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DISSERTATION SUR CETTE QUESTION

une erreur absurde, que de lui faire entendre les preuves d’une vérité ?

III. Est-il du moins utile d’inspirer aux peuples certaines erreurs, uniquement dans la vue d’en tirer des motifs sensibles et à sa portée, de se conformer, dans sa conduite, aux règles de la morale ?

IV. Si l’erreur est toujours nuisible en général, n’y a-t-il pas du moins quelques objets sur lesquels elle soit, pour ainsi dire, nécessaire, ou parce que la raison seule est insuffisante, ou parce que la vérité n’est pas à la portée de tous les hommes ? L’erreur n’est-elle pas nécessaire pour certaines classes d’hommes ?

V. Si nous considérons les hommes livrés à des erreurs, peut-il être utile de les leur laisser, d’en détruire une partie pour laisser subsister le reste, ou de combattre une erreur par d’autres erreurs moins nuisibles ?

VI. Si les erreurs ne sont pas d’une utilité générale, ne peuvent-elles pas être, pour un peuple particulier, d’une utilité momentanée ?

VII. N’y a-t-il aucun inconvénient à dire au peuple la vérité tout entière ? De quels ménagements est-il utile et permis d’user en attaquant les erreurs populaires ?

VIII. N’y a-t-il pas des vérités qui deviendraient nuisibles au peuple, parce qu’il ne les entendrait pas, et qu’elles instruiraient ceux qui veulent lui nuire des moyens de l’empêcher de s’éclairer ?

Telles sont les questions dont l’Académie de Berlin demande la solution. Les quatre premières em-