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SUR DU GUESCLIN.

de Trougof ; il y commandoit les troupes françaises ; lui seul avoit dirigé toute l’expédition, dont il avoit concerté les préparatifs avec Charles V. Il avoit appelé près de lui ses anciens compagnons, qui avoient eu le temps de venir le joindre. Il n’auroit donc pu disposer à peine que de huit ou dix jours, pendant lesquels il seroit allé en Bretagne, s’y seroit marié, auroit été séduit par les charmes d’une vie tranquille, au point de vouloir sacrifier ses espérances de fortune, et abandonner une carrière qu’il avoit suivie avec tant de succès dès sa plus tendre jeunesse. Une pareille supposition est inadmissible. Quoique l’on n’ait aucun document positif à cet égard, on est plus disposé à croire, comme le disent d’autres chroniques, que Du Guesclin se maria en 1360, après le traité de Bretigny.

Il n’est pas inutile de faire observer que tous les anciens Mémoires s’accordent pour représenter Tiphaine Raguenel comme ayant de grandes connoissances en astrologie. On rapporte avec soin ses nombreuses prédictions ; on assure qu’elle avoit donné à Du Guesclin la note des jours où il ne pouvoit combattre sans éprouver de revers ; et l’on ne manque pas d’ajouter que les prédictions de Tiphaine furent confirmées à la bataille d’Auray. Ces traditions fabuleuses peignent l’esprit qui dominoit au quatorzième siècle, où l’astrologie étoit dans un tel honneur que Charles V, prince renommé par sa sagesse, par son esprit éclairé et par sa piété, avoit près de lui plusieurs astrologues auxquels il donnoit des gages considérables^[1].

1. L’un de ces astrologues étoit Thomas de Pisan, père de Christine, dont les Mémoires suivent ceux de Du Guesclin. Nous donnerons quelques détails sur lui dans la Notice qui précédera ces Mémoires.