« Page:Revue des Deux Mondes - 1913 - tome 15.djvu/502 » : différence entre les versions

Zoé (discussion | contributions)
 
(Aucune différence)

Dernière version du 20 octobre 2021 à 08:41

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

il consulte Steinmetz et il obéit à son ordre de ne pas remuer. La XVIIIe division du IXe corps (général Wrangel), quoique appartenant à la IIe armée, apporte également son concours. La bataille s’échauffe, le général Decaen est blessé mortellement, Bazaine est désolé. Mais comment arrêter le combat ? On n’arrête pas des troupes engagées à fond en levant le doigt. Il s’efforce néanmoins de contenir ce qu’il ne peut plus empêcher. A tous, à Metman, qui a remplacé Decaen, à Montaudon, il donne pour instruction de ne pas s’avancer, de continuer la retraite, tout en restant sur le pied d’une défense énergique.

Nous étions établis dans une position magnifique, derrière un ruisseau profondément encaissé, sur un large front qui obligeait les Prussiens à s’étendre par petits groupes dans différentes directions. Ceux-ci, malgré notre supériorité, prenaient héroïquement l’offensive, contenus, repoussés, revenant toujours à la charge. Dans une de ces mêlées, Bazaine, qui était à l’endroit le plus dangereux, reçut une violente contusion à l’épaule. Les Prussiens obtiennent des avantages provisoires, dus surtout à leur artillerie, mais ils ne peuvent les pousser à bout nulle part. A huit heures et demie, Manteuffel, qui a surtout soutenu le combat contre notre 3e corps d’armée, comme Zastrow contre notre 4e, s’arrêtent : ils n’avaient pas gagné trois cents mètres. Bazaine de son côté retient ses troupes victorieuses et leur fait reprendre, en toute hâte, la marche vers les hauteurs de la rive gauche interrompue par la bataille inopportune. Steinmetz, apprenant par un rapport de Manteuffel que des fractions du VIIe corps étaient déjà au feu et que Manteuffel lui-même se proposait de les appuyer, malgré ses ordres, éprouva le même sentiment de colère que Bazaine. Il l’exprima plus violemment. Il envoie à sept heures un de ses officiers ordonner à Zastrow et à Manteuffel de rompre le combat et de reprendre leurs positions de la veille. Ni l’un ni l’autre n’obéissent. Furibond, il lance alors un de ses officiers vers Zastrow et se dirige lui-même vers Manteuffel. Il l’aborde, lui reproche durement de n’avoir pas gardé l’immobilité prescrite, et le rend responsable du sang versé : « Vous avez perdu une bataille, » lui dit-il. Manteuffel, frémissant intérieurement, oppose un calme imperturbable à cette sortie. Steinmetz réitère l’ordre impératif de faire replier toutes les troupes sur les emplacemens du matin. Quitter le champ de bataille, c’est la manière d’affirmer