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d’abondantes larmes. Sa raison, déjà fort atteinte, s’égarait complètement
d’abondantes larmes. Sa raison, déjà fort atteinte, s’égarait complètement lorsqu’il s’agissait de questions religieuses ou politiques.
lorsqu’il s’agissait de questions religieuses ou politiques.


On a beaucoup discuté la question de savoir si Riel était ou non fou, et ses ennemis ont prétendu qu’il avait tout bonnement simulé la folie, avant et après son procès, en vue d’échapper à la peine capitale.
On a beaucoup discuté la question de savoir si Riel était ou non fou, et ses ennemis ont prétendu qu’il avait tout bonnement simulé la folie, avant et après son procès, en vue d’échapper à la peine capitale.
Il sera, je pense, assez facile d’éclaircir ce point d’histoire en examinant la conduite de Riel pendant l’insurrection de 1885.
Il sera, je pense, assez facile d’éclaircir ce point d’histoire en examinant la conduite de Riel pendant l’insurrection de 1885.


Et d’abord il faut dire que Riel, avant d’habiter le Montana, sa dernière
Et d’abord il faut dire que Riel, avant d’habiter le Montana, sa dernière résidence, avait été interné par trois fois dans les asiles d’aliénés de Washington, de Longue-Pointe (près Montréal), et de Beauport (près Québec), où il était resté dix-huit mois. Ceci est significatif.
résidence, avait été interné par trois fois dans les asiles d’aliénés
de Washington, de Longue-Pointe (près Montréal), et de Beauport (près Québec), où il était resté dix-huit mois. Ceci est significatif.


Après la prise d’armes de Batoche et pendant toute la durée de la campagne, Riel non seulement n’organisa rien, mais entrava tous les efforts des Métis, les empêchant d’étendre leurs opérations avant l’arrivée de Middleton, de harceler ce dernier et de profiter de leur succès de la Rivière aux Poissons. Tout entier à ses rêveries, à ses prophéties, il se disait en communication avec un grand Esprit qui devait diriger sa conduite, et il arrêtait les Métis dans leurs entreprises, en leur déclarant que l’Esprit ne leur avait pas commandé d’agir ainsi. Non seulement Riel était atteint de la monomanie des grandeurs, mais encore il se posait en réformateur de l’Église, se disant le prophète infaillible envoyé pour sauver la nation métisse, et ajoutait à son nom celui de David, pour mieux qualifier sa mission prophétique. Sous ce rapport, Louis « David » Riel se livra à des divagations qui ne permettaient pas de croire à son entière liberté d’esprit et qui semblaient sorties uniquement
Après la prise d’armes de Batoche et pendant toute la durée de la campagne, Riel non seulement n’organisa rien, mais entrava tous les efforts des Métis, les empêchant d’étendre leurs opérations avant l’arrivée de Middleton, de harceler ce dernier et de profiter de leur succès de la Rivière aux Poissons. Tout entier à ses rêveries, à ses prophéties, il se disait en communication avec un grand Esprit qui devait diriger sa conduite, et il arrêtait les Métis dans leurs entreprises, en leur déclarant que l’Esprit ne leur avait pas commandé d’agir ainsi. Non seulement Riel était atteint de la monomanie des grandeurs, mais encore il se posait en réformateur de l’Église, se disant le prophète infaillible envoyé pour sauver la nation métisse, et ajoutait à son nom celui de David, pour mieux qualifier sa mission prophétique. Sous ce rapport, Louis « David » Riel se livra à des divagations qui ne permettaient pas de croire à son entière liberté d’esprit et qui semblaient sorties uniquement
d’un cerveau malade. Mais les Métis remarquaient à peine les aberrations
d’un cerveau malade. Mais les Métis remarquaient à peine les aberrations de Riel, car leur foi en lui était aussi aveugle que profonde. Après la prise de Batoche et la fuite des siens, Riel resta trois jours sans savoir ce qu’il voulait faire, jusqu’au moment où il devint prisonnier.
de Riel, car leur foi en lui était aussi aveugle que profonde. Après la prise de Batoche et la fuite des siens, Riel resta trois jours sans savoir ce qu’il voulait faire, jusqu’au moment où il devint prisonnier.


Pendant sa détention et au cours de son procès, Riel s’est vivement défendu de passer pour fou, entrant dans une grande colère lorsque cette opinion était présentée par des témoins ou soutenue par ses défenseurs, et disant que ses ennemis ne l’avaient fait interner que pour se
Pendant sa détention et au cours de son procès, Riel s’est vivement défendu de passer pour fou, entrant dans une grande colère lorsque cette opinion était présentée par des témoins ou soutenue par ses défenseurs, et disant que ses ennemis ne l’avaient fait interner que pour se débarrasser de lui. Mais un aliéné reconnaît-il jamais le manque d’équilibre de son esprit, ne proteste-t-il pas toujours contre une pareille
débarrasser de lui. Mais un aliéné reconnaît-il jamais le manque d’équilibre de son esprit, ne proteste-t-il pas toujours contre une pareille