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la victoire, Manteuffel le prie d’une voix tremblante de ne pas insister sur cet ordre de retraite immédiate : « Je vous donne une heure, » répond Steinmetz, en lui tournant le dos. A onze heures, la retraite commence ; elle se termina à deux heures du matin. Zastrow, qui n’avait pas devant lui son terrible chef, désobéit de nouveau carrément et refusa à son tour de faire replier ses troupes avant le matin. Gœben lui-même se repent d’avoir été docile un instant. Ayant reçu vers neuf heures l’ordre de faire marcher sur l’Etang ses hommes stationnés à Varize, il avait refusé et dit : « Il est trop tard ; une marche de nuit disloquerait mes troupes. Je ne remuerai qu’au matin. »

Le lendemain, ces dissentimens s’étaient effacés : tous s’accordèrent à faire bon visage à la désobéissance blâmée et à en tirer profit. Goltz, inquiet de ce que l’état-major penserait de lui, est rassuré par Verdy du Vernois. Steinmetz, qui a rudoyé Manteuffel, reçoit lui-même du Roi un coup droit : « Sa Majesté prescrit à la Ire armée de se maintenir sur le terrain conquis à la bataille d’hier, en tant qu’il ne s’étendra pas dans la zone efficace d’artillerie de la place. Amenez immédiatement le VIIIe en soutien des Ier et VIIe corps. Le IXe, déjà entré en ligne hier, sera amené près du champ de bataille. Le IIe corps atteindra par sa tête Han-sur-Nied. Sa Majesté se rend à Pange. »


VIII

Nous nous étions retirés nous-mêmes volontairement du champ de bataille. Les Allemands convertirent ce départ volontaire en une défaite et le célébrèrent comme une troisième victoire due au génie de Moltke, qui n’y avait pas plus contribué qu’aux deux précédentes.

Nous chantâmes également victoire. En réalité, la victoire n’avait été pas plus de notre côté que du côté des Allemands : le combat avait donné à nos troupes l’occasion de se battre qu’elles attendaient impatiemment, mais il avait compromis sérieusement une marche stratégique dont la condition de succès était la rapidité, car, en nous arrêtant vingt-quatre heures, les Allemands augmentaient les chances de leur large mouvement enveloppant au Sud de Metz.

Bazaine n’est pas responsable de ce malencontreux retard :