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sont au même nombre que les spectateurs, c’est-à-dire que tous les habitans de la bourgade, hommes, femmes et enfans, deviennent autant de bourreaux. Ceux de la cabane où le captif a vécu sont les seuls qui s’abstiennent de le tourmenter ; c’est du moins l’usage de plusieurs nations. Ordinairement on commence par brûler les pieds, ensuite les jambes, et successivement les autres parties, en remontant jusqu’à la tête. Souvent le supplice dure une semaine entière. Les moins épargnés sont ceux qui, étant déjà tombés dans l’esclavage, ont pris la fuite après avoir été adoptés, et sont redevenus prisonniers. On les regarde comme des enfans dénaturés, ou des ingrats qui ont pris parti contre leurs parens et leurs bienfaiteurs, et la vengeance n’a point de bornes.

Lorsque le patient n’est pas lié, soit qu’on l’exécute dans la cabane ou dehors, il lui est permis de se défendre : ses tourmens redoublent, mais il accepte cette liberté bien moins dans l’espoir de sauver sa vie que pour venger sa mort et pour mourir en guerrier. On nous donne, sur des témoignages oculaires, un exemple de la force et du courage que ces deux passions peuvent inspirer. Un capitaine iroquois, du canton d’Oneyouth, avait mieux aimé braver le péril que de se déshonorer par la fuite. Il se battit long-temps en homme qui veut périr les armes à la main ; mais les Hurons qu’il avait en tête voulaient l’avoir vif et le prirent. La bourgade où il fut conduit avait quelques