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alors une pression beaucoup plus considérable, au moment précis où le projectile sort du canon.
alors une pression beaucoup plus considérable, au moment précis où le projectile sort du canon.


Il résulte de ces considérations théoriques qu’une poudre doit réunir la densité et la dureté. C’est pour obtenir des poudres douées de ces qualités que l’on a été conduit, depuis 1870, à modifier l’ancien dosage qui était, comme on le sait : 75 pour 100 de salpêtre, 12, 50 de charbon et 12, 50 de soufre.
Il résulte de ces considérations théoriques qu’une poudre doit réunir la densité et la dureté. C’est pour obtenir des poudres douées de ces qualités que l’on a été conduit, depuis 1870, à modifier l’ancien dosage qui était, comme on le sait : 75 pour 100 de salpêtre, 12,50 de charbon et 12,50 de soufre.


On fait aujourd’hui usage de poudres de guerre de qualités très diverses, selon leur affectation à un usage déterminé. Nous citerons comme exemple la poudre M.C<sub>30</sub>.
On fait aujourd’hui usage de poudres de guerre de qualités très diverses, selon leur affectation à un usage déterminé. Nous citerons comme exemple la poudre <math>\rm{M.C}_{30}</math>.


Que signifie cette désignation ? Elle veut dire que cette poudre est fabriquée aux meules, qu’elle n’est destinée qu’aux canons et que la durée de sa trituration est de 30 minutes.
Que signifie cette désignation ? Elle veut dire que cette poudre est fabriquée aux meules, qu’elle n’est destinée qu’aux canons et que la durée de sa trituration est de 30 minutes.


Les grains de cette poudre ont une épaisseur de 2 millimètres et demi ; on l’emploie dans le tir des mortiers lisses et des canons se chargeant par la bouche. C’est dire qu’on n’en fabrique plus, depuis plusieurs années, dans les poudreries françaises.
Les grains de cette poudre ont une épaisseur de 2 millimètres et demi ; on l’emploie dans le tir des mortiers lisses et des canons se chargeant par la bouche. C’est dire qu’on n’en fabrique plus, depuis plusieurs années, dans les poudreries françaises.


Pour le fusil Gras, modèle 1874, qui est aujourd’hui remplacé par le fusil Lebel, mais qui serait donné, en cas de mobilisation, à l’armée territoriale, nos ingénieurs avaient imaginé la poudre F<sub>1</sub>, qui se compose de 77 parties de salpêtre, 8 parties de soufre et 15 parties de charbon noir. Les grains de la poudre F<sub>1</sub> ont une épaisseur d’un millimètre en moyenne.
Pour le fusil Gras, modèle 1874, qui est aujourd’hui remplacé par le fusil Lebel, mais qui serait donné, en cas de mobilisation, à l’armée territoriale, nos ingénieurs avaient imaginé la poudre F<sub>1</sub>, qui se compose de 77 parties de salpêtre, 8 parties de soufre et 15 parties de charbon noir. Les grains de la poudre F<sub>1</sub> ont une épaisseur d’un millimètre en moyenne.


Nous avons encore les poudres C<sub>1</sub>, C<sub>2</sub>, SP<sub>1</sub>, SP<sub>2</sub> et SP<sub>3</sub>. Les poudres C<sub>1</sub> et C<sub>2</sub> sont destinées au service des canons de place et de siège. Toutes ont le même dosage : 75 parties de salpêtre, 10 parties de soufre et 15 parties de charbon noir ; elles ne diffèrent que par l’épaisseur des grains, et par conséquent par la vitesse de leur combustion.
Nous avons encore les poudres C<sub>1</sub>, C<sub>2</sub>, SP<sub>1</sub>, SP<sub>2</sub> et SP<sub>3</sub>. Les poudres C<sub>1</sub> et C<sub>2</sub> sont destinées au service des canons de place et de siège. Toutes ont le même dosage : 75 parties de salpêtre, 10 parties de soufre et 15 parties de charbon noir ; elles ne diffèrent que par l’épaisseur des grains, et par conséquent par la vitesse de leur combustion.
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Après la découverte des poudres de guerre à combustion lente et à grains durs, une invention d’une portée plus grande encore peut-être fut faite en France : nous voulons parler de la poudre brûlant sans fumée, c’est-à-dire la poudre qui s’applique spécialement au fusil Lebel.


Nos lecteurs peuvent apprécier aisément l’importance d’une poudre brûlant sans fumée. Dans un combat naval, au bout de quelque temps de tir, les navires sont environnés d’un tel nuage de fumée, qu’ils ne s’aperçoivent plus l’un l’autre, et qu’ils tirent, pour ainsi dire, en aveugles. Si l’on tirait, dans un combat naval, avec une poudre sans fumée, l’effet des coups de l’artillerie étant jugés à chaque instant, l’engagement serait rapidement meurtrier, de part et d’autre. Avec une poudre brûlant sans fumée, un bataillon d’infanterie peut couvrir de balles toute une zone de terrain ; un canon de campagne peut tirer à mitraille, sans que l’adversaire, écrasé, puisse reconnaître d’où part le feu.
Après la découverte des poudres de guerre à combustion lente et à grains durs, une invention d’une portée plus grande encore peut-être fut faite en France : nous voulons parler de la poudre brûlant sans fumée, c’est-à-dire la poudre qui s’applique spécialement au fusil Lebel.


La découverte de la poudre brûlant sans fumée est due à un ingénieur des poudres et salpêtres, M. Vieille, ancien élève de l’école polytechnique. Depuis dix ans, M. Vieille poursuivait de patientes recherches, au laboratoire central d’artillerie de Paris. Il s’efforçait de modifier la composition de la poudre, pour atténuer, dans l’âme des bouches à feu, la violente action due à la pression des gaz, et conjurer ainsi les dangers d’éclatement et de déculassement des pièces de canon. C’est au cours de ses travaux, conduits avec une admirable sagacité, qu’il fît la rencontre — c’est ici la véritable expression — d’une poudre qui brûlait et faisait explosion sans bruit ni fumée.
Nos lecteurs peuvent apprécier aisément l’importance d’une poudre brûlant sans fumée. Dans un combat naval, au bout de quelque temps de tir, les navires sont environnés d’un tel nuage de fumée, qu’ils ne s’aperçoivent plus l’un l’autre, et qu’ils tirent, pour ainsi dire, en aveugles. Si l’on tirait, dans un combat naval, avec une poudre sans fumée, l’effet des coups de l’artillerie étant jugés à chaque instant, l’engagement serait rapidement meurtrier, de part et d’autre. Avec une poudre brûlant sans fumée, un bataillon d’infanterie peut couvrir de balles toute une zone de terrain ; un canon de campagne peut tirer à mitraille, sans que l’adversaire, écrasé, puisse reconnaître d’où part le feu.


La poudre de M. Vieille a été appliquée spécialement au fusil Lebel. Les nations étrangères fabriquent aussi cette poudre, mais elles ne sont pas exactement fixées sur la formule de nos dosages.
La découverte de la poudre brûlant sans fumée est due à un ingénieur des poudres et salpêtres, M. Vieille, ancien élève de l’école polytechnique. Depuis dix ans, M. Vieille poursuivait de patientes recherches, au laboratoire central d’artillerie de Paris. Il s’efforçait de modifier la composition de la poudre, pour atténuer, dans l’âme des bouches à feu, la violente action due à la pression des gaz, et conjurer ainsi les dangers d’éclatement et de déculassement des pièces de canon. C’est au cours de ses travaux, conduits avec une admirable sagacité, qu’il fît la rencontre — c’est ici la véritable expression — d’une poudre qui brûlait et faisait explosion sans bruit ni fumée.

La poudre de M. Vieille a été appliquée spécialement au fusil Lebel. Les nations étrangères fabriquent aussi cette poudre, mais elles ne sont pas exactement fixées sur la formule de nos dosages.


Nous ne connaissons pas la composition
Nous ne connaissons pas la composition