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Nous avons été invités à dîner à toutes les heures depuis midi jusqu’à 7 heures. Il faut que l’estomac se fasse à cela. Aujourd’hui, par exemple, nous dînons à 3 heures chez le général Arsenieff et nous soupons à 7 heures chez le général Kakourine. Nous nous efforcerons de faire honneur, malgré le déjeuner qui nous est servi à bord à midi, aux deux esturgeons que l’on ne manquera pas de produire sur [a table dans ces deux maisons. Car l’esturgeon est le meilleur poisson de l’Amour. Ne pas en offrir serait manquer aux lois de l’hospitalité. Il est du reste excellent quand il est encore de très petite taille, c’est-à-dire quand il pèse sept ou huit livres seulement.

GUILIAKS[1] (PAGE 227).

Plusieurs maisons de Habarovka ont une sorte de terrasse couverte, remplie de fleurs, qui forme comme une annexe au salon. Cette terrasse-doit être garnie d’une double rangée de vitres pendant la saison froide et faire un jardin d’hiver. Maintenant nous sommes en été et c’est ici qu’on se réunit pour prendre le tchai, c’est-à-dire le thé, toujours accompagné d’une mince tranche de citron, et toujours exquis.

N’est-il pas superflu de dire que Mme Kakourine, elle aussi, parle très bien le français ? Nous ne sommes toutefois pas peu surpris d’apprendre que sa sœur a habité longtemps Tien-Tsin, que c’est la femme du colonel Poutiata, attaché militaire russe en Chine, que nous connaissons fort bien.

La maison où le général nous reçoit a été louée temporairement. La sienne est en réparation, et il nous propose d’aller la voir, en attendant le souper. Son véritable but était, j’en suis persuadé, de nous montrer deux tapisseries, deux merveilles dignes de trouver, un jour, une place dans un musée. Elles représentent, l’une les enfants d’Édouard, l’autre un lansquenet. Aucune description ne saurait donner une idée de la pureté du dessin, du choix des couleurs et de l’harmonie des tons. On dirait de vieilles tapisseries des Gobelins. Comment le général a-t-il pu découvrir ces deux chefs-d’œuvre d’art et de patience dans ces pays perdus ? La réponse fut bien simple : « C’est ma mère qui a fait ces deux tapisseries ».

Le général habite la Sibérie depuis de longues années. Il était en Transbaïkalie avant de venir à Habarovka. Il connaît donc merveilleusement le pays, et nous indique sur la carte de l’état-major les points les plus remarquables du voyage, et ceux également où il est particulièrement nécessaire de ne pas s’endormir par crainte des mauvaises rencontres. Il ajoute

  1. Gravure de Bazin, d’après une photographie de M. Ninaud.