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VII

Au premier bruit de la canonnade de Goltz, le général de Berckheim qui, aux abords de Metz, causait avec le général Bourbaki installé au balcon de son logement, saute à cheval et part au galop jusqu’aux avant-postes des chasseurs à pied, qui occupaient le terrain entre les deux routes de Sarrebrück et de Sarrelouis. Ses hommes, sous le feu des tirailleurs ennemis, demeuraient sans riposter. Le général prend sur lui de leur ordonner de tirer. A ce bruit, dans le 3e corps, qui s’ébranlait à peine, ceux qui allaient partir s’arrêtent, ceux qui étaient déjà en route se retournent et reculent. Bazaine accourt et, sortant de son calme habituel, dit d’un ton de colère à Berckheim : « J’avais donné l’ordre qu’on n’acceptât pas le combat aujourd’hui. Je défends formellement qu’on avance d’une semelle [1]. » Cette défense n’est pas entendue, et le 4e corps entre en action encore plus vivement que le 3e qui tiraillait sans s’avancer. La division Grenier s’arrête, se retourne et s’engage vivement. Ladmirault perd de vue que l’unique opération à effectuer ce jour-là était le passage de la rivière. Il n’arrête pas Grenier et, prenant l’initiative, il fait faire demi-tour au 4e corps d’armée tout entier et compromet ainsi le but auquel tout devait être subordonné. Sans attendre les ordres du général en chef, il arrête également la division Cissey, lui fait repasser les ponts, déposer les sacs et la pousse au secours de la division Grenier. Les batteries prennent les devans au trot, l’infanterie suit au galop, en criant : « Vive la France ! Vive l’Empereur ! » Les autres divisions du 4e corps, par un mouvement semblable, accourent successivement au secours des camarades engagés, la brigade Golberg, la division Lorencez, qui avaient toutes deux franchi déjà les ponts et fait demi-tour. Elles se rassemblent au fort Saint-Julien. Une partie de la réserve s’élance aussi (6 h. 1/2).

Du côté des Prussiens, le mouvement s’accentue aussi. Manteuffel se décide et intervient ; Glümer, commandant de la XIIIe division, Zastrow, commandant du VIIe corps, arrivent, grinchent un peu, puis secondent. Seul Gœben (VIIIe corps), deux fois appelé par Manteuffel, se conforme à la règle hiérarchique :

  1. Général Zurlinden, Souvenirs.