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général, et lorsqu’il y a, à côté des commandans de corps d’armée, d’autres états-majors généraux, il est impossible d’entrer dans des détails aussi grands que ces derniers peuvent le faire. C’étaient les états-majors particuliers des corps d’armée qui devaient faire reconnaître les routes. »

La reconnaissance des routes si souvent recommandée n’offrait aucune difficulté. Du Sansonnet, où était son quartier général, Ladmirault pouvait voir le chemin de Lorry, que le premier paysan lui eût indiqué, que quelques-uns de ses officiers connaissaient et que son état-major eût pu atteindre en un temps de galop. Ni le général, ni l’état-major ne virent ce qui éclatait à la vue de tous et ne parurent avoir entendu et retenu l’injonction de reconnaître les routes, apportée par deux officiers de l’état-major général. Cette négligence n’est pas surprenante, car l’état-major du 4e corps d’armée présentait le spectacle de la plus incroyable anarchie. Bazaine, quoique n’étant pas en confiance avec Jarras, lui parlait. Ladmirault n’adressait même pas la parole à son chef d’état-major Osmont et s’en débarrassait en l’envoyant au loin diriger ses convois et remplir l’office d’un prévôt de gendarmerie, et, quand il voulait le charger de transmettre un ordre, sans même tourner le visage vers lui, il l’exprimait tout haut comme s’il parlait à la cantonade, et Osmont, sans le regarder davantage, recueillait l’ordre à la volée et le transmettait tant bien que mal. Le dévouement des deux officiers d’ordonnance, officiers d’élite, le commandant Pesne et le capitaine de La Tour du Pin, n’était pas suffisant à remplacer cet état-major baroque.

Par cette raison ou par tout autre, la route à reconnaître ne fut pas reconnue, et Ladmirault engagea sur le chemin de Lessy réservé au 3e corps d’armée sa colonne de bagages, un équipage de ponts et la division Lorencez. La confusion du 3e corps d’armée s’accrut. Lorencez parvint cependant à trouver une traverse qui le menait à grand’peine sur le bon chemin de Lorry. Par une malchance, le capitaine de La Tour du Pin, passant par là à son retour du quartier général, l’en détourna et le remit dans la route déjà encombrée de Lessy. Alors le désordre devint inextricable. C’est en se glissant à travers les voitures que Lorencez arriva à neuf heures du soir à Lessy, ses bagages étant encore à la Maison-Neuve. Il était donc certain qu’il ne se trouverait pas le 16 au matin à Doncourt.