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chickikoué dans l’autre, le corps presque nu, les bras liés au-dessus du coude, avec une corde dont les deux guerriers tiennent les bouts. Ces infortunés chantent sans cesse leur chanson de mort au son du chickikoué ; et ce chant, dit-on, a quelque chose de lugubre et de fier. Les captifs n’ont pas l’air humilié ni souffrant. On nous donne le sens de leurs chansons. « Je suis brave, je suis intrépide ; je ne crains ni la mort ni les tortures. Ceux qui les redoutent sont des lâches, et moins que des femmes. La vie n’est rien pour un homme de courage. Que le désespoir et la rage étouffent mes ennemis ! Que ne puis-je les dévorer et boire leur sang jusqu’à la dernière goutte ! »

On les arrête par intervalle ; on s’attroupe autour d’eux, et non-seulement on danse, mais on les fait danser. Ils paraissent obéir volontiers. Ils racontent les plus belles actions de leur vie ; ils nomment tous ceux qu’ils ont tués ou brûlés. Ils font remarquer particulièrement ceux dont ils jugent qu’on a dû regretter vivement la perte. Il semble que leur vue soit d’animer contre eux les arbitres de leur sort. En effet, cette vanité leur coûte cher, et leurs bravades mettent en fureur ceux qui les entendent ; mais, à juger de leur disposition par leur air et leur langage, on croirait qu’ils prennent plaisir à leurs tourmens. Quelquefois on les oblige de courir entre deux rangées d’hommes armés de pierres et de bâtons, qui frap-