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les chevelures des morts et des mourans, et l’on ne pense à faire des prisonniers que lorsqu’on voit l’ennemi en pleine fuite sans aucune marque de résistance. Si l’on s’aperçoit qu’il se rallie, ou qu’il se couvre de quelque retranchement, on se retire, supposé du moins qu’il soit encore temps ; car, dans le doute, on prend la résolution de le pousser, et ces renouvellemens de combat coûtent quelquefois beaucoup de sang. Toutes les relations nous font une effrayante peinture d’un camp forcé. La férocité barbare des vainqueurs, et le désespoir des vaincus, qui savent à quel traitement ils doivent s’attendre s’ils tombent entre les mains de leurs ennemis, font faire aux uns et aux autres des efforts dont le seul récit fait frémir. Aussitôt que la victoire est certaine, les vainqueurs commencent par se défaire de ceux qu’ils auraient trop de peine à garder, et ne cherchent plus qu’à lasser les autres pour faire des prisonniers.

En général, on nous représente ces peuples naturellement intrépides, et capables, malgré leur férocité brutale, de conserver beaucoup de sang-froid dans l’action même. Cependant ils ne se mêlent et ne combattent en plein champ que lorsqu’ils ne peuvent l’éviter. On en donne pour raison qu’ils ne regardent point comme une victoire celle qui est teinte du sang des vainqueurs, et que la principale gloire du chef consiste à ramener ses soldats sans blessures et sans perte. Le P. Lafitau raconte que