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DISSERTATION SUR CETTE QUESTION

hommes ne naissent ni stupides, ni fous ; ils le deviennent. En parlant raison au pe[[uple, en ne lui apprenant que des choses vraies, dans le petit nombre d’instants qu’il peut donner à la culture de son esprit, on pourrait l’instruire du peu qu’il lui est nécessaire de savoir. L’idée même du respect qu’il doit avoir pour la propriété du riche n’est difficile à lui insinuer que :

1o parce qu’il regarde les richesses comme une espèce d’usurpation, de vol fait sur lui, et malheureusement cette opinion est vraie en grande partie.

2o Parce que son excessive pauvreté le fait toujours se considérer dans le cas de la nécessité absolue, cas où des moralistes même très-sévères ont été de son avis.

3° Parce qu’il est aussi méprisé et maltraité comme pauvre, qu’il léserait après s’être avili par des friponneries.

C’est donc uniquement parce que les institutions sont mauvaises, que le peuple est si souvent un peu voleur par principe. En général, quelque principe de morale, de vertu, de religion, qu’on donne à un peuple, il n’y aura jamais ni mœurs, ni vertu, ni morale, que dans les pays où il sera de l’intérêt des hommes d’en avoir, ou plutôt dans lesquels les hommes ne croiront pas avoir un grand intérêt d’en manquer ; car, quoi qu’en aient dit certains moralistes, lorsqu’on n’aura qu’un peu moins d’intérêt à choisir le bien que le mal, ce sera toujours le bien que l’homme choisira.

Parmi les classes d’hommes que l'on croit devoir