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et sur la gauche de manière à bien couvrir le terrain et permettre aux troupes de déboucher plus tard. »

Bazaine prit de sages dispositions relativement à ce fléau des marches rapides, les bagages. Il ne les fit point passer en avant comme une proie à offrir à l’ennemi. Ayant le désir de s’éloigner au plus vite de Metz et de gagner Verdun, il fit parquer ses convois à proximité des points de passage et à l’origine des routes qu’ils devaient suivre : les 2e et 6e corps d’armée entre Longeville et Moulin-lès-Metz ; le 4e à gauche de ses ponts vers la maison de Planches ; le 3e, la Garde et la réserve du général Canu au Ban-Saint-Martin. Les convois seraient groupés individuellement et distinctement les uns des autres en attendant l’ordre de se mettre en mouvement. Chaque division ne serait suivie que de son convoi divisionnaire portant quatre jours de vivres. Il ordonna de réduire au nombre strictement réglementaire les voitures de bagages exigées en immense quantité par nos officiers, qui se comportaient dans leur tente comme en villégiature chez des amis, couchés dans leur lit de cantine avec des draps et lisant des romans pour s’endormir [1].

L’important était de déterminer les routes que prendraient les divers corps pour gagner Gravelotte. Il en existait deux belles : l’une, au Nord, celle de Briey ; l’autre, plus au Sud, celle de Gravelotte. De renseignemens faux était résultée dans l’esprit de l’état-major général cette idée que des forces allemandes considérables arrivaient au Nord du côté de Sierck, que, dès lors, la route de Briey, difficile, accidentée, était dangereuse à prendre parce qu’elle exposait à un combat latéral, qui eût distrait du but principal et retardé la retraite vers Châlons. Du côté de Gravelotte aussi il y avait à redouter une attaque, puisque les Allemands étaient déjà en nombre vers la Moselle, mais la route qui, d’Ars et de Gorze, conduit sur le plateau, était mauvaise et l’on pouvait espérer les devancer.

Lancer toute l’armée sur la route de Gravelotte aurait amené une indescriptible confusion, des encombremens interminables, de longs retards, alors que les heures valaient des jours. Cet encombrement était facile à éviter. Entre les routes de Gravelotte et de Briey étaient en effet deux chemins, moins beaux mais cependant très praticables : le premier qui conduit de Metz

  1. Du Barail, Souvenirs.