« La pensée française des origines à la Révolution » : différence entre les versions

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Morelly, dans son Code de la nature (1755), se pose aussi le problème : l'homme naît bon naturellement. C'est l'organisation de la société qui le rend méchant. Comment dès lors la transformer de manière qu'il soit presque impossible que l'homme devienne méchant? La réponse à la question est celle-ci : tous nos maux viennent de la propriété privée. « Le monde est une table suffisamment garnie pour tous les convives, dont tous les mets appartiennent tantôt à tous, parce que tous ont faim, tantôt à quelques-uns seulement, parce que les autres sont rassasiés : ainsi personne n'en est absolument le maître, ni n'a droit de prétendre l'être. » Qu'on supprime donc la propriété, qu'on fasse des lois conformes à la Nature et le monde sera heureux. Et nous voyons apparaître au début du Code de la Nature ce qui sera le principe du socialisme : « de chacun suivant ses capacités, à chacun selon son travail ». Et Babeuf se revendiquera hautement devant ses juges du Code de la Nature.
 
De même Mably (1709-1785) considère les lettres, les sciences, les arts, l'industrie même, comme des éléments de corruption et de décadence. Trois maux menacent les peuples riches et heureux le despotisme, l'anarchie et les conquêtes. Le communisme est le remède à cet état de ruine sociale, les différences entre les hommes n'étantpas essentielles à leur nature, mais susceptibles d'être atté-nuées, sinon abolies par une éducation uniforme. C'est que, comme nous l'a montré Marx, « il n'est pas besoin d'unegrande sagacité pour constater que le matérialisme dans ses théories de la bonté originelle et des mêmes dons d'intelligence chez les hommes, de la toute-puissance de l'expérience, de l'habi-tude, de l'éducation, de l'influence des circonstances extérieures, de la haute importance de l'industrie, des mêmes droits à la jouis-sance, etc., se rattache nécessairement au communisme et au socia-lisme ».
De même Mably (1709-1785) considère les lettres, les sciences, les arts, l'industrie même, comme des éléments de corruption et de
 
 
** '''Les physiocrates'''
 
D'ailleurs, l'étude de l'économie du pays, de la façon dont se créent ses richesses, devait faire des progrès considérables grâce aux physiocrates, dont les principaux sont le docteur Quesnay (1694-1774) et Turgot (1727-1781). « C'est aux physiocrates, nous dit Marx, que, dans la société bourgeoise, revient l'honneur d'avoir avoir analysé le capital. Et cela fait d'eux les véritables créateurs de l'économie moderne. » La France était un pays essentiellement agricole et, par ailleurs, nulle part l'exploitàtion n'apparaît plus clairement que dans l'agriculture : on y voit immédiatement que la somme des aliments que l'ouvrier consomme est inférieure à la somme de ce qu'il produit, alors que dans l'industrie l'ouvrier ne produisant pas directement ses moyens de subsistance, la chose n'est pas aussi évidente. Ils en concluent que l'agriculture est la source de toutes les nouvelles richesses (c'est de là qu'ils tirent leur nom, « physiocrates » signifiant ceux qui reconnaissent la supré-matie de la nature) et que l'industrie par exemple ne crée pas de richesses, mais transforme seulement celles créées par l'agriculture. Les conséquences vont en être nombreuses : puisque c'est de la pro-priété foncière que partent toutes les richesses, tout l'impôt doit lui incomber ; l'industrie doit échapper à tout impôt et par suite â toute intervention de l'Etat, d'où la maxime « Laissez faire, laissez passer ». Par ailleurs faut encourager l'agriculture, en perfectionner la technique. De nombreuses Sociétés d'Agriculture se créent un peu partout en province. ParmeYZtier introduit la cul-ture de la pomme de terre. Marx a toujours mis en avant l'apport considérable de l'école des physiocrates à, l'économie politique : « Dans le premier tiers du XVIII" siècle, dans la période d'enfance de l'économie politique... ce fut sans discussion l'idée la plus géniale dont l'économie politique soit redevable jusque-là. » C'est par là que l'économie politique marxiste apparaît comme le développement conséquent des recherches des physiocrates, de même que la philo-sophie marxiste représente le développement conséquent du maté-rialisme des encyclopédistes, avec lesquels d'ailleurs les physiocrates étaient liés.
Il est difficile d'imaginer l'effervescence d'idées, le bouillonnement intellectuel de cette époque où se préparait une grande révolution