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plus ferme, que dans ce livre où l'auteur de ''La Guerre et la Paix'' et de la ''Mort d’Ivan Iliitch'' a résumé l’expérience, non seulement, comme il le dit, des quinze dernières années, mais d’une longue vie toute employée au service de l’art. Pourquoi donc faut-il que, pour nous entendre avec lui sur tout cela, nous soyons forcés d’admettre, du même coup, que l’art consiste « à faire passer les conceptions religieuses du domaine de la raison dans celui du sentiment », qu’il est essentiellement distinct de la beauté, et que toute œuvre d’art doit émouvoir tous les hommes de la même façon ?
DU TRADUCTEUR V


Et, à ce propos, il y a encore une objection que je ne puis m’empêcher de soumettre, bien respectueusement, au comte Tolstoï, comme aussi aux lecteurs français de son livre. Il nous dit-lui même que, pour ''universel'' que doive être l’art véritable, « le meilleur discours, prononcé en chinois, restera incompréhensible à qui ne sait pas le chinois ». Et il reconnaît ailleurs que la valeur artistique d’une œuvre d’art ne consiste ni dans son fond, ni dans sa forme, mais dans une harmonie parfaite de la forme et du fond. Or, cela étant, j’ai la conviction que, si même je savais le chinois, la véritable valeur artistique d’un discours chinois me resterait incompréhensible. J’en comprendrais le fond, ou plutôt je croirais le comprendre ; mais ce
plus ferme, que dans ce livre où l'auteur de La
Guerre tt la Paix&làt \a.Mort d^Ivanlliitch a résu-
mé l'expérience, non seulement, comme il le dit,
des quinze dernières années, mais d'une longue vie
toute employée au service de l'art. Pourquoi donc
faut-il que, pour nous entendre avec lui sur tout
cela, nous soyons forcés d'admettre, du même
coup, que l'art consiste « à faire passer les con-
ceptions religieuses du domaine de la raison dans
celui du sentiment », qu'il est essentiellement
distinct de la beauté, et que toute oeuvre d'art doit
émouvoir tous les hommes de la même façon ?

Et, à ce propos, il y a encore une objection que
je ne puis m'empêcher de soumettre, bien respec-
tueusement, au comte Tolstoï, comme aussi aux
lecteurs français de son livre. Il nous dit-lui même
que, pour imiversei que doive être l'art véritable,
« le meilleur discours, prononcé en chinois, restera
incompréhensible à qui ne sait pas le chinois ».
Et il reconnaît ailleurs que la valeur artistique
d'une œuvre d'art ne consiste ni dans son fond,
ni dans sa forme, mais dans une harmonie parfaite
de la forme et du fond. Or, cela étant, j'ai la con-
viction que, si même je savais le chinois, la véri-
table valeur artistique d'un discours chinois me
resterait incompréhensible. J'en comprendrais le
fond, ou plutôt je croirais le comprendre ; mais ce

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