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s’étaient laissé engager dans une guerre que les Iroquois faisaient aux Chéraquis, peuple assez nombreux qui habite un beau pays au sud du lac Érié. Trois ou quatre de ces braves, dans un équipage terrible, suivis de presque tous les sauvages qui demeuraient aux environs du fort, après avoir parcouru les cabanes en chantant leurs chansons militaires au son d’un instrument qu’ils nomment chichikoué, venaient faire entendre la même musique dans le fort à l’honneur du commandant : « J’avoue, dit le voyageur, que cette cérémonie inspire de l’horreur, et que jusqu’alors je n’avais pas encore si bien senti que j’étais chez des barbares. Leur chant a toujours quelque chose de lugubre ; mais ici je le trouvai effrayant. »

Il paraît que dans ces chansons on invoque le dieu de la guerre : c’est le même que les Hurons nomment Areskoui, et les Iroquois Agreskoué[1]. Quoi qu’il soit tout à la fois le souverain des dieux, le créateur et le maître du monde, le génie qui gouverne tout, et, suivant l’expression sauvage, le grand esprit, il est particulièrement invoqué pour les expéditions militaires, comme si la qualité qui lui fait le plus d’honneur était celle de dieu des

  1. On observe avec étonnement que dans le mot grec Αρης, qui est le Mars et le dieu de la guerre dans tous les pays où l’on a suivi la théologie d’Homère, on trouve la racine d’où semblent dériver, plusieurs termes de la langue huronne et iroquoise, qui ont rapport à la guerre. Aregouen signifie, dit-on, faire la guerre, et se conjugue ainsi : Carego, je fais la guerre ; Sarego, tu fais la guerre ; Arego, il fait la guerre.