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qu’il a déjà télégraphié et écrit à notre sujet au gouverneur de Blagovechtchensk et au gouverneur général de la Transbaïkalie. C’est avec plaisir que nous nous chargeons de quelques commissions du général et de Mme Kakourine pour le colonel et Mme Poutiata, en ce moment à Saint-Pétersbourg. Nous prenons congé de nos hôtes et retournons à bord dans leur voiture, sous un véritable déluge.

Le fidèle Hane était couché en travers de la porte de notre cabine, le samovar tout prêt pour le cas où nous aurions besoin d’eau bouillante.

22 juin. — Le temps est couvert, mais il ne pleut pas : sortons vite pour faire quelques photographies. Je prends une voiture d’un modèle assez curieux et qui se trouve presque partout en Sibérie. Elle se compose d’une double banquette sur laquelle on est assis comme sur l’impériale des omnibus en France, dos à dos : ce n’est pas commode pour causer. Je veux aller sur la montagne derrière le village chinois qui est le long de l’Oussouri. La route est abominable. Le cheval s’abat et nous sommes obligés, Hane et moi, de mettre pied à terre dans la boue.

À 9 heures et demie, les voyageurs de pont commencent à affluer. Il y en a de toutes descriptions. Beaucoup sont chargés d’un paquet contenant quelques guenilles. D’autres n’ont que les vêtements qu’ils portent sur eux. L’animation est extrême dans la rue circulaire aux boutiques. Les piles de pains et de saumons, les rangées de bouteilles de lait disparaissent comme par enchantement.

C’est que non seulement nous allons appareiller, mais l’Alexis, bateau. de notre compagnie, beaucoup plus petit que le Mouravieff Amourski, est arrivé de Blagovechtchensk dès hier matin, et va partir un peu après nous pour Nikolaïevsk. Il a aussi des passagers. Il a apporté les malles d’Europe, et les lettres ne sont pas encore distribuées ! Le public subit ces lenteurs sans en approfondir les raisons.

PÊCHE AUX ESTURGEONS[1] (PAGE 234).

Bientôt le pont est encombré au delà de toute expression. Les amis de ceux qui partent sont venus leur dire adieu : les larmes se mêlent aux baisers. Le plus affairé de tous, celui qui serre le plus de mains, c’est Thi-Feng-T’ai. La popularité dont il jouit semble être universelle, car il est choyé par tout le monde. Il me présente deux Chinois qui vont à Blagovechtchensk, où se trouve leur maison de commerce.

Nous voyons arriver le général Arsenieff avec sa femme et sa fille. Ils ont tenu à ce que nous ne fussions pas les seuls à ne pas serrer une main amie en quittant Habarovka. Nous sommes très touchés de cette démarche. Il a, lui aussi, télégraphié au général Popoff, gouverneur de Blagovechtchensk, auquel il doit prochainement succéder.

Bientôt nous partons : les mouchoirs s’agitent, les chapeaux se lèvent. Au bout de quelques minutes, nous ne distinguons plus les personnes, mais nous voyons toujours les signes d’adieu. Nous continuons à apercevoir pendant longtemps la triple colline sur laquelle la ville est assise, magnifique position stratégique qui commande et l’Amour et l’Oussouri, et d’où l’on pourrait facilement foudroyer l’envahisseur assez téméraire pour y envoyer des navires.

Ai-je dit que Habarovka (écrit d’ordinaire Khabarovka) tire son nom du Cosaque Habaroff qui, à la tête de quelques aventuriers, fit une des premières expéditions sur l’Amour, en 1648 ?

Le fleuve est ici à 77 mètres au-dessus du niveau de la mer.


Charles Vapereau.


(La suite à la prochaine livraison.)

  1. Dessin de Th. Weber, gravé par Bazin.