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Je ne prétends pas dissimuler ce qui s’est dit sur M. de Villarceaux
Je ne prétends pas dissimuler ce qui s’est dit sur M. de Villarceaux ^ parent et de même maison que Mme de Montchevreuil. Si c’est par lui que cette liaison s’est formée, elle ne décide rien contre Mme de Maintenon, puisqu’elle n’a jamais caché qu’il eût été de ses amis. Elle parla pour son fils, et obtint le cordon bleu pour lui ; on voit même encore à Saint-Cyr une lettre écrite à Mme de Villarceaux, où elle fait le détail de l’entrée du roi à Paris après son mariage, dans laquelle elle parle de ce même iM. de Villarceaux, et voici ce qu’elle en dit : « Je cherchai M. de Villarceaux, mais il avait un cheval si fougueux qu’il était à vingt pas de moi avant que je le reconnusse : il me parut bien et des plus galamment habillés, quoique des moins magnifiques; sa tête brune lui seyait fort bien, et il avait fort bonne grâce à cheval. »
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Cet endroit était délicat à traiter ; il est certain que Mme Scarron avait enlevé à Ninon Villarceaux son amant. J’ignore jusqu’à quel point M. de Villarceaux poussa sa conquête ; mais je sais que Ninon ne fit que rire de cette infidélité, qu’elle n’en sut nul mauvais gré à sa rivale, et que Mme de Maintenon aima toujours Ninon.
</ref> parent et de même maison que Mme de Montchevreuil. Si c’est par lui que cette liaison s’est formée, elle ne décide rien contre Mme de Maintenon, puisqu’elle n’a jamais caché qu’il eût été de ses amis. Elle parla pour son fils, et obtint le cordon bleu pour lui ; on voit même encore à Saint-Cyr une lettre écrite à Mme de Villarceaux, où elle fait le détail de l’entrée du roi à Paris après son mariage, dans laquelle elle parle de ce même iM. de Villarceaux, et voici ce qu’elle en dit : « Je cherchai M. de Villarceaux, mais il avait un cheval si fougueux qu’il était à vingt pas de moi avant que je le reconnusse : il me parut bien et des plus galamment habillés, quoique des moins magnifiques; sa tête brune lui seyait fort bien, et il avait fort bonne grâce à cheval. »


Cependant quelque persuadée que je sois de la vertu de Mme de Maintenon, je ne ferais pas comme M. de Lassay, qui, pour trop affirmer un jour que ce qu’on avait dit sur ce sujet était faux, s’attira une question singulière de la part de madame sa femme, fille naturelle de Monsieur le Prince. Ennuyée de la longueur de la dispute, et admirant comment monsieur son mari pouvait être autant convaincu qu’il le paraissait, elle lui dit d’un sang-froid admirable: Comment faites-vous, monsieur,pour être si sûr de ces choses-là ? Pour moi, il me sutlit d’être persuadée de la fausseté des bruits désavantageux qui ont couru, et d’en avoir assez dit pour montrer que je ne les ignore pas.
Cependant quelque persuadée que je sois de la vertu de Mme de Maintenon, je ne ferais pas comme M. de Lassay, qui, pour trop affirmer un jour que ce qu’on avait dit sur ce sujet était faux, s’attira une question singulière de la part de madame sa femme, fille naturelle de Monsieur le Prince. Ennuyée de la longueur de la dispute, et admirant comment monsieur son mari pouvait être autant convaincu qu’il le paraissait, elle lui dit d’un sang-froid admirable:
''Comment faites-vous, monsieur, pour être si sûr de'' ''ces choses-là ?'' Pour moi, il me suffit d’être persuadée de la fausseté des bruits désavantageux qui ont couru, et d’en avoir assez dit pour montrer que je ne les ignore pas.


Mlle de Lowestein, depuis Mme de Dangeau... est de la maison palatine. Un de ses ancêtres, pour n’avoir épousé qu’une simple demoiselle, perdit son rang, et sa postérité n’a plus été regardée comme des princes souverains; mais MM. de Lowestein ont toujours porté le nom et les armes delà maison Palatine, et ont été depuis comtes de l’empire et alliés aux plus grandes maisons d’Allemagne.
Mlle de Lowestein, depuis Mme de Dangeau... est de la maison palatine. Un de ses ancêtres, pour n’avoir épousé qu’une simple demoiselle, perdit son rang
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Il ne perdit point son rang de prince, mais ses enfants n’en purent jouir, faute d’un diplôme de l’empereur,
</ref>, et sa postérité n’a plus été regardée comme des princes souverains; mais MM. de Lowestein ont toujours porté le nom et les armes delà maison Palatine, et ont été depuis comtes de l’empire et alliés aux plus grandes maisons d’Allemagne.


La signature de son contrat de mariage* causa d’abord quelques désagréments à madame sa femme. Madame la dauphine, surprise qu’elle s’appelât comme elle, voulut faire rayer son véritable nom ’; Madame entra dans ses
La signature de son contrat de mariage ''(a)'' causa d’abord quelques désagréments à madame sa femme. Madame la dauphine, surprise qu’elle s’appelât comme elle, voulut faire rayer son véritable nom
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Il y a une petite méprise ; M. de Dangeau avait fait énoncer, dans le contrat : de Bavière Lowestein ; on mit : Lowestein de Bavière.
1. Cet endroit était délicat à traiter ; il est certain que
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Mme Scarron avait enlevé à Ninon Villarceaux son amant. J’ignore jusqu’à quel point M. de Villarceaux poussa sa conquête ; mais je sais que Ninon ne fit que rire de cette infidélité, qu’elle n’en sut nul mauvais gré à sa rivale, et que Mme de Maintenon aima toujours Ninon.
''(a)'' Le contrat de mariage de M, de Dangeau et de Mlle de Löwestein.

</ref> ; Madame entra dans ses
2. Il ne perdit point son rang de prince, mais ses enfants n’en purent jouir, faute d’un diplôme de l’empereur,

3. Il y a une petite méprise ; M. de Dangeau avait fait énoncer, dans le contrat : de Bavière Lowestein ; on mit : Lowestein de Bavière,

Le contrat de mariage de M, de Dangeau et de Mlle de Löwestein.