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insultes d’une multitude de chiens qui passent et repassent devant lui, en courant après un morceau de viande qu’ils ont aperçu. Lui présente-t-on quelque chose à manger, il est embarrassé à se défendre contre ceux qui l’attaquent de front ; et lorsqu’il croit sa portion sûre, il en vient un par-derrière qui lui en enlève la moitié, ou qui la fait tomber dans les cendres. Mais la faim devient souvent le pire de tous les maux. On a compté sur la chasse, qui ne donne pas toujours ; les provisions dont on s’est chargé s’épuisent bientôt. Quoique les sauvages sachent supporter la faim, ils se trouvent quelquefois réduits à de si grandes extrémités qu’ils y succombent. » Le missionnaire d’après lequel on écrit fut obligé, dans cette course, de manger des peaux d’anguilles et d’élans dont il avait raccommodé son habit ; après quoi il vécut de jeunes branches et de la plus tendre écorce des arbres. Sa santé n’en souffrit point ; mais la même épreuve en a fait périr quantité d’autres.

La guerre, dans toutes ces nations, est la plus solennelle comme la plus importante de leurs entreprises. Le P. Charlevoix, se trouvant, en 1721, au fort de Catarocoui, fut témoin de la manière dont elle s’annonce. Vers le milieu de la nuit, lorsqu’il pensait à se retirer, il entendit un horrible cri. On lui dit que c’était un cri de guerre ; et bientôt il vit une troupe de Missisagués qui entraient dans le fort en chantant. Ces sauvages, amis des Français,