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raffinés de l'alcôve sans qu'il ait besoin de perdre son temps et son argent à courir après les cotillons ; elle tire son oncle d'un mauvais pas, en lui avançant une dizaine de mille francs gagnés le diable sait comment ; elle disparaît d'elle-même, sans menaces de vitriol, de coups de revolver, juste au moment où le jeune bourgeois entre dans une carrière officielle et va se porter candidat à quelque dot sérieuse.

M. Dumas, pas le père, le fils, dans une de ses préfaces qui rachetant leur banalité par leur longueur, dit qu'il est difficile, sinon impossible, de transporter sur la scène les rapports réels entre femmes et hommes de la vie mondaine, de peur d'effaroucher la pudeur de ces dames qui ne sont chastes que par les oreilles. S'il faut adoucir les tons et idéaliser la réalité pour ne pas blesser les cocottes légitimes et illégitimes du monde de M. Dumas, il faut aussi, dans les romans, ménager les sentiments de la bourgeoisie. M. Daudet ne pouvait, en psychologue hardi, fendre le crâne bourgeois et étaler brutalement aux yeux de tous son idéal de la maîtresse ; d'ailleurs, il est lui-même trop foncièrement bourgeois pour exposer crûment cet idéal qui est le sien : il farde.

Sapho, la fille de joie corrompue par la canaille du beau monde, rend à son amant des services d'amour et d'autre nature, pour le plaisir qu'elle y éprouve, ne demande rien, pas même de la reconnaissance. Gaussin, l'amant qui, comme un bœuf à l'étable, s'engraisse tranquillement dans ce ménage à la colle, qui se laisse dorloter, qui n'apporte qu'un amour las,