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un à M. Marin pour vous le remettre. Je me flatte qu’il aura cette bonté ; et si la multiplicité de ses affaires l’empêche de vous le rendre aussitôt que je le voudrais, je vous prie de le lui demander.

J’espère qu’il ne m’arrivera plus ce qui m’arriva dans Tancrède, où Mlle Clairon faillit à faire tomber la pièce, en y insérant ou en y faisant insérer des vers ridicules, tels que ceux-ci :

Voyant tomber leur chef, les Maures furieux
L’ont accablé de traits, dans leur rage cruelle.

Je sais bien qu’au théâtre on ne se soucie guère du style ; mais le théâtre devient barbare, et ce n’est pas à moi de fomenter la barbarie.

L’exemplaire que j’envoie est chargé de notes pour l’intelligence des rôles ; mais il n’y en a point pour Athamare, parce que vous le jouez : c’est à vous, au reste, à disposer de ces rôles ; je vous prie de faire mes très-tendres compliments à Mlle Durancy, et de dire à M. Molé combien je m’intéresse à son rétablissement[1].

Je vous embrasse de tout mon cœur. V.

6757. — DE M. LINGUET[2].
À Paris, le 19 février.

Je me conforme volontiers, monsieur, à une coutume très-juste que je vois assez généralement établie : c’est que les jeunes auteurs vous adressent un exemplaire de leurs ouvrages, et qu’ils briguent pour leurs productions une place dans votre bibliothèque. Il est bien naturel que les premiers fruits d’un arbre soient cueillis par la main qui a le plus contribué à en affermir les racines. Les progrès de la raison et du goût parmi nous vous sont dus pour la plus grande partie. Ceux qui en profitent ne sauraient se dispenser de vous en marquer leur reconnaissance. La protection donnée par nos chanceliers à la littérature leur vaut un livre de chaque espèce : le même hommage vous est dû au même titre.

Le dieu du goût, ce dieu sensible et délicat,
Dont vous avez si bien fait connaître l’empire,
DontVous a remis les sceaux de cet État.
DontVousMalgré les cris de la satire,

  1. On retrouvait ici le troisième alinéa de la lettre 6730.
  2. La réponse de Voltaire est du 15 mars ; voyez n° 6793. Simon-Nicolas-Henri Linguet, avocat au parlement de Paris, né à Reims le 14 juillet 1736, a péri sur l’écbafaud révolutionnaire le 27 juin 1794.