« Les Loix du mouvement et du repos déduites d’un principe metaphysique » : différence entre les versions

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Presque tous les Auteurs modernes qui ont traité de la Physique ou de l'Histoire naturelle, n'ont fait qu'étendre les preuves qu'on tire de l'organisation des Animaux & des Plantes; & les pousser jusques dans les plus petits details de la Nature. Pour ne pas citer ici des Exemples trop indécents, qui ne seroient que trop communs, je ne parlerai que de celui (''Philos. Transact. No. 470'') qui trouve Dieu dans les plis de la peau d'un Rhinoceros: parce que cet animal étant couvert d'une peau très-dure, n'auroit pas pu se remuer sans ces plis. N'est-ce pas faire tort à la plus grande des verités, que de la vouloir prouver par de tels argumens? Que diroit-on de celui qui nieroit la Providence, parce que l'ecaille de la Tortue n'a mi plis ni jointures? Le raisonnement de celui qui la prouve par la peau du Rhinoceros, est de la même force: laissons ces bagatelles à ceux qui n'en sentent pas la frivolité.
 
Une autre espece de Philosophes tombe dans l'extremité opposée. Trop peu touchés des marques d'Intelligence & de Dessein qu'on trouve dans la Nature, ils en voudroient bannir toutes les causes finales: Ils croient qu'avec de la matiere & du mouvement, le Monde a pu se former tel qu'il est. Les uns voient la suprême Intelligence par tout; les autres ne la voient nulle part: ils croient qu'une Mechanique aveugle a pu former les corps les plus organisés des Plantes & des Animaux, & operer toutes les merveilles que nous voions dans l'Univers. (''Descartes. Princip. L'Homme de Descartes.'')
 
On voit par tout ce que nous venons de dire, que le grand argument de Descartes, tiré de l'idée que nous avons d'un Etre parfait, ni peut-être aucun des autres argumens metaphysiques dont nous avons parlé, n'avoient pas fait grande impression sur Newton: & que toutes les preuves que Newton tire de l'uniformité & de la convenance des diferentes parties de l'Univers, n'auroient par paru des preuves à Descartes.
 
Il faut avouër qu'on abuse de ces preuves: les uns en leur donnant plus de force qu'elles n'en ont; les autres en les multipliant trop. Les corps des Animaux & des Plantes sont des Machines trop compliquées, dont les dernieres parties échapent trop à nos sens, & dont nous ignorons trop l'usage & la fin; pour que nous puissions juger de la sagesse & de la puissance qu'il a fallu pour les construire. Si quelques unes de ces Machines paroissent poussées à un haut degré de perfection, d'autres ne semblent qu'ébauchées. Plusieurs pourroient paroître inutiles ou nuisibles, si nous en jugions par nos seules connoissances, & si nous ne supposions pas déja que c'est un Etre tout sage & tout puissant qui les a mises dans l'Univers.
 
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