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mais on n’appréhendait plus aucun effort d’un mourant : cependant il en fit un dernier qui renouvela le trouble. Il se traîna sur les coudes et sur les genoux avec une vigueur et un air menaçant qui écartèrent les plus proches, moins de frayeur, à la vérité, que d’étonnement, car il était trop mutilé pour leur nuire. Dans ce moment, les missionnaires, qu’on donne ici pour témoins, s’étant approchés de lui et lui ayant remis devant les yeux les sentimens de religion qu’ils lui avaient inspirés, il les écouta tranquillement, et ne parut plus occupé d’autres soins ; bientôt un Huron le prit par-derrière et lui coupa la tête.

On peut observer qu’il est assez étonnant que des missionnaires aient pu être témoins de pareilles horreurs, et que, s’ils en ont eu le courage, ce n’était pas au patient que leurs exhortations devaient s’adresser.

Mais si ces peuples font la guerre en barbares, on assure que, dans leurs traités de paix, et dans toutes leurs négociations, ils ont autant de noblesse que d’habileté. Jamais il n’est question parmi eux de conquérir et d’étendre les bornes de leur pays ; la plupart ne connaissent pas même de véritable patrie, et ceux qui se croient maîtres de leurs terres n’en sont point jaloux, jusqu’à trouver mauvais qu’on vienne s’y établir, pourvu qu’on n’entreprenne point de gêner leur liberté. Il ne s’agit donc dans leurs traités que de se faire des alliés contre des ennemis qu’ils redoutent, de