« Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/327 » : différence entre les versions

 
(Aucune différence)

Dernière version du 23 novembre 2021 à 19:48

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et les avantages en sont long-temps balancés ; et pendant les délibérations on écarte avec beaucoup de soin tout ce qui pourrait inspirer quelque défiance à l’ennemi. Aussitôt que la guerre est résolue, on pense aux provisions d’armes et de vivres : elles ne demandent pas beaucoup de temps ; mais les cérémonies superstitieuses, qui sont fort variées parmi tous ces peuples, entraînent plus de longueurs. Celui qui doit commander ne pense à former son corps de troupes qu’après un jeûne de plusieurs jours, pendant lesquels il est peint de noir et n’a de communication avec personne. Son unique soin est d’invoquer jour et nuit son génie protecteur, et d’observer attentivement ses propres songes. Dans l’opinion qu’il a de lui-même, il croit la victoire certaine ; et cette présomption, commune à tous ces barbares, ne manque point de lui procurer des songes tels qu’il les désire. Après son jeûne, il assemble les guerriers, et, le collier de porcelaine à la main, il leur tient ce discours : « Mes frères, le grand-esprit autorise mes sentimens et m’inspire. Le sang d’un tel n’est point essuyé, son cœur n’est point couvert, et je veux m’acquitter de ce devoir. » Il continue d’exposer les motifs qui lui font prendre les armes ; ensuite il ajoute : « Ainsi je suis résolu d’aller dans tel pays lever des chevelures ou faire des prisonniers ; » ou bien : « Je veux manger telle nation. Si je péris dans cette glorieuse entreprise, ou si quelqu’un de ceux