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XVIII
TABLEAU HISTORIQUE

la charité de ces hommes nouveaux qui recueillaient les esclaves infirmes rejetés par leurs maîtres, les enfants exposés par les parents, les pauvres mourant de faim à la porte des Trimalcions de Rome. Ces bienfaits, ces secours que les chrétiens répandaient furtivement sur les idolâtres, cet amour immense de leurs frères malheureux, ces spectacles qu’ils donnaient sans cesse au monde, ne pouvaient être perdus dans le travail que faisait alors l’intelligence humaine. De là s’élevait un sentiment de compassion mutuelle et d’égalité sociale qui dissipait les préjugés féroces de la conquête et de l’esclavage, montait par degrés jusqu’à la philosophie la plus altière, et désarmait à la fois l’orgueil du maître et celui du juge. Ainsi la morale de l’évangile était réfléchie dans le monde païen par les vertus et les souffrances de ses premiers apôtres. »

De l’aveu d’écrivains qui ne sont pas suspects d’attachement au christianisme, l’esclavage du monde et le règne des empereurs sortirent de la profonde dépravation des mœurs de Rome, de l’insouciance pour les anciennes divinités, de la philosophie sceptique et de la sensualité brutale qui caractérisaient les Romains de ce siècle.

Le troisième siècle a vu le renversement des statues des faux dieux, l’abolition de leurs autels, la destruction des bois sacrés, la démolition de leurs temples, la cessation de leurs sacrifices, tous ces événements prédits par les prophètes, comme le premier et le second siècle, avaient été témoins de l’accomplissement de la prédication des apôtres, de la vocation des gentils, de la dispersion des Juifs et des persécutions qui devaient être le partage des disciples de Jésus-Christ.

Remarquez déjà à la fin du troisième siècle la propagation de la religion chrétienne dans tout l’empire romain, et même au-delà. On trouvait des Chrétiens de tout âge et de toute condition depuis la Grande-Bretagne jusqu’à la Perse. Tertullien disait que si les Chrétiens se retiraient de l’empire romain ils ne laisseraient que d’affreuses solitudes. Quand on considère le grand spectacle offert par le monde devenu chrétien, on ne peut assez admirer ce changement prodigieux. D’où venaient tant d’hommes étonnants par leurs vertus ? L’univers n’était-il