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dernier soupir, il y a dans cette conduite une fierté qui élève l’esprit, qui le transporte, qui le distrait un peu de ses souffrances, et qui l’empêche même de marquer trop de sensibilité. D’ailleurs les mouvemens qu’il se donne font une véritable diversion, émoussent le sentiment, produit le même effet, et plus d’effet même que les cris et les larmes ; enfin il sait qu’il n’y a point de grâce à espérer, et le désespoir donne des forces. » Le même voyageur ajoute « que cette espèce d’insensibilité n’est pas aussi universelle que d’autres se l’imaginent, et qu’il n’est pas rare de voir pousser à ces misérables des cris capables de percer les cœurs les plus durs, mais qui n’ont pas d’autre effet que de réjouir les acteurs et les assistans. » À l’égard de ce qui produit dans les sauvages une inhumanité qui révolte la nature, il croit qu’ils sont parvenus à cet excès par degrés ; que l’usage les y accoutume insensiblement ; « que l’envie de voir faire une lâcheté à leur ennemi, les insultes qu’il ne cesse pas de faire à ses bourreaux, le désir de la vengeance, passion dominante de ces peuples, qui ne peut être assouvie pendant que le courage de celui qui en est l’objet ne paraît point abattu ; enfin que la superstition, cause encore plus puissante, y entrent pour leur part. »

On ne s’arrêtera point au détail de ces horribles exécutions, d’autant moins qu’elles n’ont pas de méthode uniforme, ni d’autre règle que la férocité et le caprice. Souvent les acteurs