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volontiers les voix muettes : ils proclament leurs adhérents les non-votants. Système commode, qui fait plaisir aux vaincus, dont le contingent se trouve ainsi théoriquement grossi, mais qui est absolument dénué de bonne foi, de vraisemblance aussi.

On doit poser ce principe, que le chiffre des abstentionnistes ne peut prendre une signification que lorsqu’il a été précédé d’une délibération publiée, d’une résolution, d’un concert, annoncés, entre les membres d’un même parti. Encore cette répartition pourrait-elle souvent se trouver lourde d’erreur. Dans les assemblées parlementaires, où l’abstention est pratiquée fréquemment, et divulguée nominativement par les scrutins publics, elle est prise pour une déclaration de neutralité, ou de désintéressement dans la question posée. Elle ne peut être que très rarement considérée comme la manifestation d’une opinion précise. Elle est souvent une réserve prudente de l’élu, redoutant de mécontenter une portion des électeurs et de compromettre ses chances futures en prenant part ; il ménage ainsi, comme on dit, la chèvre et le chou. C’est presque toujours une finesse blâmable, qui ne trompe personne, et une couardise qui dissimule assez mal le véritable sentiment du non-opinant. Le gouvernement, lorsqu’il a posé la question de confiance, ne s’y méprend pas. Les abstentionnistes, ou ceux qui se sont réfugiés à la commission du budget pendant le vote, espèrent sa chute, sans vouloir paraître y contribuer. Ici, dans une consultation générale du suffrage universel, mais consultation peu ordinaire, singulièrement spontanée, où il n’y avait eu ni professions de foi d’affichées, ni programmes discutés, ni candidats présentés par des comités, où les électeurs, brusquement convoqués ; avaient dû, dans quelques heures, se décider à voter et faire un choix, les abstentions ne pouvaient avoir le caractère