« La pensée française des origines à la Révolution » : différence entre les versions

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** '''L'[[w:Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers|Encyclopédie]]'''
 
Tout ce grand mouvement d'idées devait se couronner par l'Encyclopédie. Les matérialistes français ne limitèrent pas leur çritique aux questions de croyance religieuse ; ils l'étendirent à toutes les traditions scientifiques, ou à toutes les institutions politiques qu'ils rencontraient, et, pour justifier les prétentions de leur doctrine à une application universelle, ils prirent par le plus court, et l'appliquèrent hardiment à tous les sujets du savoir, dans le travail géant qui leur donna son nom : l'Encyclopédie. Des libraires de Paris voulaient publier une traduction d'un dictionnaire anglais. Diderot, à qui ils s'adressèrent, accepta, mais les décida à publier un dictionnaire beaucoup plus étendu, qui futfût un vaste dictionnaire raisonné des connaissances humaines. Il rassembla des collaborateurs en grand nombre, s'associa avec d'Alembert qui écrivit le « Discours préliminaire à l'Encyclopédie », qui reste un des exposés les plus saisissants du mouvement d'idées qui enthousiasmait le public et dont la grande Révolution Française devait être l'accomplissement dans les faits. Le premier volume parut en 1751, mais les idées disséminées dans l'ouvrage inquiètent : au premier prétexte, l'Encyclopédie est condamnée et les deux premiers volumes sont supprimés par arrêt du Conseil d'Etat, en 1752. Mais une partie importante des gens instruits prenaient parti pour les nouvelles idées, le Directeur de la Librairie, Malesherbes en particulier, qui n'ordonna les perquisitions qu'après qu'on eût caché chez lui les manuscrits. L'impression se poursuit de façon plus ou moins clandestine. En 1759, nouvelle condamnation, qui prescrit à l'éditeur de rembourser les souscripteurs à l'ouvrage : aucun ne se présente. Les collaborateurs de Diderot : d'Alembert, Jean-Jacques Rousseau abandonnent l'entreprise, craignant pour leur liberté. Diderot s'obstine : il veut terminer l'oeuvre entreprise et il la terminera, en dépit des défections, en dépit aussi de la trahison de son éditeur qui, à son insu, mutilait les articles jugés par lui trop dangereux. Les volumes continuent à s'imprimer clandestinement et, en 1766, seize ans après le début de l'entreprise, l'impression est achevée. On indiqua sur la page du titre Neuchâtel comme ville d'impression, et les souscripteurs de Paris durent aller chercher leurs volumes aux environs. Après cela, l'« Encyclopédie » put se vendre et se lire sans obstacles. Elle comprend trente-trois volumes, dont onze volumes de planches.

Peu d'ouvrages eurent un succès aussi retentissant : l'Encyclopédie devint la base de toutes les bibliothèques. Le roi Louis XVI lui-même l'acheta. On la lisait le soir à haute voix. Elle devait comme l'a dit Diderot, contribuer à « changer la façon commune de penser ». Sans doute un grand nombre de précautions de langage étaient-elles nécessaires. Nous venons de voir les difficultés continuelles qui s'opposèrent à l'édition de l'Encyclopédie et dont seule l'énergie inflexible de Diderot, deux fois emprisonné, devait triompher. En 1768 un colporteur était condamné cinq ans de galères, et sa femme à être enfermée à vie pour avoir vendu le Christianisme dévoilé (d'Holbach) et l'Homme aux quarante écus (de Voltaire).
 
** '''Les précurseurs de l'histoire scientifique'''