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et capable de subir la domination illimitée d’une femme. Avec cela, il est cynique, railleur, sceptique, positif, matérialiste en paroles, à effrayer et à scandaliser quiconque ne sait pas sa vie intérieure et les secrets de son ménage. Il est comme ses poésies, un mélange de sentimentalité des plus élevées et de moquerie la plus bouffonne. C’est un humoriste comme Sterne et comme mon Malgache[1]. Je n’aime pas les gens moqueurs, et pourtant j’ai toujours aimé ces deux hommes-là. Je ne les ai jamais craints et jamais je n’ai eu à m’en plaindre. C’est qu’ils ont la langue et la main promptes à la satire pour les méchants travers qu’ils rencontrent, ils ont cet autre côté poétique et généreux qui rend leur âme sensible à l’amitié et à la droiture. Il y a des gens fort bêtes dont je crains beaucoup la langue, mais je crois que le véritable esprit n’est jamais méchant qu’avec les méchants.

Vraiment, j’ai bien plus peur de cette maigre et pointue mijaurée que… a prise pour femme[2].

Et après ces mots viennent dans le Journal de Piffoel des esquisses à la plume de trois « amies » — Mmes Didier, Delphine de Girardin et d’Agoult — presque féroces et traîtreusement amicales comme les dames seules sont capables d’en faire, et un portrait non moins piquant, quoique au fond sympathique, de Mme Hortense Allart, que nous ne donnons pas ici non plus ; nous reparlerons de tous les quatre à l’occasion d’Horace.

Il est fort curieux à noter que Heine répète presque textuellement ce « je ne l’ai jamais craint » à l’adresse de George Sand, dans son livre De l’Allemagne, lorsque en s’étendant sur le « danger que présentent les femmes, et surtout les femmes auteurs et enfin, en particulier, les femmes auteurs qui ne sont pas jolies », il dit d’abord et comme toujours avec une gouaillerie assez équivoque : « Je dois toutefois remarquer immédiatement que les femmes auteurs françaises contemporaines les

  1. Jules Néraud.
  2. Sainte-Beuve annonçait à ses amis M. et Mme Olivier, au printemps de 1839, que « Didier se mariait… avec une amie de Mme Sand », une demoiselle belge, « bien posée dans le monde et ayant quelque fortune et encore plus d’espérances ». (Cf. Correspondance inédite de Sainte-Beuve avec M. et Mme Juste Olivier, p. 153.)