourra-t-il supporter de n’avoir que
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/175]]==
n’avoir que
le sol même pour unique siége ? Ou comment dormira-t-il à ''ciel nu''
dans un bois, ce fils du maître de la terre ? Qu’est-ce que dit Râma
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avec des eaux tristes et des ondes troublées : les étangs de lotus,
dépouillés de splendeur, n’offraient aux yeux que des fleurs toutes
fanées. Les volatiles et les quadrupèdes, immobiles, fixant les yeux
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/176]]==
yeux
sur un seul point et plongés dans leurs sombres pensées, oubliaient
d’errer çà et là ''sous les ombrages'' ; toute la forêt, comme en
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enveloppe le soleil au sein des cieux, à l’heure que vient une
éclipse. Le sixième jour qu’il pleurait ainsi Râma, ce monarque
fameux, étant réveillé au milieu de la nuit, se rappela une grande
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/177]]==
se rappela une grande
faute, qu’il avait commise au temps passé.
 
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cygnes, les paons s’ébattre en des mouvements de joie. Cette arrivée
des nuages forçait toutes les rivières élargies à déverser leurs
 
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/178]]==
flots d’une eau trouble et vaseuse par-dessus les chaussées trop
étroites. La terre, égayée par cette riche ondée, conçue au sein
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suis mort ! Comment se peut-il qu’on ait décoché une flèche sur un
ascète de ma sorte ? À qui est la main si cruelle, qui a dirigé son
dard contre moi ? J’étais venu puiser de l’eau pendant la nuit dans
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/179]]==
la nuit dans
le fleuve solitaire : qui est cet homme, dont le bras m’a blessé d’une
flèche ! À qui donc ai-je fait ici une offense ? Cette flèche va
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par ce trait seul et du même coup trois personnes à la fois, mon
père, ma mère et moi : pour quelle raison ? n’ayant jamais reçu
aucune offense de nous ! Sans doute que ni la pénitence, ni la science
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/180]]==
pénitence, ni la science
sainte ne produisent, je pense, aucun fruit sur la terre, puisque
mon père ne sait pas, homme insensé, que tu m’as donné la mort ! Et
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cette flèche entrée dans le sein de ce jeune ermite languissant.
Mais à peine mon trait fut-il ôté de sa blessure, que le fils de
l’anachorète, épuisé de souffrances et respirant d’un souffle, qui
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/181]]==
souffle, qui
s’échappait en ''douloureux'' sanglots, se convulsa un instant, roula
hideusement ses yeux et rendit son dernier soupir.
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pas ? »
 
« À ces mots, m’étant approché doucement de ce vieillard, à qui
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/182]]==
qui
le désir de voir son fils inspirait des paroles si touchantes, je
lui dis, agité par la crainte, les mains jointes, la gorge pleine de
Ligne 1 576 ⟶ 1 676 :
respiration, il me dit à moi, qui me tenais devant lui mes deux mains
humblement réunies :« Si, devenu coupable d’une mauvaise action,
tu ne me l’avais pas confessée d’un mouvement spontané, ton peuple
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/183]]==
pas confessée d’un mouvement spontané, ton peuple
même en eût porté le châtiment et je l’eusse consumé par le feu
d’une malédiction ! Kshatrya, si, connaissant d’avance sa qualité,
Ligne 1 607 ⟶ 1 709 :
son jeune veau :
 
« Yadjnyadatta, ne te suis-je pas, disait-elle, plus chère que
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/184]]==
que
la vie ? Comment ne me parles-tu pas au moment où tu pars, auguste
enfant, pour un si long voyage ? Donne à ta mère un baiser
Ligne 1 638 ⟶ 1 742 :
[Note 17 : Vivaswat, le soleil, père d’Yama.]
 
« Qui, après la prière du soir et du matin récitée, après le
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/185]]==
le
bain, après l’oblation versée dans le feu ; qui, prenant mes pieds
dans ses mains, les touchera tout à l’entour afin de m’y procurer une
Ligne 1 669 ⟶ 1 775 :
ses vieux parents :
 
« En récompense du service dévoué que j’ai rempli autour de vos
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/186]]==
autour de vos
saintes personnes, j’ai obtenu une condition pure, ''sans mélange''
et du plus haut degré : bientôt vos révérences obtiendront
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vie.
 
« Reine,
« Reine, mes yeux ne voient plus ; ma mémoire elle-même vient de
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/187]]==
mes yeux ne voient plus ; ma mémoire elle-même vient de
s’éteindre : ce sont là, noble dame, les messagers de la mort, qui
hâte mon départ de cette vie. Si Râma venait me toucher, ou si
Ligne 1 733 ⟶ 1 843 :
souffle bien-aimé, que lui arrachait la violence du chagrin causé
par l’exil de son fils. Dans le temps que l’infortuné monarque,
étendu sur sa couche, se répandait en ces regrets sur l’exil de
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/188]]==
ces regrets sur l’exil de
Râma, il exhala sa douce vie à l’heure où la nuit arrivait au
milieu de sa carrière.
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Mais quand, malgré tous leurs efforts mêmes pour le tirer du
sommeil, le monarque endormi ne se fut pas réveillé jusqu’après
le lever du soleil, ses épouses tombèrent dans une profondetombè
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/189]]==
rent dans une profonde
inquiétude.--Saisies de crainte, incertaines sur la vie du roi, elles
s’émurent, comme la pointe des herbes sur les bords d’un fleuve.
Ligne 1 798 ⟶ 1 912 :
 
Ensuite, après qu’il eut fait évacuer la salle et tenu conseil avec
les ministres, Vaçishtha le bienheureux ordonna ce qu’exigeait la
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/190]]==
ce qu’exigeait la
circonstance. Puis, quand il eut fait introduire le corps du roi de
Koçala dans une drôni[18], que le sésame avait rempli de son huile,
Ligne 1 831 ⟶ 1 947 :
Après sept nuits passées dans sa route, Bharata, le plus éminent
des hommes qui possèdent un char, dit, l’âme contristée à l’aspect
de la cité en deuil, ces paroles au conducteur de son char :« Cocher,
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/191]]==
au conducteur de son char :« Cocher,
la ville d’Ayodhyâ ne se montre point à mes regards avec des
mouvements très-joyeux : ses jardins et ses bosquets sont flétris ; sa
Ligne 1 861 ⟶ 1 979 :
d’une âme empressée dans ce palais de sa mère, le tout-puissant
Bharata, courbant la tête, prit ses pieds ''avec respect''. Elle,
à son tour, de baiser Bharata sur la tête, de serrer son fils
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/192]]==
de serrer son fils
étroitement dans ses bras, et, le faisant asseoir à son côté, de
lui adresser les questions suivantes :
Ligne 1 890 ⟶ 2 010 :
 
À ces mots de Bharata, Kêkéyî répondit, sans rougir, avec
ce langage horrible, mais où quelque douceur infusée tempéraitinfusé
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/193]]==
e tempérait
l’odieuse amertume :« Consumé de chagrins à cause de son fils, le
grand monarque, ton père, t’a légué son royaume et s’en est allé
Ligne 1 925 ⟶ 2 047 :
Il dit, et Kêkéyî interrogée tint alors ce langage à Bharata :
« Magnanime fils de roi, écoute donc la vérité entièrement ; et,
ce récit fait, prends garde, ô toi qui donnes l’honneur, de
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/194]]==
donnes l’honneur, de
t’abandonner au désespoir. Écoute de quelle manière, ayant quitté
la vie, ton père, la justice elle-même incarnée, s’en est allé
Ligne 1 957 ⟶ 2 081 :
sage qu’il est, n’aurait-il point usurpé le bien des brahmes ? Ce
digne frère n’aurait-il pas maltraité quelqu’un, riche ou pauvre ;
offense,
offense, pour laquelle mon père a banni de sa présence un fils plus
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/195]]==
pour laquelle mon père a banni de sa présence un fils plus
cher à ses yeux que la vie même ! »
 
Ligne 1 991 ⟶ 2 117 :
de mal à personne.
 
« Pourquoi, si tu veux, grâce à ton désir ''impatient'' du trône,
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/196]]==
trône,
aller au fond des enfers, pourquoi m’y entraîner moi-même après toi
dans ta chute ?
Ligne 2 023 ⟶ 2 151 :
l’adversité, remplit comme il faut les obligations qu’il doit
nécessairement acquitter est appelé un sage par les maîtres de la
science. Ainsi, revêts-toi de fermeté, rejette le chagrin de ton
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/197]]==
fermeté, rejette le chagrin de ton
cœur, et veuille bien célébrer sans délai, d’une âme rassise, les
obsèques de ton père. ''Oui'' ! il a fini comme un être sans appui,
Ligne 2 055 ⟶ 2 185 :
dit un homme, de qui l’âme s’est échappée.
 
Mais, quand il a recouvré la connaissance, il tourne les yeux vers
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/198]]==
les yeux vers
son père, et, tout plein de tristesse, lui tient ce langage comme
s’il était vivant :« Roi magnanime, lève-toi ! Pourquoi dors-tu ? Me
Ligne 2 085 ⟶ 2 217 :
la prière, Vaçishtha et Djâvâli même avec lui tinrent ce discours
au gémissant Bharata, que torturait sa douleur :« Ne t’abandonne pas
aux larmes, sage Bharata ! le maître de la terre ne doit pas être
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/199]]==
terre ne doit pas être
plaint. Veuille bien t’occuper de ses funérailles avec un esprit
calme. Les parents et les amis, qui pleurent d’une affection
Ligne 2 118 ⟶ 2 252 :
tout l’univers ! La couronne impériale, que le droit de sa naissance
avait mise au front de mon père, ''flotte incertaine'' maintenant
 
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/200]]==
qu’elle est séparée de lui, comme un navire sans gouvernail erre,
jouet ''du vent et'' des flots. »
Ligne 2 151 ⟶ 2 287 :
qu’ils emportèrent aussitôt d’un pied moins hésitant.
 
 
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/201]]==
Les domestiques du roi, tous pleurant et l’âme dans le trouble du
chagrin, marchaient devant la bière, tenant un parasol blanc, un
Ligne 2 181 ⟶ 2 319 :
anneaux de la colonne victimaire, les graminées kouças, le pilon et
le mortier, accompagnés avec les deux morceaux de bois qui, frottés
 
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/202]]==
l’un contre l’autre, avaient donné le feu pour le sacrifice.
 
Ligne 2 213 ⟶ 2 353 :
à la fatalité desquelles nul homme ne peut dérober sa tête ! »
 
 
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/203]]==
Soumantra lui-même, tandis qu’il aidait à se relever Çatroughna
gisant dessus la face de la terre, lui parla aussi de cette loi qui
Ligne 2 245 ⟶ 2 387 :
offrit au mânes ''de son père'' les oblations funèbres du douzième
et même du treizième jour. Alors, dans ces royales obsèques, il
donna aux brahmes, en vue de son père, une immense richesse, des
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/204]]==
une immense richesse, des
vêtements précieux, des vaches, des chars et des voitures, des
serviteurs et des servantes, les plus magnifiques ornements et des
Ligne 2 275 ⟶ 2 419 :
marchent devant moi ! »
 
Il dit : alors tous les ministres du feu roi, le poil hérissé de
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/205]]==
rissé de
joie, répondirent à Bharata, qui tenait un langage si bien assorti
au devoir :« Daigne Çri, ''appelée d’un autre nom'' Padmâ, te
Ligne 2 307 ⟶ 2 453 :
Ensuite le beau jeune prince, conduit par le désir de revoir enfin
Râma, se mit en route, assis dans un char superbe, attelé de chevaux
blancs. Devant lui s’avançaient tous les principaux des ministres,
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/206]]==
tous les principaux des ministres,
montés sur des chars semblables au char du soleil et traînés par
des coursiers rapides. Dix milliers d’éléphants, équipés suivant
Ligne 2 337 ⟶ 2 485 :
cœurs le plus étroitement unis par l’amitié fraternelle : le
doute m’environne de tous les côtés. Râma le Daçarathide est mon
maître, mon parent, mon ami, mon gourou : c’est pour le défendre que
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/207]]==
gourou : c’est pour le défendre que
je suis accouru vers ce fleuve du Gange. »
 
Ligne 2 369 ⟶ 2 519 :
« Que Gouha soit donc introduit en ma présence ! »
 
 
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/208]]==
Joyeux de cette permission accordée, le roi des Nishâdas, environné
de ses parents, Gouha se présenta devant Bharata, et, s’inclinant,
Ligne 2 397 ⟶ 2 549 :
les mains et lui répondit en ces termes :« Mes serviteurs, l’arc au
poing, vont te suivre, attentifs à tes ordres ; et, moi-même, je veux
t’accompagner avec eux, prince aux forces puissantes. Mais ne viens-tu
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/209]]==
Mais ne viens-tu
pas ennemi attaquer Râma aux bras infatigables ? En effet, ton
armée, comme je la vois, infiniment redoutable, excite en moi cette
Ligne 2 427 ⟶ 2 581 :
pourquoi dors-tu ? Vois, Çatroughna, le soleil, qui se lève, qui
chasse les ténèbres et qui réveille la fleur des lotus ! Amène-moi
promptement Gouha, qui règne sur la ville de Çringavéra : c’est lui,
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/210]]==
lui,
héros, qui fera passer le fleuve du Gange à cette armée. »
 
Ligne 2 458 ⟶ 2 614 :
Ensuite, Gouha fit amener un esquif magnifique, couvert d’un tendelet
jaune-pâlissant et sur lequel, résonnant de joyeux concerts,
flottait un drapeau marqué du bienheureux swastika[19]. Dans ce
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/211]]==
swastika[19]. Dans ce
navire s’embarquèrent, et Bharata, et Çatroughna d’une force
immense, et Kâauçalyâ, et Soumitrâ, et les autres épouses du feu
Ligne 2 477 ⟶ 2 635 :
montagnes flottantes, sur la cime desquelles ondule un drapeau.
 
Quand Bharata eut traversé le Gange avec son infanterie, avec ses
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/212]]==
son infanterie, avec ses
troupes montées, il dit, sous l’approbation du pourohita, ces paroles
à Gouha :« Par quelle région nous faut-il gagner la contrée où se
Ligne 2 519 ⟶ 2 679 :
nimbe d’une splendeur flamboyante. À l’aspect du saint, le digne fils
de Raghou suspend d’abord la marche des ministres ; puis il entre seul
 
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/213]]==
avec le pourohita. À peine l’ermite aux grandes macérations eut-il
aperçu Vaçishtha, qu’il se leva précipitamment de son siége et dit
Ligne 2 550 ⟶ 2 712 :
en bois venu en sa présence. Qu’on me serve donc ''sans délai'' mon
festin ! Fais couler ici toutes les rivières de la terre et du ciel
même,
même, soit qu’elles tournent à l’orient, soit qu’elles se dirigent
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/214]]==
soit qu’elles tournent à l’orient, soit qu’elles se dirigent
à l’occident ! Que les flots des unes soient de rhum ; que celles-là
soient bien apprises à rouler du vin au lieu d’eau ; que dans les
Ligne 2 579 ⟶ 2 743 :
couvrent la voûte du ciel : on entend à tous les points cardinaux
résonner les concerts des Dieux et des Gandharvas. Le plus suave des
parfums circule au sein des airs, les chœurs des Apsaras dansent, les
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/215]]==
au sein des airs, les chœurs des Apsaras dansent, les
Dieux chantent, et les Gandharvas font parler en sons mélodieux la
vînâ. Formée de cadences égales et liées entre elles avec art,
Ligne 2 608 ⟶ 2 774 :
Dieux mêmes. Quand il eut pris congé du grand saint, le héros aux
longs bras, fils de Kêkéyî, entra dans cette demeure étincelante
 
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/216]]==
de pierreries. Les ministres, sur les pas du pourohita, suivirent tous
Bharata et furent émus de joie à l’aspect du bel ordre qui régnait
Ligne 2 637 ⟶ 2 805 :
 
Les çinçapas, les myrobolans emblics, les jambous, les lianes et
tous les autres arbres de la forêt avaient pris en ce moment les
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/217]]==
ce moment les
formes de femmes charmantes dans l’ermitage de l’anachorète :
 
Ligne 2 669 ⟶ 2 839 :
Quand ils avaient mangé de ces aliments pareils à l’ambroisie, des
saveurs et des nourritures célestes n’auraient pu même exciter
en eux la moindre envie d’y goûter. Piétons, cavaliers, valets
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/218]]==
goûter. Piétons, cavaliers, valets
d’armée, ils furent ainsi tous repus jusqu’à satiété et revêtus
entièrement d’habits neufs.
Ligne 2 699 ⟶ 2 871 :
des amphores contenant des gommes, des poudres, des onguents
et différentes substances pour les ablutions, avec des boîtes
renfermant ou du sandal, soit en pâte, soit en poudre fine, ou des
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/219]]==
soit en pâte, soit en poudre fine, ou des
amas de choses propres à nettoyer les dents, à les rendre blanches,
à les faire d’une rayonnante pureté.
Ligne 2 731 ⟶ 2 905 :
 
Au saint, qui était sorti de son ermitage dans le nimbe de son éclat
suprême, Bharata, les deux paumes de ses mains réunies et le corps
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/220]]==
mains réunies et le corps
incliné, répondit en ces termes :
 
Ligne 2 765 ⟶ 2 941 :
même les pieds du solitaire.
 
Après
Après qu’il eut marché une longue route avec ses coursiers
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/221]]==
qu’il eut marché une longue route avec ses coursiers
infatigables, l’intelligent Bharata dit à Çatroughna, le docile
exécuteur de ses commandements :« Les apparences de ces lieux
Ligne 2 796 ⟶ 2 974 :
guerriers : je vais aller seul avec Soumantra et Dhrishthi. »
 
Alors cette grande armée fit halte là, regardant cette fumée qui
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/222]]==
fumée qui
s’élevait devant elle par-dessus les bois ; et l’espérance de se
réunir dans un instant au bien-aimé Râma augmentait encore la joie
Ligne 2 829 ⟶ 3 009 :
on dirait un éléphant dont la sueur de rut arrose les tempes.
 
«
« S’il me faut habiter ici plus d’un automne avec toi, femme
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/223]]==
S’il me faut habiter ici plus d’un automne avec toi, femme
charmante, et Lakshmana, le chagrin n’y pourra tuer mon âme ; car, en
cet admirable plateau si enchanteur, si couvert de l’infinie variété
Ligne 2 858 ⟶ 3 040 :
« Viens te baigner avec moi dans ses ondes agitées sans cesse par
des anachorètes vainqueurs de leurs sens, riches de pénitences
et resplendissants comme le feu du sacrifice. Plonge tes deux mains
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/224]]==
sacrifice. Plonge tes deux mains
semblables aux pétales du lotus, noble dame, plonge tes mains dans
cette rivière, la plus sainte des rivières, cueille de ses nymphéas
Ligne 2 890 ⟶ 3 074 :
répondit à son époux avec le plus doux langage et d’une voix
saturée d’amour :« Il m’est impossible de ne pas obéir à ces
paroles de toi, noble fils de Raghou ! Sans doute, c’est pour
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/225]]==
Sans doute, c’est pour
l’agrément des créatures que cet arbre étend là son ''parasol''
fleuri. » À ces mots de son épouse, il s’assit avec elle sur le
Ligne 2 922 ⟶ 3 108 :
''de singes'', et, saisie de frayeur, elle se serra palpitante contre
son époux. Celui-ci enveloppa cette femme charmante dans une
étreinte de ses longs bras, et, rassurant sa tremblante épouse, il
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/226]]==
longs bras, et, rassurant sa tremblante épouse, il
menaça le grand singe.
 
Ligne 2 954 ⟶ 3 142 :
Aussitôt Lakshmana se hâte de monter sur un arbre fleuri, d’où il
observe l’un après l’autre chaque point de l’espace. Il promène sa
vue sur la région orientale, il tourne sa face au nord, et fixant
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/227]]==
tourne sa face au nord, et fixant
là son regard attentif, il voit une grande armée toute pleine
de chevaux, d’éléphants, de chars, et dont les flancs étaient
Ligne 2 985 ⟶ 3 175 :
« Mais je ne vois pas qu’il y ait du crime à tuer Bharata : lui
mort, toi, dès ce jour, donne tes lois à la terre ! Qu’aujourd’hui
l’ambitieuse Kêkéyî contemple, bourrelée de chagrin, son fils
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/228]]==
de chagrin, son fils
abattu sous mon bras dans la bataille, comme un arbre qu’un éléphant
a brisé. »
Ligne 3 019 ⟶ 3 211 :
frère, se dirigea vers l’ermitage, accompagné de Çatroughna. Il
avait donné cet ordre à Vaçishtha le saint :« Amène vite mes
nobles mères ! » et, stimulé par l’amour qu’il portait à son frère
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/229]]==
qu’il portait à son frère
vénérable, il avait pris les devants et s’en allait d’un pied
hâté. Soumantra, de son côté, suivit également Çatroughna d’une
Ligne 3 049 ⟶ 3 243 :
dans les bornes de l’Océan, ce héros à la grande âme, à la haute
fortune, immortel comme Brahma lui-même, et qui, fidèle à marcher
dans son devoir, portait humblement alors son vêtement d’écorce et
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/230]]==
humblement alors son vêtement d’écorce et
ses cheveux à la manière des anachorètes.
 
Ligne 3 079 ⟶ 3 275 :
L’aîné des Raghouides mit un baiser au front de Bharata, le serra
dans ses bras, le fit asseoir sur le haut de sa cuisse et lui adressa
même ces questions avec intérêt :« Où ton père est-il, mon ami,
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/231]]==
Où ton père est-il, mon ami,
que tu es venu dans ces forêts ? car tu ne peux y venir ''sans lui'',
quand ton père vit encore. Va-t-il bien ce roi Daçaratha, fidèle
Ligne 3 110 ⟶ 3 308 :
subtilités, après qu’ils ont détruit en eux la vue de
l’intelligence ! As-tu soin d’imiter, jeune taureau ''du troupeau'' des
hommes, la conduite que l’on admire en ton père ? ou montres-tu déjà
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/232]]==
que l’on admire en ton père ? ou montres-tu déjà
même une gravité égale à celle de tes ancêtres ? As-tu soin de
n’employer dans les plus grandes affaires que les plus grands des
Ligne 3 140 ⟶ 3 340 :
délaissé son empire et s’en est allé dans le ciel, étouffé par
le chagrin de l’œuvre si pénible qu’il fit en exilant son fils.
Te
Te suivant partout de ses regrets, altéré de ta vue, ne pouvant
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/233]]==
suivant partout de ses regrets, altéré de ta vue, ne pouvant
séparer de ta pensée son âme toujours attachée à toi, abandonné
par toi et consumé par le chagrin de ton exil, c’est à cause de toi
Ligne 3 171 ⟶ 3 373 :
dans les forêts ! » comment pourrais-je, fils de Raghou, agir d’une
autre manière ? Ton lot est de ceindre à ton front dans Ayodhyâ
ce diadème honoré dans l’univers ; le mien est d’habiter la forêt
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/234]]==
la forêt
Dandaka, ermite vêtu d’un valkala. Quand l’éminent, le juste roi a
fait ainsi nos parts à la face de la terre ; quand, nous laissant
Ligne 3 201 ⟶ 3 405 :
Bharata ces paroles foudroyantes, semblables au tonnerre lancé dans
un combat par le céleste dispensateur des pluies, Râma étendit les
bras et
bras et tomba sur la terre, comme un arbre à la cime fleurie, que la
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/235]]==
tomba sur la terre, comme un arbre à la cime fleurie, que la
hache vient d’abattre au milieu d’une forêt. Alors ses frères et la
chaste Vidéhaine, tous en larmes et déchirés par une double peine,
Ligne 3 232 ⟶ 3 438 :
larmes !
 
Râma
Râma d’embrasser la fille éplorée du roi Djanaka, et, consumé de
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/236]]==
d’embrasser la fille éplorée du roi Djanaka, et, consumé de
tristesse, fixant un regard sur Lakshmana, il adressa au Soumitride
ces paroles désolées :« Apporte-moi des fruits d’ingouda, du marc
Ligne 3 261 ⟶ 3 469 :
aussi la nourriture des Mânes et des Dieux ! »
 
Les confuses clameurs de ces princes à la force puissante, qui
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/237]]==
qui
pleuraient en offrant le don funèbre de l’onde aux mânes de leur
noble père, vinrent frapper les oreilles des guerriers de Bharata :
Ligne 3 295 ⟶ 3 505 :
en proie à la douleur.
 
Sîtâ, dans une vive affliction, toucha en pleurant le pied de ses
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/238]]==
pied de ses
belles-mères, et se tint devant elles ses yeux baignés de larmes.
Elle fut embrassée par Kâauçalyâ, comme une fille est serrée dans
Ligne 3 326 ⟶ 3 538 :
Que tous les sujets, et les prêtres du palais, et Vaçishtha, et les
brahmanes versés dans les formules des prières te donnent l’onction
royale ici même. Sacré par nous, comme Indra par les Maroutes,
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/239]]==
Sacré par nous, comme Indra par les Maroutes,
quand il eut conquis rapidement les mondes, va dans Ayodhyâ exercer
l’empire. Va et règne là sur nous, prince vertueux, acquittant les
Ligne 3 356 ⟶ 3 570 :
Destin, qui le traîne à son gré çà et là dans le cercle de la
vie. L’éparpillement est la fin des amas, l’écroulement est la fin
 
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/240]]==
des élévations, la séparation est la fin des assemblages et la
mort est la fin de la vie. Comme ce n’est pas une autre cause que la
Ligne 3 386 ⟶ 3 602 :
de bois promené dans l’Océan ; les deux épaves se joignent, elles
demeurent quelque peu réunies et se séparent bientôt ''pour ne
plus se rejoindre'' : ainsi, les épouses, les enfants, les amis, les
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/241]]==
les épouses, les enfants, les amis, les
richesses vont de compagnie avec nous dans cette vie l’espace d’un
instant, et disparaissent ; car ils ne peuvent éviter l’heure qui les
Ligne 3 415 ⟶ 3 633 :
« Par conséquent, ces larmes, répandues sur une âme qui a reçu de
si belles destinées, elles ne siéent point à un homme sage, de ta
sorte, ni de la mienne, qui a de l’intelligence et qui possède les
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/242]]==
les
saintes traditions.
 
Ligne 3 449 ⟶ 3 669 :
 
Tandis qu’avec tristesse et la tête prosternée, Bharata suppliait
ainsi Râma, ce maître de la terre, plein d’énergie, n’en ramena
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/243]]==
n’en ramena
point davantage son esprit vers la pensée du retour, mais il demeura
ferme, sans quitter des yeux la parole de son père. À l’aspect d’une
Ligne 3 479 ⟶ 3 701 :
ses émissaires, et c’est la partie de ses fonctions que l’on appelle
''ventale''. Tel qu’Yama, une fois l’heure venue, pousse dans la tombe
également l’ami ou l’ennemi ; tel il faut qu’après un mûr examen
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/244]]==
ou l’ennemi ; tel il faut qu’après un mûr examen
tout monarque soit le même pour celui qu’il aime ou celui qu’il
n’aime pas. De même que nous voyons partout Varouna lier ce globe
Ligne 3 509 ⟶ 3 733 :
 
Aussitôt qu’il vit Bharata venir lui toucher les pieds avec sa tête,
Râma se recula vite, les yeux un peu troublés ''sous un voile'' detroublé
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/245]]==
s ''sous un voile'' de
larmes. Bharata cependant lui toucha les pieds ; et, pleurant, affligé
d’une excessive douleur, il tomba sur la terre, tel qu’un arbre abattu
Ligne 3 540 ⟶ 3 766 :
cette grande armée, je m’en vais à la ville d’Ayodhyâ ; mais avant,
fils de Raghou, je veux te rappeler une chose. N’oublie pas, ô toi,
qui sais le devoir, n’oublie pas que j’accepte, mais sous la clause
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/246]]==
n’oublie pas que j’accepte, mais sous la clause
de ces mots, les tiens, seigneur, sans nul doute :« Prends à titre de
dépôt la couronne impériale d’Ikshwâkou. »
Ligne 3 576 ⟶ 3 804 :
furent transvasées dans l’Occident.]
 
 
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/247]]==
Ensuite, quand il eut honoré ce peuple suivant les rangs, Vaçishtha,
les autres gouravas et leurs disciples, l’anachorète, honneur de la
Ligne 3 604 ⟶ 3 834 :
de la hutte sainte, descend de son char et vient toucher de sa tête
les pieds de Bharadwâdja. Tout joyeux à la vue du jeune monarque :
«
« As-tu vu Râma ? lui dit l’homme saint. As-tu fait là, mon ami, ton
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/248]]==
As-tu vu Râma ? lui dit l’homme saint. As-tu fait là, mon ami, ton
affaire ? »
 
Ligne 3 636 ⟶ 3 868 :
Quand le saint eut achevé ces mots, Bharata, joignant les mains, se
mit à lui présenter ses adieux et se prosterna même aux pieds du
solitaire à la vaste science. Ensuite, après deux et plusieurs tours
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/249]]==
Ensuite, après deux et plusieurs tours
de pradakshina autour du pieux ermite, il reprit avec ses ministres le
chemin d’Ayodhyâ ; et l’armée, dans cette marche de retour, étendit,
Ligne 3 666 ⟶ 3 900 :
Assis dans son char, Bharata, de qui l’âme prenait toutes ses
inspirations dans le devoir et dans l’amour fraternel, arriva bientôt
à Nandigrâma, portant les deux souliers avec lui. Il entra dans le
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/250]]==
souliers avec lui. Il entra dans le
village avec empressement, descendit à la hâte de son char et tint
ce langage aux vénérables :« Mon frère m’a donné lui-même cet
Ligne 3 695 ⟶ 3 931 :
l’amour de son frère aîné, se conformant à la parole de Râma,
exécutant sa promesse, il vivait dans l’attente de son retour.
Ensuite le beau jeune prince, ayant sacré les deux nobles
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/251]]==
deux nobles
chaussures, fit apporter lui-même auprès d’elles le chasse-mouche
et l’éventail, ''insignes de la royauté''. Et quand il eut donné
Ligne 3 729 ⟶ 3 967 :
 
Anasoûyâ mit un baiser sur la tête de la vertueuse Mithilienne,
et lui dit ces mots d’une voix que sa joie rendait balbutiante :« Je
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/252]]==
balbutiante :« Je
veux, de ce pouvoir ''surnaturel'', attribut de la pénitence, trésor
que m’ont acquis différentes austérités, je veux tirer un don
Ligne 3 762 ⟶ 4 002 :
tout resplendissants, leurs arcs et les deux épées, dont le
tranchant moissonne les ennemis. Ensuite Râma et Lakshmana
s’attachent les deux carquois sur les épaules, ils prennent lesé
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/253]]==
paules, ils prennent les
deux arcs à leur main, ils sortent et s’avancent pour continuer leur
visite à ''cette partie des'' ermitages ''qu’ils n’avaient pas encore
Ligne 3 793 ⟶ 4 035 :
flèches ? En effet, seigneur, l’arc du kshatrya est, dit-on, comme le
bois aliment du feu ? Placée dans sa main, l’arme augmente malgré lui
et beaucoup plus sa bouillante ardeur : aussi, l’effroi de saisir à
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/254]]==
de saisir à
l’instant les sauvages hôtes des bois, quand ils voient l’homme de
guerre s’avancer ainsi. Les armes inspirent même à ceux qui vivent
Ligne 3 825 ⟶ 4 069 :
 
« Quelle différence il y a des armes, des combats, des exercices
militaires aux travaux de la pénitence ! Celle-ci est ton devoir
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/255]]==
est ton devoir
maintenant ; observe-le : tous les autres te sont défendus.
 
Ligne 3 854 ⟶ 4 100 :
d’eux-mêmes implorer mon secours, eux secourables à ''toutes les
créatures'' ! Dans les bois qu’ils habitent, faisant du devoir leur
plaisir, des racines et des fruits leur seule nourriture, ils ne
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/256]]==
fruits leur seule nourriture, ils ne
peuvent goûter la paix un moment, opprimés qu’ils sont à la ronde
par les hideux Rakshasas. Enchaînés à tous les instants du jour
Ligne 3 883 ⟶ 4 131 :
Mandakarni, qui jadis, grâce au pouvoir de sa pénitence, créa
ce bassin d’eau, nommé le lac des Cinq-Apsaras. En effet, ce grand
solitaire, assis sur une pierre et n’ayant que le vent pour seule
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/257]]==
seule
nourriture, soutint dix mille années une pénitence douloureuse.
Effrayés d’une telle énergie, tous les dieux, Indra même à leur
Ligne 3 915 ⟶ 4 165 :
frère et de Sîtâ dans cette enceinte couverte de lianes et d’arbres
variés, où tous les anachorètes ''s’empressent de'' lui offrir les
honneurs de l’hospitalité. Ensuite, dans le cercle fortuné de leurs
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/258]]==
Ensuite, dans le cercle fortuné de leurs
ermitages, le Kakoutsthide habita fort à son aise, honoré par chacun
de ces grands saints. Alors, ce noble fils de Raghou visita l’un
Ligne 3 948 ⟶ 4 200 :
la chapelle du feu, il dit ces mots, d’une voix faible et douce, les
mains réunies en coupe, à l’invincible anachorète :« Le fils du roi
 
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/259]]==
Daçaratha, ce prince à la haute renommée, qui a nom Râma, attend
avec son frère et son épouse à la porte de ton ermitage. Il désire
Ligne 3 980 ⟶ 4 234 :
 
Alors, quand l’anachorète eut baisé sur la tête le pieux Raghouide
 
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/260]]==
courbé respectueusement :« Assieds-toi ! » lui dit cet homme à la
bien grande pénitence ; et, quand il eut honoré son hôte d’une
Ligne 4 009 ⟶ 4 265 :
Pantchavatî, lieu fortuné, aux limpides eaux, riche de fruits
doux et de succulentes racines. Vas-y, construis là un ermitage et
habite-le avec ton frère le Soumitride, observant la parole de ton
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/261]]==
ton
père telle qu’il te l’a dite. Ton histoire m’est connue entièrement,
jeune homme sans péché, grâces au pouvoir acquis par ma pénitence
Ligne 4 041 ⟶ 4 299 :
 
À ces mots, le plus éminent des oiseaux :« Çyénî mit au monde
une fille avec d’autres enfants mâles : elle fut ''nommée'' Vinatâ, et
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/262]]==
nommée'' Vinatâ, et
d’elle naquirent deux fils, Garouda et ''le cocher du soleil'', Arouna.
 
Ligne 4 076 ⟶ 4 336 :
chaumière de sa main, qui terrasse les héros des ennemis.
Intelligent ''ouvrier'', il bâtit pour le noble héritier de Raghou
une grande cabane de feuillages charmante, jolie à voir, tout à fait
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/263]]==
charmante, jolie à voir, tout à fait
ravissante. Ensuite, le beau Lakshmana descendit à la rivière de
Godâvarî, se baigna, y cueillit des fleurs et se hâta de revenir.
Ligne 4 110 ⟶ 4 372 :
nombreuses'' qualités.
 
«
« Il gèle ; le vent est âpre, la terre est couverte de fruits ; les
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/264]]==
Il gèle ; le vent est âpre, la terre est couverte de fruits ; les
eaux ne donnent plus de plaisir et le feu est agréable. ''C’est le
temps où'' ceux qui mangent de l’offrande, quand ils ont honoré les
Ligne 4 140 ⟶ 4 404 :
 
« L’homme n’imite point les exemples que lui donne son père, mais le
modèle qu’il trouve dans sa mère, » dit un adage répété de bouche
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/265]]==
dit un adage répété de bouche
en bouche dans l’univers : la conduite que Bharata mène est à rebours
du proverbe. Comment, roi des enfants de Manou, comment Kêkéyî,
Ligne 4 173 ⟶ 4 439 :
l’égard de tous les êtres, fils de Raghou ! j’ai envie, ''vaillant''
meurtrier des ennemis, j’ai envie de revoir mes parents et mes amis.
Quand j’aurai vu tous ceux que j’aime, ô le plus grand des hommes, je
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/266]]==
des hommes, je
reviendrai, s’il te plaît ; je te le dis en vérité. »
 
Ligne 4 204 ⟶ 4 472 :
aîné de ce monarque et l’on m’appelle Râma. Cette femme est Sîtâ,
mon épouse ; voici mon frère Lakshmana. Vertueux, aimant le devoir,
 
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/267]]==
je suis venu demeurer dans ces forêts à l’ordre de mon père, à
la voix de ma ''belle''-mère. Ô toi, en qui sont rassemblés tous
Ligne 4 233 ⟶ 4 503 :
des bois enchanteurs. »
 
Quand il eut ouï ce discours plus qu’horrible de la Rakshasî, le
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/268]]==
le
héros aux longs bras avertit d’un regard Sîtâ et Lakshmana. Ensuite
Râma, cet orateur habile à tisser les paroles, se mit à dire ces
Ligne 4 264 ⟶ 4 536 :
Il dit ; à ces mots de Lakshmana, ''qui semblait deviner, sous la
métamorphose de la méchante fée'', ses dents longues et saillantes
avec son ventre bombé, elle prit sottement pour la vérité même ce
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/269]]==
prit sottement pour la vérité même ce
qui était une plaisanterie. Aussi courut-elle une seconde fois vers
ce Daçarathide à la grande splendeur, assis avec Sîtâ ; et,
Ligne 4 294 ⟶ 4 568 :
tombe du haut des cieux.
 
À la vue
À la vue de sa sœur étendue à terre, inondée par le sang, le nez
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/270]]==
de sa sœur étendue à terre, inondée par le sang, le nez
et les oreilles coupés, Khara le Rakshasa lui demanda, avec des yeux
rouges de colère :« Qui donc t’a mise dans un tel état, toi qui,
Ligne 4 323 ⟶ 4 599 :
de traits, vêtus de peaux noires et d’écorces, sont entrés avec une
femme dans l’épouvantable forêt Dandaka. Allez ! et ne revenez pas
que vous
que vous n’ayez tué ces deux scélérats avec elle, car ma sœur en
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/271]]==
n’ayez tué ces deux scélérats avec elle, car ma sœur en
veut boire le sang. »
 
Ligne 4 358 ⟶ 4 636 :
colère maillets d’armes, javelots et lances. Mais Râma soudain
avec quatorze flèches brisa dans ce combat les armes de ces quatorze
Rakshasas.
Rakshasas. Ensuite, calme dans sa colère au milieu du combat,
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/272]]==
Ensuite, calme dans sa colère au milieu du combat,
il prit, aussi prompt que vaillant, quatorze nouvelles flèches
acérées. Il encocha lestement ces dards à son arc, et, visant pour
Ligne 4 390 ⟶ 4 670 :
attentifs, dévoués à moi, n’aient point exécuté mes ordres, ne
fût-ce que par attachement à leur vie ! Dis-moi quelle est donc la
cause, noble dame, qui te ramène ici : pourquoi gémis-tu, les yeux
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/273]]==
ramène ici : pourquoi gémis-tu, les yeux
dévastés par des larmes ? »
 
Ligne 4 419 ⟶ 4 701 :
la surface de la terre !
 
« Une fois Râma tué et son frère avec lui, tu pourras bientôt
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/274]]==
bientôt
faire de Sîtâ un festin, et tes cuisiniers t’apprêteront ses chairs
tendres, fines, délicieuses. »
Ligne 4 451 ⟶ 4 735 :
lapis-lazuli, où brillait en or l’astre des nuits.
 
Aussitôt que les Rakshasas à la force terrible virent Khara placé
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/275]]==
Khara placé
dans son char, ils se tinrent ''attentifs à sa voix'', rangés autour
de lui et du vigoureux Doûshana. À la vue de cette grande armée,
Ligne 4 484 ⟶ 4 770 :
 
En ce moment accoururent, désireux tous de voir ce grand combat,
et les Rishis, et les Siddhas, et les Dieux, et les principaux des
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/276]]==
et les principaux des
Gandharvas, et les célestes chœurs des Apsaras.
 
Ligne 4 517 ⟶ 4 805 :
Dans ce moment le Kakoutsthide, promenant ses yeux de tous les
côtés, vit les bataillons des Rakshasas arrivés en face de lui pour
le combat. Son arc empoigné dans une main et ses flèches tirées
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/277]]==
main et ses flèches tirées
du carquois, il se tint prêt à combattre, emplissant toute
l’atmosphère avec les sons de sa corde vibrante. Le beau jeune prince
Ligne 4 549 ⟶ 4 839 :
l’orage entrechoque de grands amas.
 
 
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/278]]==
Alors, pleins de colère, ces Démons noctivagues firent tomber
sur l’invincible aux formidables exploits une pluie de projectiles,
Ligne 4 581 ⟶ 4 873 :
 
Quand Doûshana eut aiguisé leur courage ''émoussé'' et rendu à
l’armée sa première confiance, il se précipita vers le rejeton
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/279]]==
vers le rejeton
de Kakoutstha avec la même fureur que jadis le Démon Namoutchi
s’élança contre le fils de Vasou. Tous les mauvais Génies sans
Ligne 4 612 ⟶ 4 906 :
échappant à la main coupée, tomba sur le champ de bataille avec
le bras mutilé comme un drapeau de Mahéndra tombe du faîte de son
 
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/280]]==
temple ; et Doûshana lui-même fut abattu mourant sur le sol avec ses
deux bras coupés, tel qu’un éléphant de l’Himâlaya, qui a perdu
Ligne 4 644 ⟶ 4 940 :
et s’avance le front tourné en face de Râma.
 
 
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/281]]==
Alors s’éleva sur le champ de bataille entre le Démon aux trois
têtes et le vaillant Raghouide un combat tumultueux, âpre, où
Ligne 4 675 ⟶ 4 973 :
il ne put s’empêcher aussi de songer un peu qu’un seul homme avait
anéanti cette armée et renversé les deux héros. À la pensée
d’un tel exploit, à la vue de cette preuve éclatante, où le bien
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/282]]==
la vue de cette preuve éclatante, où le bien
magnanime Daçarathide avait signalé son héroïsme, le tremblement
de la peur s’empara de Khara lui-même.
Ligne 4 705 ⟶ 5 005 :
par quatre dards en demi-lune. Dans sa colère, il en dépensa deux
pour jeter le cocher au noir séjour d’Yama, et ce héros à la grande
force en mit sept pour casser l’arc et les traits ''aigus'' dans les
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/283]]==
l’arc et les traits ''aigus'' dans les
mains de Khara. Le noble fils de Raghou frappa le joug d’un seul dard
et le coupa net ; il trancha les cinq drapeaux avec cinq traits, dont
Ligne 4 739 ⟶ 5 041 :
''généreux'' des héros ennemis, adresse à Khara ce discours d’une
voix terrible :« Ces paroles, que proclamait ta jactance par le désir
impatient de ma mort :« Je boirai ton sang ! » tu les vois démenties
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/284]]==
boirai ton sang ! » tu les vois démenties
à cette heure, ô le plus vil des Rakshasas ! Voici que ta massue,
consumée par ma flèche, n’est plus que cendre : un seul dard l’a
Ligne 4 770 ⟶ 5 074 :
Démon avec un millier de traits dans un ''dernier'' combat.
 
 
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/285]]==
Aussitôt, mêlé au chant de voix mélodieuses, il se répandit
au sein de l’atmosphère un son de tambours célestes, avec ces
Ligne 4 800 ⟶ 5 106 :
montagne, pareil aux nuées pluvieuses, invincible dans les combats
aux magnanimes Rishis, aux Yakshas, aux Dânavas, aux Dieux mêmes.
Sillonné
Sillonné des blessures faites par les traits du tonnerre dans les
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/286]]==
des blessures faites par les traits du tonnerre dans les
guerres des Asouras contre les Dieux, son corps étalait aux yeux
les nombreuses cicatrices des plaies qu’Aîrâvata[22] lui avait
Ligne 4 832 ⟶ 5 140 :
pénétré dans cette forêt Dandaka, si difficile à pratiquer ? Avec
quelle arme ce Râma a-t-il moissonné mes Rakshasas, abattu Khara sur
 
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/287]]==
le champ de bataille, et Doûshana, et Triçiras avec lui ? »
 
Ligne 4 861 ⟶ 5 171 :
digne de Sîtâ.
 
« Si mon discours te sourit, n’hésite point à l’exécuter, roi des
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/288]]==
roi des
Rakshasas ; car tu n’obtiendras jamais un plaisir égal à celui qu’il
te promet. »
Ligne 4 893 ⟶ 5 205 :
« Mâritcha, écoute maintenant les paroles que va prononcer ma
bouche, je suis affligé ; et mon suprême asile dans mon affliction,
c’est ta sainteté ! Entre plusieurs milliers rassemblés de
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/289]]==
milliers rassemblés de
Naîrritas[23], je ne trouverais nulle part, vaillant héros, un
compagnon semblable à toi dans les combats. Ne veuille point ici
Ligne 4 925 ⟶ 5 239 :
 
« Et cet être, qui a déserté le devoir, qui même ne connaît pas
le devoir, qui trouve son plaisir dans le mal des créatures, il porte
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/290]]==
des créatures, il porte
un vêtement d’écorces, il se dit un pénitent, mais il a une épouse
avec lui et son bras est armé d’un arc !
Ligne 4 955 ⟶ 5 271 :
toute sécurité. »
 
L’anachorète, engagé par ce discours à se mêler dans la grande
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/291]]==
la grande
lutte avec Râma, joignit les mains, et, l’esprit hors de lui-même,
parce qu’il avait éprouvé toute la vigueur du héros, tint à
Ligne 4 987 ⟶ 5 305 :
 
« Comment veux-tu lui ravir sa princesse du Vidéha, quand elle est
défendue par son courage et sa vigueur ? Insensé, c’est comme si tu
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/292]]==
Insensé, c’est comme si tu
voulais ravir sa lumière au soleil ! Quiconque aurait enlevé à Râma
cette épouse d’un sang égal au sien, cette ''noble'' bru du ''roi''
Ligne 5 020 ⟶ 5 340 :
se refuse au médicament :
 
«
« Comment donc viens-tu me jeter ici, Mârîtcha, ces discours sans
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/293]]==
Comment donc viens-tu me jeter ici, Mârîtcha, ces discours sans
utilité et qui ne peuvent absolument fructifier, comme le grain semé
dans une terre saline ? Il est impossible que tes paroles m’inspirent
Ligne 5 049 ⟶ 5 371 :
aussitôt que je tiendrai la Mithilienne dans mes bras. Toi, revêtu
des formes que va te prêter la magie, éloigne ces deux héros de
l’ermitage,
l’ermitage, qu’ils habitent ; égare-les au milieu de la forêt, et tu
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/294]]==
qu’ils habitent ; égare-les au milieu de la forêt, et tu
fuiras ensuite d’un pied rapide. Une fois passé au rivage ultérieur
de la mer immense et sans limite, que pourront te faire tous les
Ligne 5 081 ⟶ 5 405 :
armée ?
 
«
« Tu n’aimes pas, Démon aux dix visages, parce qu’il met un obstacle
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/295]]==
Tu n’aimes pas, Démon aux dix visages, parce qu’il met un obstacle
devant ton projet, tu n’aimes pas ce langage, que m’inspire l’amour de
ton bien ; car les hommes, que la mort a déjà rendus semblables aux
Ligne 5 114 ⟶ 5 440 :
la course : quand tu auras fasciné la Vidéhaine, sois prompt à
disparaître. Mes ordres accomplis et les deux Raghouides égarés
dans les bois, reviens aussitôt vers moi, s’il te plaît, nous irons
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/296]]==
vers moi, s’il te plaît, nous irons
de compagnie à la ville. Satisfaits d’avoir conquis Sîtâ lestement
et trompé ses deux compagnons, nous marcherons alors en pleine
Ligne 5 145 ⟶ 5 473 :
pensées en lui-même :
 
«
« Un être, qui veut le bonheur de son maître ou qui désire le ciel,
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/297]]==
Un être, qui veut le bonheur de son maître ou qui désire le ciel,
doit exécuter sans balancer ce qu’on lui commande, possible ou non :
il n’est ici nul doute. Placé entre la force épouvantable de Râma
Ligne 5 178 ⟶ 5 508 :
gazelles d’or !
 
« De cette gazelle, mon noble époux, que j’aimerais à m’asseoir
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/298]]==
m’asseoir
doucement sur la peau étalée dans ma couche et brillante comme l’or !
J’exprime là un atroce désir, malséant à la nature des femmes ;
Ligne 5 209 ⟶ 5 541 :
 
« Il n’y a point de gazelle d’or ! D’où vient donc ici dans le
monde cette association ''contre nature'' de l’or et de la gazelle ?
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/299]]==
de la gazelle ?
Réfléchis bien à cela. Cet animal aux cornes de perle et de corail,
lui, dont les yeux sont des pierres précieuses, n’est pas une vraie
Ligne 5 239 ⟶ 5 573 :
Elle dit ; et le beau Râma, à l’ouïe de ces paroles et à la vue de
cette gazelle merveilleuse, adresse, fasciné lui-même, ces mots à
Lakshmana :« Si la gazelle que je vois maintenant, fils de Soumitrâ,
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/300]]==
vois maintenant, fils de Soumitrâ,
est une création de la magie, j’emploierai tous les moyens pour
la tuer, car elle est fortement l’objet de mes désirs. Ni dans les
Ligne 5 270 ⟶ 5 606 :
Aussitôt que le rejeton et l’amour de Raghou eut fait ces
recommandations à Lakshmana, il courut du côté où se trouvait la
gazelle, bien résolu à lui donner la mort. Son arc orné et
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/301]]==
Son arc orné et
courbé en croissant à sa main, deux grands carquois liés ''sur les
épaules'', une épée à poignée d’or à son flanc et sa cuirasse
Ligne 5 302 ⟶ 5 640 :
toutes les régions du bois, comme le disque de la lune, qui paraît
et disparaît sous les nuages déchirés dans un ciel d’automne, le
Kakoutsthide, son arc à la main et se disant à lui-même :« Elle
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/302]]==
la main et se disant à lui-même :« Elle
vient !… Je la vois !… Elle disparaît encore ! » parcourut çà et
là toutes les parties du bois immense.
Ligne 5 333 ⟶ 5 673 :
À cet instant même arrivé de sa mort, voici quelle fut sa pensée :
« Si, à l’ouïe de cette voix, Sîtâ, remplie d’angoisse par l’amour
de son mari, pouvait d’une âme éperdue envoyer ici Lakshmana !… Ilé
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/303]]==
perdue envoyer ici Lakshmana !… Il
serait facile à Râvana d’enlever cette princesse, abandonnée par
Lakshmana ! »
Ligne 5 366 ⟶ 5 708 :
 
Quoi qu’elle eût dit, Lakshmana ne sortit point, obéissant à
 
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/304]]==
l’ordre qu’il avait reçu là de son frère. Alors la fille du roi
Djanaka, Sîtâ de lui adresser avec colère ces paroles :« Tu n’as
Ligne 5 394 ⟶ 5 738 :
échapper un mot qu’on puisse reprocher à son ''courage'' ! »
 
À ces mots, les yeux enflammés, de colère, la Vidéhaine répondit
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/305]]==
répondit
en ces termes amers au discours si convenable de Lakshmana :
 
Ligne 5 425 ⟶ 5 771 :
mon retour ici te voir avec Râma ! »
 
À ce langage de Lakshmana, la fille du roi Djanaka, toute baignée
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/306]]==
toute baignée
de larmes, lui répondit en ces termes :« Si je me vois privée de mon
Râma, je me noierai dans la Godâvarî, Lakshmana, ou je me pendrai,
Ligne 5 457 ⟶ 5 805 :
d’elle ! »
 
Quand Râvana eut songé à profiter aussitôt de l’occasion qui
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/307]]==
qui
s’offrait à lui, ce démon à dix faces se présenta devant la chaste
Vidéhaine sous la métamorphose d’un brahmane mendiant. Il était
Ligne 5 491 ⟶ 5 841 :
obscurité.
 
À chaque membre qu’il voyait de la belle Vidéhaine, il ne pouvait
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/308]]==
il ne pouvait
en détacher son regard, absorbé dans la contemplation d’un charme
fascinant le cœur et les yeux. Percé d’une flèche de l’amour,
Ligne 5 520 ⟶ 5 872 :
mais ornées davantage par leur beauté naturelle, ont une courbe
dessinée suivant les ''plus justes'' proportions. Tes mains bien faites
sont
sont azurées comme les pétales du lotus : ta taille est en harmonie
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/309]]==
azurées comme les pétales du lotus : ta taille est en harmonie
avec tes autres charmes, femme à l’enivrant sourire. Tes pieds,
qui, réunis maintenant, se font ornement l’un à l’autre, sont d’une
Ligne 5 550 ⟶ 5 904 :
toi à la taille enchanteresse ! Qui es-tu, jeune beauté, entre ces
Déesses ? N’es-tu pas une Gandharvî, éminente dame ? N’es-tu point
une Apsarâ,
une Apsarâ, femme à la taille svelte ? Mais ici ne viennent jamais
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/310]]==
femme à la taille svelte ? Mais ici ne viennent jamais
ni les Dieux, ni les Gandharvas, ni les hommes ; ce lieu est la demeure
des Rakshasas : comment donc es-tu venue ici ! »
Ligne 5 579 ⟶ 5 935 :
ambitieuse au cœur vil, nommée Kêkéyî, surprit le roi, mon
beau-père, et, tout d’abord, lui demanda l’exil de mon époux comme
 
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/311]]==
une grâce destinée à payer des services que jadis elle avait rendus
au vieux monarque.
Ligne 5 611 ⟶ 5 969 :
 
« Mon époux, ferme en ce qu’il a promis, obéit à sa voix et lui
répondit :« ''Je le ferai ! '' » en présence de son père. Râma est
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/312]]==
est
toujours prêt à donner, jamais à recevoir ; il ne sortira point
de sa bouche une parole qui ne soit la vérité : telle est, ''saint''
Ligne 5 640 ⟶ 6 000 :
C’est pour venir ici te voir que j’ai emprunté cette heureuse
métamorphose, moi, par qui furent mis en déroute et les hommes et
les Immortels avec le roi même des Immortels. Je suis celui qu’on
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/313]]==
qu’on
appelle Râvana, le fléau de tous les mondes ; celui sous les ordres
de qui, femme ravissante, Khara gouverne ici le Dandaka. Je suis le
Ligne 5 673 ⟶ 6 035 :
''revenir jamais'' habiter ces bois. »
 
À ces
À ces mots de Râvana, la charmante fille du roi Djanaka répondit
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/314]]==
mots de Râvana, la charmante fille du roi Djanaka répondit
avec colère au Démon, sans priser davantage ses discours :« Je serai
fidèle à mon époux, semblable à Mahéndra, ce Râma, qu’il est
Ligne 5 706 ⟶ 6 070 :
 
Le monarque des Rakshasas, quittant la forme de mendiant, revint à sa
forme naturelle avec son long cou et son corps de géant. À l’instant
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/315]]==
son corps de géant. À l’instant
ce noctivague Démon, frère puîné de Kouvéra, dépouillant ses
placides apparences de religieux mendiant, rentra dans la ''hideuse''
Ligne 5 737 ⟶ 6 103 :
Elle, baignée de larmes et pleine de colère :« Méchant, dit
alors Sîtâ, tu mourras immolé par la vigueur du magnanime Râma !
Insensé, tu exhaleras bientôt avec les tiens, ô le plus vil des
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/316]]==
les tiens, ô le plus vil des
Rakshasas, ton dernier soupir ! »
 
Ligne 5 766 ⟶ 6 134 :
et le jour se partagent le cercle diurne en deux parties égales, le
quantième du mois où la lune remplit de lumière toute la moitié de
son disque, et l’heure du jour où le soleil arrive à la moitié de
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/317]]==
jour où le soleil arrive à la moitié de
sa carrière.
 
Ligne 5 799 ⟶ 6 169 :
immense, tu es le plus élevé dans la race des Rakshasas et tu as
maintes fois vaincu les dieux en bataille. Je ne suis plus qu’un
oiseau
oiseau vieux, affaibli dans sa vigueur ; mais tu vas connaître dans un
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/318]]==
vieux, affaibli dans sa vigueur ; mais tu vas connaître dans un
combat, petit-fils de Poulastya, ce qui me reste encore de vaillance,
et tu n’en sortiras point vivant !
Ligne 5 829 ⟶ 6 201 :
la mort a passé déjà son lacet autour de ton cou ? Insensé, il ne
faut pas entrer dans une condition où l’on trouverait sa mort ; et
l’homme ne doit pas accepter une perle même, si elle peut un jour
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/319]]==
perle même, si elle peut un jour
amener sa ruine !
 
Ligne 5 860 ⟶ 6 234 :
aux dix visages, perça le volatile à son tour avec ses flèches
empennées d’or et semblables au tonnerre même. Néanmoins, sans
penser ni aux dards que lui décochait Râvana, ni même à ses
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/320]]==
ses
blessures, le roi des oiseaux fondit sur lui tout à coup.
 
Ligne 5 892 ⟶ 6 268 :
crièrent-ils.
 
Quand il eut exécuté ce lourd travail, Djatâyou, sur qui pesait
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/321]]==
pesait
le poids de la vieillesse, en ressentit de la fatigue : Râvana
l’observait, et, quand il vit le prince des oiseaux déjà las par
Ligne 5 923 ⟶ 6 301 :
vigueur, de puissance et ton ''plus grand'' courage : cruel, tu ne t’en
iras pas vivant ! Ravisseur des épouses d’autrui, âme impatiente,
vendue au
vendue au mensonge, amie de la cruauté, tu brûleras dans
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/322]]==
mensonge, amie de la cruauté, tu brûleras dans
l’épouvantable Naraka sur le feu de ton action ! »
 
Ligne 5 954 ⟶ 6 334 :
perça le flanc, il coupa les deux pieds, il trancha les deux ailes de
l’oiseau, qui luttait si vaillamment pour la cause de Râma. Ses
ailes abattues par le Rakshasa aux féroces exploits, le vautour tomba
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/323]]==
aux féroces exploits, le vautour tomba
rapidement sur la terre, n’ayant plus qu’un souffle de vie.
 
Ligne 5 982 ⟶ 6 364 :
sa douce voix ces cris répétés :« Sauve-moi ! sauve-moi ! »
 
Mais lui, pareil à la mort, il saisit par les cheveux ''comme'' pour
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/324]]==
comme'' pour
trancher sa vie, cette femme consternée, à la voix expirante,
isolée de son époux dans ces bois. À la vue de cette violence
Ligne 6 014 ⟶ 6 398 :
rompit au milieu du sein et parut dans sa chute comme le Gange, qui
se répand du ciel sur la terre. Battus par le vent, tous les arbres,
habité
habités par les familles des oiseaux ''les plus'' variés, semblaient
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/325]]==
s par les familles des oiseaux ''les plus'' variés, semblaient
dire avec le bruit de leurs cimes émues :« Ne crains pas ! ne crains
pas ! »
Ligne 6 045 ⟶ 6 431 :
des Rakshasas, ton courage sans pareil ! Tu m’as conquise, ''vraiment'' !
dans un noble combat, où ton nom fut proclamé ''à haute voix'' ! Ce
cri, qui ressemblait à la voix de Râma, ce cri de détresse, qui
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/326]]==
ce cri de détresse, qui
déchira mon cœur, n’était qu’un artifice de toi ! Comment n’as-tu
pas de honte, vil Démon, après que tu as commis une telle action, le
Ligne 6 075 ⟶ 6 463 :
femme à la taille gracieuse n’avait plus ni sa divine aigrette de
pierreries ni aucune de ses parures. Les chefs des singes, tournant
vers Sîtâ les regards curieux de leurs yeux bistrés, virent alors
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/327]]==
curieux de leurs yeux bistrés, virent alors
cette dame aux grands yeux, qui invectivait Râvana.
 
Ligne 6 107 ⟶ 6 497 :
de chagrins, parce qu’elle en est séparée, n’ayant plus maintenant
sous les yeux que des Rakshasas et harcelée sans cesse par les
menaces de
menaces de leurs femmes :« Comment, se dira-t-elle, entrée dans
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/328]]==
leurs femmes :« Comment, se dira-t-elle, entrée dans
Lankâ, ville bâtie sur une île de la mer, souveraine des rivières
et des fleuves ; comment Râma saura-t-il que l’on me retient ici et
Ligne 6 136 ⟶ 6 528 :
Raghou, accompagné de son frère et suivi de son armée, t’emmènera
dans sa ville, après qu’il aura fait mordre la poussière à tous
les Rakshasas, grâce à la vigueur de son bras, et tué Râvana même
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/329]]==
la vigueur de son bras, et tué Râvana même
dans une bataille. ''Oui'' ! Djanakide, vainqueur de Râvana et de son
armée, ce puissant guerrier t’emmènera de ces lieux sur le char
Ligne 6 167 ⟶ 6 561 :
maintenant de la manière que t’ont vu le roi mon beau-père et le
souverain de Mithila, mon père : tu es, divin Indra, le protecteur de
mon époux. Il vit donc heureux, mon noble Raghouide, avec son frère
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/330]]==
avec son frère
sous ta céleste protection ! J’en reçois la nouvelle avec bonheur,
Dieu à la force immense. Ce lait immortel et suprême, donné par
Ligne 6 201 ⟶ 6 597 :
 
Tandis qu’il agitait ces réflexions en lui-même, le Raghouide
''
''inquiet'' rencontra Lakshmana accourant à sa rencontre avec une
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/331]]==
inquiet'' rencontra Lakshmana accourant à sa rencontre avec une
splendeur éteinte. À ce héros triste, abattu, consterné, le visage
altéré, Râma encore plus consterné lui-même de jeter ces mots
Ligne 6 229 ⟶ 6 627 :
 
À ces mots, le Soumitride aux signes heureux, Lakshmana, tout plongé
dans la douleur et le chagrin, fit cette réponse au noble enfant de
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/332]]==
cette réponse au noble enfant de
Raghou :« Ce n’est pas de moi-même, par un acte de mon plein gré,
que je suis venu, abandonnant Sîtâ. Elle m’en a donné l’ordre
Ligne 6 259 ⟶ 6 659 :
reçoit la mort, ne te flatte pas encore, Lakshmana, de posséder sa
femme ! » --Ainsi invectivé par la Vidéhaine, je suis sorti indigné
de l’ermitage, mes yeux rouges et mes lèvres tremblantes de
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/333]]==
mes yeux rouges et mes lèvres tremblantes de
colère. »
 
Ligne 6 290 ⟶ 6 692 :
Vidéhaine, que deux Rakshasas ''impurs'' se disputaient. Que devint,
''hélas'' ! entre ces deux noctivagues, qui se battaient pour elle, son
visage,
visage, dont l’éclat sans tache ressemble à l’astre des nuits ?
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/334]]==
dont l’éclat sans tache ressemble à l’astre des nuits ?
 
« À qui appartient, mon ami, ce grand arc, avec des ornements d’or et
Ligne 6 321 ⟶ 6 725 :
Animés par le désir de voir Sîtâ, les deux héros visitèrent, et
les forêts, et les montagnes, et les fleuves, et les étangs. Râma,
secondé par Lakshmana, de fouiller toute la montagne avec ses bois et
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/335]]==
toute la montagne avec ses bois et
ses bocages : ils sondèrent tous les deux les plateaux, les grottes et
les viviers fleuris de ce mont aux cimes nombreuses, couvert par des
Ligne 6 353 ⟶ 6 759 :
Râvana sur le sol de la terre avec son char fracassé. Cet arc ici
rompu est à lui ; c’est encore à lui cette ombrelle déchirée : c’est
à lui
à lui qu’appartient ce char de guerre, et c’est moi qui l’ai brisé.
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/336]]==
qu’appartient ce char de guerre, et c’est moi qui l’ai brisé.
Ici, j’ai livré à deux et plusieurs fois une longue, une affreuse
bataille à Râvana, et j’ai déchiré ses membres à grands coups de
Ligne 6 383 ⟶ 6 791 :
amené ta mort à toi-même.
 
« Pour quelle raison Sîtâ fut-elle enlevée ? Quelle offense Râvana
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/337]]==
Râvana
avait-il reçue de moi ? ou dans quel lieu avait-il vu ma bien-aimée ?
Quelle est la forme, quelle est la vigueur, quelles sont les prouesses
Ligne 6 417 ⟶ 6 827 :
 
À la vue du volatile gisant, la vie éteinte, comme une montagne
''écroulée'', Râma dans le plus amer des chagrins, dit ces mots
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/338]]==
dit ces mots
au fils de Soumitrâ :« Cet oiseau, qui parcourut de si nombreuses
années la forêt Dandaka et qui demeurait tranquillement ici dans le
Ligne 6 446 ⟶ 6 858 :
fortunée.
 
 
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/339]]==
Le lendemain, ils se lèvent à l’aube naissante et vaquent ensemble
aux prières du jour. Ce devoir accompli, les deux héros à la grande
Ligne 6 478 ⟶ 6 892 :
quadrupèdes ou volatiles.
 
À
À peine les deux frères avaient-ils parcouru l’intervalle d’une
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/340]]==
peine les deux frères avaient-ils parcouru l’intervalle d’une
lieue seulement, qu’ils furent saisis par ce colosse aux longs bras.
Embrassés fortement par le monstre que tourmentait la faim, les deux
Ligne 6 508 ⟶ 6 924 :
Tandis qu’il parlait ainsi, l’auguste fils du roi Daçaratha, ce
héros fameux, au courage inébranlable, à la vigueur infaillible,
jetant les yeux sur Lakshmana, de qui tout l’extérieur annonçait la
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/341]]==
tout l’extérieur annonçait la
fermeté d’âme, conçut aussitôt la pensée de couper les bras du
colosse.
Ligne 6 539 ⟶ 6 957 :
inspira de me trancher ces deux bras, semblables à des massues !
 
« Dévoré par la faim, dans ma vertu éteinte, je ne faisais grâce
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/342]]==
grâce
à rien de ce qui passait à ma portée, gazelle ou buffle, ours et
tigre, éléphant ou homme ! Mais aujourd’hui que j’ai vu, dans le
Ligne 6 571 ⟶ 6 991 :
 
« Alors, devenu ce que tu vois, rejeté hors de ma beauté, avec ma
splendeur éteinte, je dis au roi des Immortels, en réunissant les
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/343]]==
en réunissant les
paumes de mes deux mains à ''l’endroit où n’était plus'' mon front :
« Transformé par la foudre, les jambes tronquées et ma bouche
Ligne 6 603 ⟶ 7 025 :
 
À ces mots de Râma composés de syllabes attendrissantes, Danou,
habile à manier la parole, fit cette réponse au fils éloquent
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/344]]==
au fils éloquent
de Raghou :« Je n’ai plus ma science céleste ; je ne connais pas
ta Mithilienne ; mais je pourrai t’indiquer un être qui doit la
Ligne 6 635 ⟶ 7 059 :
était'' Kabandha :« Apprends, fils de Raghou, dit-il à Râma, qui
doit un jour te rendre Sîtâ. Près d’ici est une rivière nommée
Pampâ, dans son voisinage est un lac ; ensuite, une montagne appelée
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/345]]==
lac ; ensuite, une montagne appelée
Rishyamoûka : dans ses forêts habite Sougrîva, personnage à la
grande vigueur, qui peut changer de forme à sa fantaisie. Va le
Ligne 6 670 ⟶ 7 096 :
la Pampâ.
 
 
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/346]]==
Sous l’éventail d’un frais zéphir au souffle caressant, Râma joyeux
sentit avec le Soumitride se dissiper toute sa fatigue, au spectacle
Ligne 6 702 ⟶ 7 130 :
cime de la montagne.
 
 
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/347]]==
Quand Sougrîva eut sauté de sommet en sommet, rapide comme le
vent ou les ailes de Garouda, il s’arrêta enfin sur la crête
Ligne 6 732 ⟶ 7 162 :
ici. »
 
 
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/348]]==
Hanoûmat eut à peine entendu ces grandes paroles de Sougrîva, qu’il
s’élança de la montagne, où les racines des arbres puisaient leur
Ligne 6 762 ⟶ 7 194 :
et me semblez être des Immortels ? Vous, qui avez des yeux comme les
pétales du lotus ; vous au front de qui vos cheveux en djatâ forment
un diadème ; vous, de qui l’un est le portrait vivant de l’autre, etl’
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/349]]==
un est le portrait vivant de l’autre, et
qui paraissez venir du monde des grands Dieux ?
 
Ligne 6 793 ⟶ 7 227 :
Daçaratha, plein de constance, ami du devoir, et de qui ce héros
appelé Râma est le fils premier né, de haute renommée, dévoué au
devoir, tempéré, doux, trouvant son bonheur dans le bien de tous les
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/350]]==
doux, trouvant son bonheur dans le bien de tous les
êtres, secourable à ceux qui ont besoin de secours, accomplissant
ici les ordres de son père. En effet, ce Raghouide à l’éclatante
Ligne 6 823 ⟶ 7 259 :
mots :« Allons, reprit-il, où m’attend le singe Sougrîva. En guerre
déclarée avec son frère, en butte aux vexations répétées de
Bâli et renversé du trône, ''comme toi'', ce prince, qui s’est vu
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/351]]==
comme toi'', ce prince, qui s’est vu
aussi ravir son épouse, tremble ''sans cesse'' au milieu des bois.
Accompagné de nous, Sougrîva, compatissant aux peines de Râma,
Ligne 6 855 ⟶ 7 293 :
Le roi des singes prit soudain la forme humaine, et, revêtu d’un
extérieur admirable, tint ce langage à Râma :« Ta grandeur est
façonnée au devoir, elle est pleine de vaillance, elle est amie du
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/352]]==
elle est amie du
bien : c’est avec raison que le fils du Vent attribue à ta grandeur
ces belles qualités. Aussi l’honneur même que j’ai maintenant de
Ligne 6 886 ⟶ 7 326 :
jure, ami, par la vérité ! je sais à la ressemblance des situations
''qui enleva ton épouse'' : car c’est ta Mithilienne, sans doute, que
j’ai vue ; c’est elle qu’un Rakshasa cruel emportait, criant d’une
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/353]]==
qu’un Rakshasa cruel emportait, criant d’une
manière lamentable :« Râma !… Lakshmana !… Râma ! Râma ! » et se
débattant sur le sein du monstre comme l’épouse du roi des serpents
Ligne 6 918 ⟶ 7 360 :
 
Le roi des singes alors serra le Raghouide avec amour dans ses bras,
et, vivement affligé, ses mains jointes, il tint ce langage à
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/354]]==
il tint ce langage à
l’époux de Sîtâ, qui fondait en larmes :
 
Ligne 6 949 ⟶ 7 393 :
et convenable que doit faire un ami tendre et bon, tu l’as faite,
Sougrîva. Un ami tel que toi est un trésor bien rare surtout dans ce
temps-ci. Il te faut employer tes efforts à la recherche de ma chère
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/355]]==
la recherche de ma chère
Mithilienne et du cruel Démon à l’âme méchante qui a nom Râvana.
Trace-moi en toute confiance quelle marche je dois suivre ; et que mon
Ligne 6 979 ⟶ 7 425 :
syllabes :« Les persécutions me forcent, Râma, d’errer çà et là
dans cette terre… Après que mon frère m’eut enlevé mon épouse,
je suis
je suis venu chercher un asile dans les ''bois du'' Rishyamoûka ; mais,
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/356]]==
venu chercher un asile dans les ''bois du'' Rishyamoûka ; mais,
redoutant le vigoureux Bâli, en guerre déclarée avec lui, en butte
à ses vexations, mon âme tremble sans cesse au milieu des forêts.
Ligne 7 010 ⟶ 7 458 :
 
« Autrefois Bâli transperça d’une flèche trois palmiers d’un seul
coup dans les sept que voici, répondit le singe à Lakshmana : ''eh
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/357]]==
eh
bien'' ! que Râma les perce tous à la fois d’une seule flèche et je
crois à l’instant qu’il peut tuer Bâli ! »
Ligne 7 042 ⟶ 7 492 :
colère et défia Bâli au combat. Mon frère entendit au milieu des
ténèbres ce rugissement d’un bruit épouvantable ; et, tombé sous le
pouvoir de la colère, il s’élança hors de la gueule ouverte de sa
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/358]]==
ouverte de sa
caverne, malgré tous les efforts de ses femmes et de moi-même pour
empêcher qu’il ne franchît le seuil. Il nous repoussa tous, et, sans
Ligne 7 072 ⟶ 7 524 :
 
« Enfin, après ce long espace de temps écoulé, je vis, à n’en pas
douter, je vis sortir de cette catacombe un fleuve de sang écumeux ;
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/359]]==
fleuve de sang écumeux ;
et ''tout'' mon cœur en fut troublé. En même temps il vint du milieu
de la caverne à mes oreilles un grand bruit de rugissements, jetés
Ligne 7 102 ⟶ 7 556 :
batailles et plein d’un immense orgueil, vint une nuit me défier
au combat. À peine eus-je entendu ses rugissements furieux, je
m’élançai
m’élançai hors de la gueule ouverte de ma caverne ; et cet ennemi,
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/360]]==
hors de la gueule ouverte de ma caverne ; et cet ennemi,
que j’ai là sous la figure de mon frère, me suivit d’un pied rapide.
Quand le Démon aux grandes forces me vit marcher dans la nuit,
Ligne 7 132 ⟶ 7 588 :
de pied redoublés ma prison, et, sorti de cette manière, je revins
chez moi ''sain et sauf'', comme j’en étais parti. Il m’avait donc
enfermé là ce cruel, à qui la soif de ma couronne fit oublier
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/361]]==
qui la soif de ma couronne fit oublier
l’amitié qu’il devait à son frère ! »
 
Ligne 7 162 ⟶ 7 620 :
brillent à l’égal du soleil, je les enverrai se plonger dans le
cruel Bâli. ''Oui'' ! Bâli, cette âme corrompue, le corrupteur des
bonnes mœurs, n’a plus de temps à vivre que celui où mes yeux
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/362]]==
plus de temps à vivre que celui où mes yeux
n’auront pas encore pu voir ce ravisseur de ton épouse. »
 
Ligne 7 192 ⟶ 7 652 :
cette montagne elle-même, hantée par les Dânavas ? Maintenant mon
chagrin est dissipé ; maintenant mon ''cœur'' est inondé par la joie ;
maintenant
maintenant je vois déjà étendu mort sur un champ de bataille ce
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/363]]==
je vois déjà étendu mort sur un champ de bataille ce
Bâli, toujours ivre de combats ! »
 
Ligne 7 221 ⟶ 7 683 :
 
Quand le vigoureux Bâli entendit les rugissements épouvantables de
son frère, sa colère s’enflamma soudain, et furieux sortit de
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/364]]==
et furieux sortit de
sa caverne, comme le soleil, qui sort du milieu des nuages. Alors,
s’éleva entre ces deux rivaux un combat d’un assourdissant tumulte :
Ligne 7 254 ⟶ 7 718 :
Le noble Raghouide, accompagné de son frère et des ministres, s’en
vint lui-même trouver Sougrîva dans cette retraite ; et, quand le
singe infortuné vit Râma en sa présence avec Lakshmana et ses
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/365]]==
sa présence avec Lakshmana et ses
conseillers, il tint ce langage, baissant la tête et plein de
honte :« Après que tu m’as fait admirer ta force et que tu m’as dit :
Ligne 7 285 ⟶ 7 751 :
 
« Héros, dit le singe, tu m’as promis naguère que ta ''flèche'' lui
porterait la mort : tâche que ta promesse, comme une liane en fleurs,
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/366]]==
comme une liane en fleurs,
ne tarde point à nous donner son fruit ! »
 
Ligne 7 321 ⟶ 7 789 :
importance.
 
« J’
« J’ai ouï dire avant ce jour que Sougrîva s’est lié par une
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/367]]==
ai ouï dire avant ce jour que Sougrîva s’est lié par une
fraternité d’armes avec le sage Râma, de qui la vaillance est
éprouvée et de qui la flèche ne manque jamais le but.
Ligne 7 352 ⟶ 7 822 :
égard : s’il a de la reconnaissance et s’il connaît le devoir, il
ne peut commettre une mauvaise action. Quitte donc ce souci ! je vais
sortir, combattre avec Sougrîva et lui arracher son arrogance, mais
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/368]]==
Sougrîva et lui arracher son arrogance, mais
je ne veux pas lui ôter la vie.
 
Ligne 7 383 ⟶ 7 855 :
lève'' un grand arbre, qu’il abat sur le sein de Bâli, comme la
foudre tombe sur une haute montagne. La chute de cette masse étourdit
''un moment'' son ennemi, qui s’était approché de nouveau pour
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/369]]==
qui s’était approché de nouveau pour
le combat : accablé sous la pesanteur du coup, Bâli chancelle et
vacille.
Ligne 7 416 ⟶ 7 890 :
mort si horrible de son mari, qu’elle sortit, versant des larmes,
précipitant son pas, accompagnée de son fils, hors de cette caverne
de la montagne. Elle vit les singes tremblants fuir d’une course
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/370]]==
Elle vit les singes tremblants fuir d’une course
légère comme des gazelles ''épouvantées'', quand ''un chasseur a''
tué la reine du troupeau et dispersé toute la bande :« Singes, leur
Ligne 7 448 ⟶ 7 924 :
femme aux bras charmants se broya de coups elle-même.« Hâ !
s’écria-t-elle, je suis morte ! » puis elle tomba sur la face de la
terre et s’y roula comme une gazelle qu’un avide chasseur a blessée
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/371]]==
roula comme une gazelle qu’un avide chasseur a blessée
mortellement. Ceux qui formaient la cour du ''magnifique'' Bâli et les
dames simiennes de son intérieur, tous alors de s’élancer avec des
Ligne 7 478 ⟶ 7 956 :
réside en elle se répandra sur toi ! »
 
 
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/372]]==
Il dit, et, dès qu’il eut parlé de cette manière à Sougrîva,
Bâli à la haute renommée, courbant la tête, s’adressa, les mains
Ligne 7 508 ⟶ 7 988 :
extrêmes. »
 
 
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/373]]==
Il n’avait pas encore achevé de parler sous l’oppression violente du
trait ''acéré'' que ses yeux se roulent affreusement dans leur orbite,
Ligne 7 537 ⟶ 8 019 :
rentré dans le devoir, ''à la fin de sa vie'', le Paradis lui fut
donné pour sa récompense. Nous avons accordé ce qu’il faut à la
douleur :
douleur : accomplissons maintenant ce qu’il est à propos de faire »
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/374]]==
accomplissons maintenant ce qu’il est à propos de faire »
 
Les yeux troublés de larmes, Târâ et les autres dames singes,
Ligne 7 569 ⟶ 8 053 :
troublés, il décrivit un pradakshina autour de son père, qui s’en
allait pour un long voyage. Enfin, quand les singes ont honoré
Bâli suivant
Bâli suivant les rites, ils descendent faire la cérémonie de l’eau
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/375]]==
les rites, ils descendent faire la cérémonie de l’eau
funèbre dans la Pampâ aux ondes fraîches et limpides. Ce devoir
accompli, ils sortent de la rivière et viennent tous avec leurs
Ligne 7 600 ⟶ 8 086 :
que voici devant tes yeux, comme le roi de la jeunesse.
 
« Ce mois de Çrâvana, plongé dans la pluie, est le premier des
==[[Page:Ramayana trad Hippolyte Fauché vol1.djvu/376]]==
premier des
mois pluvieux : nous voici entrés, mon ami, dans les quatre mois de
la saison des pluies. Ce temps ne convient pas au rassemblement d’une
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Le sommeil n’approchait pas de la couche où Râma était allé se
reposer durant les nuits noyé dans les pleurs et le chagrin, il n’y
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et le chagrin, il n’y
avait que le souci dont il reçût la visite.
 
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ne réclame de toi le retour du plaisir qu’il t’a fait le premier :
veuille donc rassembler, roi des singes, les plus vaillants de tes
guerriers. Car les héros simiens à la grande vigueur ont des routes
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simiens à la grande vigueur ont des routes
difficiles à parcourir : ainsi, ne laisse pas un trop long temps
s’écouler sans leur envoyer tes ordres. »
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qui sont engagés dans une guerre l’un avec l’autre, ne manquent pas
la saison du rassemblement des armées. C’est la première chose dont
s’occupent les princes qui désirent la victoire ; et cependant je ne
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princes qui désirent la victoire ; et cependant je ne
vois ni Sougrîva, ni rien qui annonce une levée de cette nature. Ces
quatre mois de la saison pluvieuse, bel ami, ont passé lents comme un
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Lakshmana, ce prince fortuné, au corps semé de signes heureux,
se dirigea donc ''lestement'' vers la cité des singes. Bientôt il
aperçut la ville du roi des simiens, pleine de singes à la grande
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singes à la grande
vigueur, hauts comme des montagnes, ''les yeux'' attentifs ''au signe du
maître''. Effrayés par sa vue, tous ces quadrumanes, semblables à
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c’est d’eux que tes mains ont reçu le royaume. Un seul de ces deux,
Lakshmana se tient à la porte, son arc à la main, et les singes
tremblants ont jeté ce cri d’épouvante à sa vue. Lakshmana, qui
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qui
sait manier les rênes de la parole, vient ici, monté, suivant
l’ordre de Râma, sur le char de sa résolution. »
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« Il n’y a rien d’étonnant, souverain des tribus simiennes, à ce que
tu n’aies pas oublié cet éminent service tout de bienveillance ;
car ce fut pour le seul plaisir de t’obliger que ce héros de Raghou
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que ce héros de Raghou
tendit son grand arc et donna la mort à Bâli d’une force égale à
celle du ''puissant'' Indra. Le Raghouide est irrité de l’indifférence
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crainte et j’ai tenu devant toi ce langage salutaire. »
 
FIN DU
== reste ==
PREMIER VOLUME