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prise du travail, des affaires, si impatiemment attendue, devait être la conséquence logique de l’installation d’un gouvernement régulier dans la Cité. Car nul ne doutait de la régularité et de la légalité de la Commune qu’on élisait, qui allait entrer en fonctions.

Les maires, élus au 8 novembre, pouvoir institué par le suffrage universel, n’avaient-ils pas accepté, contresigné la convocation des électeurs ? Ces maires n’avaient-ils pas agi avec mandat, avec approbation du gouvernement ? N’étaient-ils pas autorisés par un acte public du ministre de l’intérieur Picard à prendre toutes les décisions utiles et nécessaires, pour le bien de la Ville de Paris, en l’absence du Gouvernement ? Cette utilité et cette nécessité pouvaient-elles être contestées en ce qui concernait la convocation des électeurs et la nomination du conseil communal ? Nul ne pouvait concevoir le moindre doute sur la légitimité d’élections faites dans ces conditions. On se disait que le danger d’un conflit avec Versailles étant conjuré, il n’y aurait plus place que pour une bataille pacifique autour des théories, des principes, des systèmes. Dans les milieux bourgeois, où l’on prévoyait l’élection de nombreux représentants de la classe ouvrière, on se préparait a des concessions, et l’on se disait que les masses populaires, à qui l’on devait la victoire du Dix-Huit mars, méritaient qu’on s’occupât de leurs intérêts, de leurs besoins. L’opinion moyenne était que la Commune, gouvernement fait par le peuple, avait pour devoir, pour raison d’être, de transformer, non pas violemment et par à coups révolutionnaires, mais par une série de mesures légales, transitoires, acceptables par tous, la société jusque-là trop exclusivement organisée au profit des classes favorisées par l’héritage et la possession des instruments de production de la richesse, par le capital en un mot.